Travailler un dimanche par mois? Les syndicats disent non

Unia s’oppose au projet, estimant qu’il nuirait encore davantage à la conciliation entre vie professionnelle et vie privée, dans une branche aux conditions de travail déjà difficiles.
Après la commission de l’économie du Conseil des Etats, celle du National vote aussi pour élargir l’ouverture des magasins douze dimanches par an.
Mauvaise nouvelle pour les vendeuses et les vendeurs, dont les conditions de travail sont déjà loin d’être enviables. Le projet d’élargir de quatre à douze dimanches par an la possibilité d’ouvrir les commerces sans avoir besoin d’une autorisation a franchi une étape supplémentaire au Parlement. Après la commission de l’économie du Conseil des Etats en octobre dernier, celle du National vient de voter en faveur de cette initiative du canton de Zurich. Le projet peut donc aller de l’avant, au grand dam des syndicats, qui promettent de le combattre, en dénonçant une atteinte à la santé et à la vie privée du personnel de vente.
Avec 15 voix pour, neuf contre et une abstention, le résultat du vote est toutefois un peu plus serré qu’il ne l’a été aux Etats, où dix sénateurs étaient favorables à cet assouplissement de la loi sur le travail, contre seulement deux qui y étaient opposés.
Unia déplore le fait que cette augmentation du travail dominical – déjà refusée par le peuple à plusieurs reprises – dégrade les conditions de travail du personnel de vente et sape la protection de sa santé. Pour le syndicat, la majorité de la commission «ignore la réalité suisse». «Aujourd’hui, de nombreux cantons ne font même pas usage des quatre ouvertures dominicales en vigueur», souligne-t-il dans un communiqué, avant de rappeler qu’une «écrasante majorité de près des trois quarts des votations sur les horaires d’ouverture des commerces se sont soldées par un rejet au niveau cantonal et communal». De plus, l’idée des douze dimanches ouverts, déjà proposée en 2021 dans le cadre de la loi sur le Covid, avait alors été rejetée tant par le Conseil des États que par le National.
Coresponsable du commerce de détail à Unia, Anne Rubin note que «cette branche est d’ores et déjà confrontée à une forte pression, à des plans de travail précaires, à des bas salaires et au manque de personnel». Pour elle, davantage de travail dominical ne ferait qu’aggraver cette pénibilité, et compromettrait la conciliation entre vie professionnelle et vie privée. Unia considère que la protection de la santé doit être renforcée, et non affaiblie: «Nous sommes dans une démarche claire de prévention du stress et du risque de burnout», confie Leena Schmitter, coresponsable du commerce de détail.
L’Union syndicale suisse dénonce de son côté une «attaque frontale contre les dimanches chômés» et «un bel exemple de tactique du salami», qui vise à introduire insidieusement, par petites étapes, le travail dominical dans toutes les branches et professions.