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Les maçons genevois montrent les dents

GRèVE MAçONS
© Olivier Vogelsang

Pendant plus de trois heures de manifestation, les grévistes, déterminés, ont rejeté clairement une convention nationale au rabais qui revient sur leurs acquis.

Près de 2600 travailleurs de la construction ont pris la ville le 3 novembre pour exiger le respect et refuser le démantèlement de leurs conditions de travail.

Au bout du lac, les grévistes ont commencé à affluer dès 7h30 sur la Place Lise Girardin le matin du 3 novembre. Le jour vient de se lever, le soleil perce, les visages se défroissent. Une fois le petit déjeuner avalé, le coup d’envoi de la manifestation est donné. Il est 9h, le cortège s’élance, tambours battants. C’est devenu une tradition, les maçons prennent le Pont du Mont-Blanc. José Sebastiao, responsable du secteur à Unia Genève, se hisse sur la camionnette pour s’adresser à la foule. «Vous êtes d’accord de travailler 50 heures par semaine ? Vous voulez travailler le samedi ? Vous acceptez qu’on baisse les salaires?» A l’unisson, les quelque 2600 travailleurs de la construction présents selon les syndicats répondent par la négative. «Leur convention nationale moderne, ils peuvent se la garder, reprend le responsable syndical. On demande de la dignité et le respect des travailleurs!»

Une minute de silence est ensuite observée en hommage aux collègues décédés sur les chantiers suisses en 2025, une vingtaine en moyenne chaque année. Nico Lutz, responsable national de la branche pour Unia, rappelle qu’un maçon sur six a un accident de travail chaque année. «Vous faites un métier dur, dehors, sous la pluie, dans le froid et pendant la canicule. Qui a construit ce pont? C’est vous! Et vous êtes déjà beaucoup trop flexibles, avec des journées de travail trop longues qui empêchent d’avoir une vie familiale. Le stress est aussi toujours plus fort: ces dernières années, vous avez construit 20% de plus avec moins de personnel.»

Les Genevois, des privilégiés ?
Après 30 minutes sur le pont, les maçons redémarrent en direction du centre-ville. Rassemblés à l’appel des trois syndicats, Unia, Sit et Syna, les drapeaux flottent au rythme des tambours et des sifflets incessants. Les grévistes sont aussi bruyants qu’en colère, et c’est peu de le dire. Quelques fumigènes et autres pétards viennent pimenter la marche. Plusieurs arrêts sont marqués, notamment devant les associations patronales de la construction ou les chantiers actifs, sous les huées des manifestants. Pedro Leite, de Syna, dénonce le mépris de ces dernières. «Nous refusons la précarisation et l’exploitation des travailleurs. Si le patronat persiste, il portera à lui seul la responsabilité du vide conventionnel.» 

Le cortège aura immobilisé la ville de Calvin pendant plus de trois heures, pour finir sa course sous les fenêtres de la section genevoise de la Société suisse des entrepreneurs (SSE). Joao de Carvalho Figueiredo, le président de la région Unia Genève s’est saisi du mégaphone. «Nous ne sommes pas d’accord avec cette convention au rabais, elle n’a rien de moderne, au contraire c’est un retour de 70 ans en arrière.» La tension est à son comble, on sent toute la colère des grévistes qui explose. «Malgré les menaces et les pressions reçues ces deux dernières semaines par la SSE pour nous dissuader de nous mobiliser, nous sommes là et déterminés», a conclu le militant. Thierry Horner, du SIT, cite un article paru le matin-même dans la presse genevoise. «Le directeur de la SSE dit que vous avez les meilleures conditions de travail de Suisse et que vous êtes des enfants gâtés, c’est une honte! Il déclare que les entreprises luttent avec les maçons: c’est le monde à l’envers! Alors que les prévisions annoncent un manque de 30 000 travailleurs qualifiés d’ici à 2040, et au lieu d’améliorer l’attractivité de la branche, que proposent les patrons ? Une flexibilisation à outrance et une baisse des salaires!»

Rappelons qu’à Genève, sur les quelque 5200 employés de la construction, 1000 sont des temporaires. Et ce n’est qu’un début, dénoncent les syndicats, qui rappellent que les patrons veulent faire du travail intérimaire un modèle d’affaire.

Rassemblement romand
La manifestation s’est terminée au Parc Saint-Jean, avec un pique-nique géant, toujours au son des tambours. Mais la lutte est loin d’être achevée, les Genevois seront présents aujourd’hui, 4 novembre, à Lausanne pour la grande manifestation des maçons romands. Les syndicats espèrent quant à eux que la SSE reprendra ses esprits et reviendra sur sa position.

Une vidéo de Virginie Zimmerli. 

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