Lutter contre les bas salaires des femmes, c’est lutter pour l’égalité

Le salaire minimum genevois a été efficace dans la lutte contre le pauvreté: avant la votation, 10,7% des femmes gagnaient moins de 4000 francs contre 3,3% deux ans plus tard, souligne un nouveau rapport d'Unia.
Dans son dernier rapport, Unia révèle que les femmes sont particulièrement touchées par les bas salaires et qu’elles gagnent toujours moins que les hommes. Toutefois, l’engagement syndical a des effets positifs.
Le syndicat Unia a présenté les conclusions de son dernier rapport sur les salaires des femmes le 10 juin lors d’une conférence de presse à Berne. Il en ressort qu'il existe encore de grandes inégalités salariales entre les femmes et les hommes et que ces premières sont beaucoup plus touchées par les bas salaires. Les chiffres sont sans appel: 20% des femmes gagnent un bas salaire en Suisse, soit deux fois plus que les hommes. Chez les femmes migrantes, cette proportion atteint même près de 30%. Dans les secteurs et les professions où les femmes sont nombreuses, les salaires sont aussi particulièrement bas. «On accorde en effet moins de valeur au travail des femmes qu'à celui des hommes, commente Vania Alleva, présidente d’Unia. Pourtant, l'économie et la société ne fonctionneraient pas sans ce travail qualifié d’essentiel il n'y a encore pas si longtemps. La Suisse ne fonctionnerait pas sans le travail de l'aide-soignante dans une maison de retraite, de l’éducatrice dans une crèche, de la vendeuse dans un supermarché, de la nettoyeuse et de la coiffeuse. Au sein d’une même branche, avec les mêmes conditions, les femmes continuent à avoir des salaires plus bas que les hommes.»
L’exemple genevois
Cela étant dit, le rapport met également en lumière l’effet positif de l’engagement syndical sur les salaires des femmes. En effet, depuis les années 1990, les syndicats suisses luttent systématiquement contre les bas salaires avec une devise claire: un salaire doit suffire pour vivre décemment.
Entre 1998 et 2014, deux grandes campagnes se sont succédées pour réclamer des salaires minimums de 3000 puis 4000 francs par mois. Grâce à ces batailles, la proportion de femmes touchant de bas salaires a diminué d'environ 15% à chaque fois. Si l’initiative nationale pour un salaire minimum de 22 francs de l'heure a échoué dans les urnes en 2014, le débat a quand même fait du chemin et trouvé son écho dans les entreprises.
L’exemple du salaire minimum cantonal genevois est particulièrement parlant, et les derniers chiffres le prouvent: les salaires minimums cantonaux améliorent sensiblement la situation des femmes. Effectivement, avant la votation de 2020, 10,7% des femmes à Genève gagnaient moins de 4000 francs. Deux ans après l'introduction du salaire minimum, elles n'étaient plus que 3,3%. Les hommes ne sont pas en reste puisque la part des salaires inférieurs à 4000 francs est passée de 5,1 à 2,1%. «L'exemple de Genève montre que les salaires minimums conduisent concrètement à de meilleurs salaires pour les femmes, reprend Vania Alleva. C’est une avancée importante. Mais il faut de bons salaires minimums sur tout le territoire, dans les conventions collectives de travail et dans la loi. Unia combattra résolument les attaques contre les salaires minimums légaux, comme celles qui menacent actuellement le Parlement avec la motion Ettlin.»
Toutes dans la rue!
Pour Unia, tant que les salaires ne seront pas équitables, il n’y aura pas d’égalité ! Le syndicat invite donc les femmes à se mobiliser en masse le 14 juin et à revendiquer les points suivants. D’abord, de bonnes CCT avec des salaires minimums équitables et en outre, davantage de salaires minimums légaux pour garantir le minimum vital pour toutes et tous.
Ensuite, Unia exige des salaires plus élevés pour les femmes, en particulier dans les branches à bas salaires. La présidente d’Unia détaille: « Les salaires dans les branches où la proportion de femmes est élevée doivent augmenter de manière substantielle. Tout le monde doit toucher un salaire juste pour son travail. Nous réclamons au moins 4500 francs par mois pour toutes et tous, et au moins 5000 francs après un apprentissage.»
Enfin, le syndicat demande le renforcement de la loi sur l'égalité en instaurant des analyses des salaires à l’échelle nationale et en prévoyant des sanctions pour les entreprises qui ignorent la loi sur l'égalité.
«La pression de la rue est nécessaire pour mettre fin aux attaques contre la réalisation de l'égalité dans les faits et pour enfin aller de l’avant concernant les salaires des femmes, conclut Vania Alleva. Le mouvement féministe est large et diversifié. Le 14 juin, nous le prouverons une fois de plus avec les collectifs féministes, en organisant des petites et grandes activités à travers toute la Suisse pour faire entendre les voix des travailleuses de différents secteurs.»