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En mode survie...

Bonnet blanc et blanc bonnet... En dépit des belles promesses faites ces dernières années, les entreprises textiles se moquent comme de leur première chemise de savoir si les fournisseurs partenaires versent une rémunération digne à leurs ouvriers. Voilà comment pourrait être résumée la dernière évaluation menée par Public Eye et la Campagne Clean Cloth qu’elle a lancée voilà plus de deux décennies dans nos frontières. L’ONG vient en effet d’interroger 45 entreprises. Les résultats – après l’analyse menée en 2014 – se révèlent pour le moins décevants. Du côté des enseignes helvétiques, seule la marque Nile indique qu’une part importante du personnel sur sa chaîne d’approvisionnement à l’étranger touche un salaire vital. Comprenez un montant qui permette de couvrir les besoins de base de l’employé et de sa famille tout en autorisant l’épargne d’un petit pécule. Histoire de pouvoir assumer, au besoin, des frais imprévisibles comme, par exemple, des soins dentaires ou une réparation urgente.

La mode toujours à l’exploitation. D’une saison à l’autre, les tendances se répètent et se ressemblent. Si la palette d’articles et de coloris se décline à l’infini ou presque dans nos rayons, un seul et unique modèle – le mot patron conviendrait aussi – préside à leur fabrication: une course effrénée au prix le plus avantageux. Les marques privilégient sans cesse les pays les meilleur marché, les producteurs les plus compétitifs. Dictent leur loi: volume, qualité, délais et, jouant la concurrence, pression sur les coûts sans se soucier des conséquences de leur stratégie sur les employés chargés de l’exécution des vêtements. Des travailleurs – dont une grande majorité de femmes – qui doivent, pour leur part, se serrer la ceinture, effectuer le plus souvent d’interminables journées de travail pour faire bouillir la marmite, survivre avec des salaires de misère. Non sans répercussions sur leur santé, leurs conditions de logement, sans oublier le risque de voir les enfants appelés à la rescousse et envoyés aussi au turbin...

Réagir, nous aussi. Les grandes enseignes auraient pourtant largement les moyens d’exiger le versement d’un salaire vital, elles qui brassent des millions de chiffres d’affaires et s’octroient des marges plus que généreuses. Plus de la moitié d’entre elles s’étaient d’ailleurs engagées à le faire. Force est de constater qu’il ne s’agissait là que de déclarations d’intention, de mots en l’air... Une manière d’éluder le problème. De préserver leur image tout en continuant à faire du profit sur le dos de dizaines de millions d’ouvrières confrontées à la précarité. Nous pouvons toutefois réagir et réclamer des comptes aux entreprises textiles; exiger davantage de transparence sur les chaînes d’approvisionnement; les interpeller dans ce sens, comme le suggère Public Eye qui lance une nouvelle campagne pour des salaires vitaux. Notre pouvoir, pour peu qu’on le prenne, nous permettra au final d’en découdre avec les enseignes qui ne tiennent pas leurs promesses et favoriser celles qui feront montre d’une fibre un rien plus solidaire.