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La santé à bout de souffle

pancarte soignants épuisés
© Thierry Porchet

L’Alliance des professions de la santé, dont Unia fait partie, appelle à une large manifestation nationale le 22 novembre.

«Assez de temps perdu.» Lors d’une conférence de presse le 18 septembre, l’Alliance des professions de la santé, qui regroupe une large coalition d'organisations syndicales et d'associations du personnel, a convié les soignants et le grand public à une manifestation nationale le 22 novembre à Berne, sous le slogan «Couverture en soins: la santé, c’est nous, pour vous». Les revendications sont multiples, à savoir réclamer une couverture en soins sûre, de meilleures conditions de travail pour un personnel usé et, enfin, la mise en œuvre effective de l’initiative sur les soins avec un financement solide, acceptée il y a déjà quatre ans.

Cadences intenables

Selon les organisations syndicales et professionnelles, la situation dans les hôpitaux, les EMS et les soins à domicile est de pire en pire: manque de personnel, surmenage, épuisement, taux de rotation qui explose, désertion de la profession et atteintes à la qualité des soins. Témoignages à l’appui, infirmières et aides-soignantes ont dénoncé des cadences intenables et des dilemmes face à l’impossibilité d’assurer un accompagnement digne des patients. «Le manque de personnel nous confronte quotidiennement à des défis éthiques, souligne Monika Antenen, aide-soignante dans un EMS et membre d’Unia. Nous sommes en général 5 pour 25 résidents par service. C'est insuffisant: il faut du temps pour assurer des soins et un accompagnement de qualité, surtout en présence de personnes âgées et plus encore en face de personnes souffrant de démence. On ne peut pas assurer des soins de qualité en travaillant à la chaîne. Sinon nous ne serions pas à la hauteur des besoins de nos résidents.»

Dans les soins à domicile, c’est la même chanson. «La méthode de calcul prévoit l’enregistrement du temps consacré à chaque acte et notre travail est strictement minuté, explique Marie-Odile Heim, infirmière dans une organisation privée de soins à domicile.

Parfois, nous y arrivons. D’autres fois, c’est impossible, à moins de nous transformer en machines insensibles. J'estime que nous maltraitons nos patients si nous respectons strictement les temps prescrits par nos outils de planification.»

Docs sur les rotules

Les conditions de travail difficiles aggravent la pénurie de personnel, non seulement pour le personnel infirmier mais aussi pour les médecins assistants et les chefs de service, ajoute le communiqué de presse de l’Alliance. «A cause de la situation dans les hôpitaux, la loi sur le travail n’est plus respectée: les médecins se sentent de plus en plus épuisés, il ne reste plus de temps pour la formation continue, le bien-être des patients est mis en danger et les jeunes médecins se demandent si ce métier leur convient», soulève Philipp Thüler, responsable politique et communication de l’Association suisse des médecins assistants et des chefs de clinique, qui pointe le risque d’une couverture sanitaire compromise pour l’ensemble de la population.

Explosion des besoins

Et le pire reste à venir… «La situation est critique, mais l'évolution démographique va encore aggraver les problèmes, insiste Enrico Borelli, coresponsable du secteur des soins chez Unia. Il suffit de penser que d'ici à 2040, les besoins en matière de soins de longue durée augmenteront de 43%. Cela correspond à 626 nouvelles maisons de retraite et à 6 millions d’heures supplémentaires de travail à consacrer aux services d'aide et de soins à domicile. Ces chiffres devraient nous faire réfléchir et imposent une prise de responsabilités claire de la part des autorités politiques.»

Projet insuffisant

En décembre, le Parlement doit se prononcer sur la nouvelle loi fédérale sur les conditions de travail dans le domaine des soins infirmiers (LCTSI). Mais le projet présenté par le Conseil fédéral est jugé «insuffisant» et «en contradiction directe avec l’initiative populaire», car il ne prévoit ni renfort en personnel ni financement adapté. L’alliance attend des conseillers nationaux qu’ils revoient urgemment leur copie.

«Les autorités politiques doivent enfin agir pour favoriser de meilleures conditions-cadres, revendique Enrico Borelli. Car la question de la santé et des soins concerne chaque citoyen et devrait donc constituer une priorité de l'agenda politique.»

Faute d’améliorations rapides, l’alliance craint que la Suisse puisse voir disparaître des services essentiels comme la pédiatrie, les soins à domicile ou la médecine générale dans certaines régions. 

La grogne s’invitera donc dans la rue, le 22 novembre prochain. Rendez-vous lors duquel l’Alliance des professions de la santé entend rappeler l’urgence: pas de couverture en soins fiable sans de bonnes conditions de travail pour celles et ceux qui s’en occupent au quotidien!

 

Toutes et tous à la manifestation des soins! 

Le samedi 22 novembre, à 14h15, sur la place Fédérale.

Transport gratuit, infos et inscriptions sur:

Annoncez votre participation à la manifestation ici.

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