Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Les maçons valaisans enfoncent le clou pour la grève

Un maçon plante un clou dans un tronc de boi ssculpté.
© Olivier Vogelsang

Les maçons valaisans on voté pour la grève, mais pas en brandissant des bulletins de vote. Ils l’ont fait, à l’issue d’une manifestation animée et colorée, en plantant des clous dans la «matze», une tradition ancestrale.

Rejoignant leurs collègues des autres cantons, les travailleurs de la construction ont voté, par le biais du rituel local de la «matze», pour poser la truelle les 3 et 4 novembre.

Et un canton de plus! Après leurs collègues genevois, fribourgeois et vaudois, les maçons valaisans ont rejoint le mouvement de grève annoncé pour les 3 et 4 novembre dans toute la Suisse romande – et à d’autres dates dans le reste du pays. Mais ils ne se sont pas prononcés comme d’habitude dans les assemblées générales, en brandissant des bulletins de vote. Ils l’ont fait en plantant des clous dans la «matze», à l’occasion d’une manifestation unitaire, très animée et colorée, organiséele 11 octobre à Sion par l’Union syndicale valaisanne (USVs), Unia, le SSP, le SEV et Syndicom. En plus de défendre la cause des maçons, le rassemblement, auquel ont participé plusieurs centaines de personnes, avait pour but de dénoncer la dégradation des conditions de travail et la stagnation des salaires dans tous les secteurs.

En conclusion de ce cortège tonitruant, mené au son des tambours et des accordéons sous un soleil radieux, le clou du spectacle – c’est le cas de le dire – a été la levée de la matze. Il s’agit d’une tradition valaisanne remontant à plusieurs siècles. Cela consiste en un tronc d’arbre sur lequel on a sculpté un visage symbolisant un individu ou une institution, et dans lequel la population vient enfoncer des clous en signe de contestation. En l’occurrence, il fallait y voir le visage de la Société suisse des entrepreneurs (SSE) accusée de bloquer les négociations pour le renouvellement de la Convention nationale de la construction, motif du mouvement de grève nationale à venir.

«Les patrons ne lâchent rien»

«La SSE doit comprendre que c’est terminé!, a lancé au micro Blaise Carron, secrétaire régional d’Unia Valais. Elle ne peut pas demander toujours plus aux travailleurs, pour toujours moins de salaire. Nous sommes là pour montrer notre détermination à rejoindre le mouvement de grève des 3 et 4 novembre.» Sébastien, contremaître dans une entreprise de construction, a expliqué ce qu’est ce «toujours plus»: «C’est le stress permanent. Toujours produire, produire, produire, avec des délais pas possibles. Les patrons ne voient pas les efforts que nous fournissons. On aimerait être récompensés avec des augmentations de salaires pour compenser le renchérissement de la vie. Les primes maladie explosent, tout augmente, mais les patrons ne lâchent rien. S’il faut en venir au bras de fer, on le fera.»

Bien que ce soit la construction qui cristallise l'attention en ce moment, à cause des difficiles négociations en cours, le mécontentement gronde dans tous les secteurs. D'où cette manifestation unitaire. Les syndicats valaisans revendiquent, entre autres, une augmentation des salaires effectifs de 2 à 2,5% pour tous, pas de rémunérations inférieures à 4500 francs par mois (ou 5000 pour les personnes avec CFC) et la compensation automatique du renchérissement dans toutes les conventions collectives.

«La productivité ne cesse d’augmenter grâce aux efforts des salariés, pourtant, la richesse générée n’est pas équitablement redistribuée, a déploré Francine Zufferey, présidente de l’USVs et secrétaire syndicale à Unia Valais. Le Conseil national et certains patrons veulent davantage de flexibilité pour avoir des employés corvéables à merci. Nous estimons au contraire qu’il est prioritaire d’améliorer la conciliation entre vie professionnelle et vie privée. Les travailleuses et les travailleurs ne doivent pas être sacrifiés, ni économiquement par des salaires insuffisants, ni physiquement par des conditions de travail les mettant en danger.»

Tous les secteurs souffrent

Le tableau est le même partout, qu’il s’agisse des services, des soins, de l’industrie, de la construction, des transports ou encore de la fonction publique. «Pour avoir de bonnes prestations, il faut de bonnes conditions de travail», a remarqué Emmanuel Amoos, président du Syndicat des services publics (SSP) du Valais, qui a dénoncé les politiques d’austérité et pointé notamment des problèmes dans les domaines des soins et de la petite enfance. «Si l’Etat du Valais a pris des mesures pour améliorer la situation des infirmières et des infirmiers, et que nous avons obtenu la signature d’une convention collective de travail dans les soins de longue durée, beaucoup reste encore à faire. Le droit du travail n’est pas respecté dans de nombreuses organisations de soins à domicile, qui doivent absolument rejoindre cette CCT. Une convention collective est également nécessaire dans la petite enfance, où on note de grandes disparités d’une commune à l’autre, tant dans les salaires que dans les conditions de travail.»

Pour leur part, le SEV et à Syndicom ont dénoncé respectivement le démantèlement du réseau ferroviaire régional ainsi que les inégalités salariales entre le personnel des CFF et celui des petites lignes, la disparition des offices de poste et la délocalisation à l’étranger de compétences dans l’informatique et les télécommunications.

Avec cette manifestation, les syndicats ont défilé main dans la main pour réclamer que «les salariés et les salariées du canton soient enfin considérés à leur juste valeur!»

Pour aller plus loin

Les maçons romands en grève!

Manifestants avec des banderoles

Tous à Lausanne! Après les fortes mobilisations cantonales de lundi, les maçons de toute la Suisse romande convergent sur la capitale vaudoise pour la grande manifestation unitaire, point d’orgue de la grève dans cette partie du pays. Cela afin de protester contre l'échec des négociations en vue du renouvellement de la Convention nationale de la branche. Suivez les temps forts de cette journée avec l'Evénement syndical.

A La Chaux-de-Fonds, des maçons déterminés dans la grève

Manifestants avec banderoles

Dans la Maison du peuple puis dans les rues de la vie neuchâteloise, les travailleurs ont affiché leur fermeté face aux prétentions du patronat.

Les maçons bernois battent le pavé

action maçons berne

Environ 800 travailleurs de la construction ont manifesté le 31 octobre dans la capitale pour montrer leur détermination à tenir tête aux patrons de la branche.

Soutien massif des maçons à la grève

action maçons

Les négociations pour le renouvellement de la Convention nationale de la construction se sont achevées sans accord. Le bras de fer se durcit.