Jessica en sévère dépression
La psychologue de Jessica a évoqué les conséquences néfastes de l’environnement professionnel sur la santé de sa patiente.
Lors de la dernière audience, la psychologue de la plaignante a décelé un stress post-traumatique directement lié au harcèlement qu’elle a subi chez Five Guys. Récit.
Le 6 octobre se tenait une nouvelle audience dans l’affaire qui oppose Jessica (prénom d’emprunt) à son ancien employeur, Pastem SA, qui détient l'enseigne de fast-food Five Guys à Genève. Cette fois, c’est la psychologue de la plaignante, qu’elle consulte depuis septembre 2022, qui a été entendue par le tribunal. Celle-ci a dit constater une dépression assez sévère chez sa patiente, qu’elle liera très rapidement à son environnement professionnel. «A mesure qu’elle se livrait sur le harcèlement subi, j’ai pu déceler un état de stress post-traumatique, avec comme déclencheur l’agression sexuelle dans la voiture par son collègue, témoigne la professionnelle. Elle était en alerte constante, assaillie de pensées, d’angoisses et de rêves, comme si elle revivait constamment ce qu’elle avait vécu.»
Les avocates de Jessica ont ensuite pu questionner les représentants de Pastem SA. La directrice du restaurant de Cornavin, en place depuis janvier 2020, confirme avoir eu connaissance du courrier d’Unia informant de cas de harcèlement sexuel. «J’ai été surprise du contenu, car aucun employé ne m’avait parlé de tel comportement. De là, nous avons mis en place le protocole contre le harcèlement avec un numéro de contact externe invitant le personnel à s’exprimer, car nous n’avons jamais su qui, ni quoi ou comment, donc il était difficile d’agir à l’aveugle.»
Quand Jessica demande de ne plus travailler avec certains collègues, la directrice s’exécute et adapte les plannings, sans chercher à en savoir plus. Une fois les faits de harcèlement révélés, cette dernière ne verra pas l’utilité d’en informer ses supérieurs ni les ressources humaines. Aucune enquête interne ne sera menée, et la direction n’entendra jamais parler de la personne de confiance externe mise à la disposition du personnel.
Le directeur admet avoir été entendu par un avocat externe concernant un «quiproquo» avec une autre employée: «J’ai surpris cette dernière en train de fouiller dans mon carnet de notes. Je lui ai dit, avec le sourire, que la prochaine fois, je lui couperai le doigt. Elle a rapporté que je l’aurais menacée de lui couper le doigt et de la violer. Elle a été convoquée et a admis qu’elle avait mal compris, on en est restés là.» Abasourdi, le président commente la gravité des accusations, à savoir une menace de viol. «Ce n’est pas anodin, vous lui avez mis un avertissement?» «Non, répond le directeur. Pourquoi aurais-je fait cela?» L’audience est levée, laissant la Cour bouche bée.