Garantir des diplômes professionnels de qualité
Les partenaires sociaux ont trouvé un accord sur la question des examens de fin d’apprentissage. Malgré le coronavirus, pas question d’avoir des diplômes au rabais
Alors que les examens de fin d’apprentissage devaient se tenir entre avril et mai, la crise sanitaire liée au Covid-19 a tout chamboulé. A la suite de la fermeture des écoles, les partenaires de la formation professionnelle, à savoir le Secrétariat d'Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation, la Conférence suisse des offices de la formation professionnelle, l'Union patronale suisse, l'Union suisse des arts et métiers, l'Union syndicale suisse (USS) et Travail.Suisse, se sont réunis et ont identifié ce problème comme urgent. Après trois semaines de négociations, une solution a pu être adoptée le 9 avril, lors d’un Sommet national de la formation professionnelle extraordinaire de manière uniforme pour les 26 cantons et les 230 métiers concernés. «Sans diplôme, les jeunes professionnels auraient été pénalisés sur le marché du travail à la fin de l’été, explique Laura Perret, première secrétaire adjointe de l’USS ayant participé au groupe de travail. D’un autre côté, il fallait pouvoir assurer des diplômes de qualité, ayant une réelle valeur sur le marché du travail tout en préservant la santé des apprentis. D’autre part, pour éviter des inégalités de traitement, il a vite été clair qu’il fallait trouver une solution nationale.»
Les examens se déclinent en trois parties, deux scolaires et une pratique. Il a été convenu de renoncer aux examens scolaires et de se fonder sur les notes déjà acquises. En revanche, pour la partie pratique, les apprentis devront montrer leurs capacités. Trois variantes sont proposées, parmi lesquelles les associations professionnelles devront choisir en fonction de la situation de la branche ou du canton.
Trois options
La première variante permettra de faire passer les travaux pratiques au sein de l’entreprise formatrice si elle est toujours en activité et que cela est possible, comme dans l’industrie des machines. La deuxième consistera à les organiser de manière centralisée, par régions, dans des lieux d’examens. «Le but est de regrouper les métiers plus rares, tout en respectant évidemment les consignes de l’Office fédéral de la santé publique», souligne Laura Perret. Enfin, la dernière variante sera appliquée aux métiers qui ne peuvent pas effectuer les examens pratiques, les consignes de sécurité ne pouvant être respectées. «Dans ces cas précis, il sera demandé aux responsables de formation de l’entreprise de donner une appréciation écrite sur les compétences de l’apprenti.»
Enfin, une clause d’exception a été intégrée afin que les cantons puissent intervenir et demander qu’on renonce aux examens pratiques dans certains cas en raison des conditions sanitaires.
Vigilance
L’USS se dit satisfaite de l’adoption de ce compromis, qu’elle a tout de suite soutenu. Deux craintes ont toutefois été soulevées. «Dans le cas de la troisième variante, nous nous sommes inquiétés du sort des jeunes qui pourraient avoir un conflit avec leur maître de stage, nous avons donc demandé une surveillance accrue pour cette année 2020 pour qu’il n’y ait pas de jugement arbitraire», informe la syndicaliste, qui confirme que les instances redoubleront de vigilance. Par ailleurs, pour les apprentis qui sont actuellement au front, notamment dans la santé ou le commerce de détail, les inquiétudes étaient aussi fortes. «Ils vont sans doute devoir travailler plus que d’habitude, seront fatigués, mis sous pression ou encore ne pourront pas suivre certains cours à distance de l’école professionnelle. Nous ne voulons pas qu’ils soient prétérités à cause de ces conditions inédites.» Là encore, il est fort probable que ce soit la variante 3 qui s’applique à tous ces secteurs tendus...