Les techniciens du bâtiment jouiront de la préretraite dès 2028
Le nouveau régime de préretraite sera au bénéfice de près de 24000 travailleurs et travailleuses en Suisse.
L’accord signé par les partenaires sociaux récompense la forte mobilisation des ouvriers et parachève la validation de la nouvelle CCT.
Il y a des franges de métiers, dans le monde complexe des métiers du bâtiment, où les nouvelles sont bien meilleures que celles venant du gros œuvre. Pour une convention nationale qui peine à être renouvelée dans ce dernier secteur – les positions entre syndicats et patronat campent aux antipodes – une autre, celle concernant la branche des techniques du bâtiment, s’achève favorablement, avec la ratification d’un point crucial, concernant le régime de préretraite. L’organisation patronale suissetec et les syndicats Unia et Syna ont signé un accord qui marquera les esprits, et qui transforme de manière favorable l’accès à la vie post-professionnelle des ouvriers concernés.
Le nouveau dispositif concernera près de 24000 travailleurs et travailleuses et il sera opérationnel, pour ce qui est de son financement, dès le 1er janvier 2027, tandis que son application concrète interviendra dès 2028. La mesure-phare, pour celles et ceux qui le souhaitent et qui auront atteint l’âge de 60 ans, prévoit, de réduire progressivement l’activité professionnelle ou de jouir d’une rente de préretraite à pleine prestation dès l’âge de 62 ans et six mois. Pour pouvoir bénéficier de cette disposition, il faut néanmoins que les salariés en question aient travaillé dans la branche pendant 15 ans au moins, dont les derniers 7 ans de manière consécutive. Les personnes qui décideront d’emprunter cette voie percevront par ailleurs une rente de préretraite jusqu’à l’âge de la retraite AVS. A relever enfin que le financement, opérationnel dès 2027, sera reparti à la fois sur le salaire des employés, à hauteur de 0,8%, et des employeurs, qui apporteront 1%. L’accord concernera plusieurs corps de métier, touchant à la ferblanterie, l’enveloppe des édifices, les installations sanitaires, le chauffage, la ventilation, la climatisation et l’installation d’équipements solaires dans tout le pays. Sont exclus des nouvelles conditions les cantons de Genève, du Tessin, de Vaud et du Valais, qui appliquent déjà un modèle de préretraite.
Gagner en attractivité
Yannick Egger, coresponsable direction de secteur des Arts et Métiers chez Unia, salue l’aboutissement du processus ayant abouti à cet accord : «C’est le résultat d’une mobilisation qui s’est avérée payante, ayant débuté en 2022 déjà, lorsqu’on amorçait les négociations d’une CCT entrée en vigueur en 2025. Dans ce parcours, il y a eu un fait déterminant: ce fut la grande manifestation dans les rues de Zurich en 2023.» Désormais opérationnelle, la CCT de la branche prévoyait l’application du régime de préretraite adopté ces jours-ci. Il a fallu cependant approfondir à travers des études les aspects techniques et administratifs de ce dernier dispositif, avant de ficeler le tout et de le faire adopter par la conférence nationale de la branche.
Dans le communiqué de presse conjoint divulgué le 9 décembre, les partenaires sociaux soulignent l’importance de ce nouveau régime, qui contribuera à renforcer l’attractivité des métiers concernés, exigeants en termes de savoir-faire, et souvent pénibles pour les organismes. On rappelle également que «les métiers des techniques du bâtiment sont cruciaux pour la modernisation énergétique du parc immobilier en Suisse, qui est primordiale pour atteindre les objectifs climatiques.» Présidente d’Unia, Vania Alleva salue à son tour l’épilogue du combat mené par les syndicats. «Avec ce modèle, les salariées et salariés peuvent prendre leur retraite dans la dignité après une vie de dur labeur.»
Il faut préciser, enfin, qu’il n’y a aucun automatisme permettant de bénéficier des mesures du nouveau régime. Celles et ceux qui entendent jouir du dispositif doivent s’annoncer auprès de leur caisse Unia de référence une année avant la date de la possible préretraite.