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La lutte paie pour trois grévistes

Les trois ouvriers non payés ont décidé de cesser le travail. Après trois jours et demi de grève, ils ont obtenu gain de cause sur ce chantier d’une fondation de Lancy et de caisses de pension.
© Olivier Vogelsang

Les trois ouvriers non payés ont décidé de cesser le travail. Après trois jours et demi de grève, ils ont obtenu gain de cause sur ce chantier d’une fondation de Lancy et de caisses de pension.

A Genève, trois poseurs de fenêtres ont croisé les bras pour réclamer des salaires et des vacances impayés. Déterminés, ils ont obtenu du maître d’ouvrage le paiement de leur dû

Encore une nouvelle victoire syndicale pour Unia! Le 21 février, trois travailleurs actifs dans la pose de fenêtres pour l’entreprise KRI SA se mettaient en grève sur leur chantier de Lancy (GE). «Les salaires de décembre 2023, janvier 2024 ainsi que des vacances 2022 et 2023 ne leur ont jamais été payés», rapporte José Sebastiao, secrétaire syndical Unia en charge du dossier. Au total, KRI SA, qui doit se soumettre aux obligations de la Convention collective du second œuvre romand (CCT SOR), doit plus de 32000 francs à ses employés. De son côté, le patron dit être dans l’incapacité de payer ses employés, car lui-même ne serait pas payé par les clients...

Après trois jours et demi de grève, les ouvriers finissent par obtenir gain de cause. «Nous avons d’abord pris contact avec la direction des travaux qui a fait expulser Unia du chantier et nous a interdit l’accès, explique le syndicaliste. Pour sortir de ce conflit, nous avons ensuite sollicité la direction du bureau d’architecte de ce chantier, qui est, soit dit en passant, la propriété de la Fondation communale immobilière de Lancy (FCIL) et de plusieurs caisses de pension gérées par Turidomus. Nous avons demandé une cession de créances qui a été acceptée.» La totalité de la somme réclamée par les salariés a été versée par le maître d’ouvrage, acompte qui sera déduit de la facture finale en faveur de KRI SA. La grève a pu être levée et les employés ont repris le chemin du travail. «Le courage et la détermination de ces trois ouvriers pour faire valoir leurs droits ont été exemplaires, insiste José Sebastiao. Malgré les pressions exercées par l’employeur, la tentative de couper les contacts entre Unia et les grévistes, ils n’ont pas flanché et la lutte a payé! Cette mobilisation montre que cela vaut la peine de se battre.»

Dossier encore ouvert

Le syndicat ne se réjouit pas trop vite, car à l’heure où nous mettions sous presse, le 6 mars, les travailleurs n’avaient toujours pas reçu leur salaire de février. «S’ils n’ont pas été payés, nous reviendrons à la charge», prévient le responsable syndical.

Par ailleurs, si trois ouvriers ont décidé de se mettre en grève, ils sont en réalité une dizaine à travailler pour KRI SA. «Le patron de KRI SA détient une entreprise en Lettonie qui fabrique des fenêtres: il les importe ensuite en Suisse et les pose ici, détaille José Sebastiao. Le hic, c’est que la plupart des employés sont Lettons ou Hongrois et ne parlent pas français. Nous avons donc eu du mal à en savoir plus sur leurs conditions de travail, jusqu’à ce qu’on tombe sur ces trois travailleurs d’origine française. A voir si cette grève fait effet boule de neige et motive les autres salariés à se mobiliser à leur tour...»

Autre gros problème, et pas des moindres: KRI SA affiche près d’un million de francs de charges sociales impayées au registre des poursuites. «Depuis 2022, ils n’ont pas payé la Suva, affirme le syndicaliste. Nous n’en avons donc pas fini avec cette entreprise et avons demandé aux instances paritaires de réaliser un contrôle.»

Ce qui continue de questionner Unia, c’est: comment est-ce possible de se voir attribuer autant de chantiers alors que l’entreprise croule sous les dettes?

© Olivier Vogelsang

 

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