Les points d’ancrage de l’échafaudage effondré en juillet 2024 auraient été mal contrôlés, selon la RTS. Par ailleurs, le chantier reste en partie bloqué.
Près de dix mois après l’effondrement de l’échafaudage de la tour Malley Phare, en construction à Prilly, près de Lausanne, de grandes incertitudes planent encore sur cette tragédie. Marchant sur des œufs à la suite de cet accident qui a fait trois morts et onze blessés (donc cinq graves) le 12 juillet 2024, les principaux acteurs du dossier ne s’expriment dans les médias qu’avec une extrême prudence, voire pas du tout. C’est qu’on ignore encore les causes de ce dramatique effondrement. L’enquête pénale suit son cours, mais le Ministère public vaudois n’en laisse rien filtrer pour l’instant. Ses conclusions devraient être connues d’ici à l’été.
Dans l’émission Temps Présent du 1er mai, il est toutefois fait état d’une possible négligence dans la vérification des points d'ancrage de l'échafaudage, selon des sources proches du dossier et selon des documents que la RTS s’est procurés. D’après ceux-ci, le procureur Eric Mermoud aurait dans son viseur l'entreprise d'échafaudages Roth et les entreprises générales JPF et Perspectives Construction, en charge des travaux. Mais le magistrat aurait aussi demandé à la Suva tous les rapports des inspections du chantier ayant précédé la catastrophe. L’assureur accidents national, qui réalise près de 10000 contrôles par an, admet dans le reportage de Temps Présent qu’il ne peut pas effectuer d’examens exhaustifs de chaque détail d’un chantier, surtout quand il est aussi vaste que celui-ci.
Unia questionne le rôle de la Suva
Le rôle de la Suva est également questionné par Unia, puisque dans cette affaire, elle porte à la fois les casquettes d’assureur, de contrôleur des mesures de prévention des accidents et de maître d’ouvrage du chantier. Une potentielle source de conflit d’intérêts, selon le syndicat, même si la Suva assure que ces différentes prérogatives sont clairement séparées en son sein et qu’elle ne s’occupe pas elle-même de l’exécution des travaux.
Tout cela explique sans doute pourquoi la prudence reste de mise et pourquoi, alors qu’un nouvel échafaudage a été installé en janvier, les ouvriers ne sont toujours pas autorisés à l’utiliser, comme l’a relaté le quotidien vaudois 24 heures. La reprise du chantier à 100% était espérée en février, mais les trois experts chargés d’évaluer le nouvel échafaudage – celui de l’entreprise Roth Echafaudages, celui de la Suva et celui du consortium Perspectives Construction et JPF Construction – n’ont pas encore tous donné leur feu vert. Or, leur décision d’avaliser l’installation doit être unanime.
Selon Jean-Luc Alt, porte-parole de la Suva, les trois experts travaillent en étroite collaboration. «La situation est toutefois complexe, compte tenu du fait que les causes ne sont pas connues. Les experts doivent définir ensemble des mesures optimales pour assurer la sécurité des travailleurs lors de la reprise des travaux de construction sur les échafaudages de façade.» L’activité a cependant pu reprendre dans les parties intérieures du bâtiment de 15 étages, qui doit à terme comprendre 96 appartements.