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Toutes et tous dans la rue pour le climat

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© Neil Labrador / Archives

Le 28 septembre 2019, près de 100000 personnes avaient répondu à l’appel de l’Alliance climatique demandant des actions écologiques fortes et immédiates de la part des futurs élus. Une marée verte historique dans les rues de Berne.

L’Alliance climatique, dont fait partie l’Union syndicale suisse, appelle à une grande manifestation nationale le 30 septembre à Berne. Le point avec Peppina Beeli, responsable du dossier climat au département politique d’Unia

«Le mouvement pour le climat essaie depuis de longues années de pousser notre gouvernement, les banques suisses, les multinationales climaticides et d’autres grands émetteurs à prendre des mesures efficaces pour agir contre le changement climatique. Beaucoup de personnes ont repensé leur vision du monde grâce au mouvement pour le climat. Des individus courageux suivent de nouvelles pistes et beaucoup de secteurs tentent et développent des solutions. Mais les choses ne bougent toujours pas assez vite et le temps des petits pas prudents est révolu! Il faut passer des paroles aux actes.» Les arguments ne manquent pas à l’Alliance climatique pour appeler toutes et tous à manifester le 30 septembre pour le climat à Berne. Le cortège partira du Bollwerk (près de la gare) à 14 heures pour rejoindre la place Fédérale. Mais de nombreux points de rencontre sont aussi organisés depuis plusieurs gares de Suisse, ou la veille déjà pour des départs à vélo*.

Forte de ses 140 membres (organisations, associations et syndicats), l’Alliance climatique exige des mesures immédiates pour protéger l’environnement et la justice climatique. Elle demande que ceux qui contribuent le plus à la crise prennent leurs responsabilités, et que les autorités «donnent enfin la priorité à la protection du climat». Trois semaines avant les élections fédérales, la manifestation a ainsi pour but de faire pression sur le prochain Parlement. «La crise climatique menace l'existence de centaines de millions de personnes. Nous n'avons pas d'autre choix que d'agir rapidement maintenant et de ne plus perdre de temps», estime Stefan Salzmann, coprésident de l'Alliance climatique. Le point avec Peppina Beeli, responsable du dossier climat au département politique d’Unia.

 

Pourquoi une nouvelle manifestation, alors que nous venons d’accepter la loi climat?

La loi sur le climat garantit des investissements importants dans le remplacement des systèmes de chauffage, l'efficacité énergétique et les technologies renouvelables. Mais elle n’est qu’un premier pas. Des études montrent que, pour lutter efficacement contre la catastrophe climatique, les investissements doivent être encore beaucoup plus importants. Nous avons également besoin de plus de rapidité dans la mise en œuvre de mesures concrètes et de la solidarité internationale. Les pays du Nord, comme la Suisse, historiquement responsables de la crise climatique, doivent en conséquence s'engager au-delà des objectifs climatiques nationaux. Il est grand temps que la crise climatique soit davantage mise en avant sur le plan politique. Les conditions météorologiques extrêmes que nous avons connues cet été – sécheresse et incendies d'une part, inondations et crues d'autre part – doivent nous réveiller.

Que demande l’Alliance climatique, dont fait partie l’Union syndicale suisse? Et que demande Unia plus spécifiquement?

Nous pouvons tout à fait nous rallier aux revendications de l'Alliance climatique: «Agir maintenant» résume bien la préoccupation centrale de tous les acteurs impliqués dans la manif. Un terme clé est en outre «justice climatique», car la crise climatique est profondément injuste: ceux qui sont le moins responsables sont les plus touchés, souvent dans leur existence même. Ce sont notamment les jeunes générations, qui ont démarré les protestations climatiques, et les habitants du Sud.

En Suisse, les multinationales ont fait des profits pendant des décennies avec des affaires nuisibles au climat et les super-riches ont mené une vie de luxe impliquant une forte intensité d'émissions. Or, les travailleurs, les travailleuses et les personnes à faible revenu sont les plus touchés par le réchauffement climatique, car ils ne peuvent pas se soustraire facilement aux vagues de chaleur croissantes, par exemple. C'est pourquoi nous demandons, avec l'Alliance climatique, que les plus gros pollueurs assument aussi leurs responsabilités.

Unia portera de surcroît sa revendication de réduction du temps de travail dans les rues, car c'est un pas important vers moins d'émissions et moins de stress, donc vers une reconversion écosociale.

Que signifie justement la reconversion écosociale?

Notre objectif est d’atteindre une économie qui ne détruise pas les ressources naturelles tout en garantissant une répartition équitable des richesses et des chances de vie. Cela implique différentes mesures de nature technique, de la politique sociale, éducative et fiscale...

Faudrait-il mettre des mesures en place, tel un revenu de transition qui permettrait aux personnes d’être formées dans des secteurs durables tout en étant payées? Des mesures concrètes existent-elles déjà?

La formation est en tout cas essentielle. Et oui, nous devons nous battre pour que les travailleurs et les travailleuses ne doivent en aucun cas la payer eux-mêmes. A l'étranger, cela est parfois réglé par des CCT. En Suisse, la collecte de signatures pour l'initiative pour un fonds climat est en cours. Celle-ci prévoit notamment le financement de mesures de formation continue et de reconversion professionnelle, y compris des contributions pour compenser la perte de revenus pendant la période de formation. Ce point a pu être introduit à la suite de discussions entre les syndicats et les initiateurs, le PS et les Verts. Ceux qui n'ont pas encore signé l'initiative doivent absolument le faire!**

En quoi les travailleuses et les travailleurs, en Suisse, sont déjà touchés par les changements climatiques?

Tous ceux et celles qui travaillent à l'extérieur sont particulièrement concernés. En raison de la chaleur croissante, le risque d'épuisement et d'accidents du travail a augmenté. C'est pourquoi le travail sur les chantiers doit être adapté aux températures élevées et, si cela n'est pas possible, être complètement arrêté. Il est aussi prouvé que le rayonnement solaire accru a déjà augmenté le nombre de cancers de la peau. Il est donc urgent de prendre des mesures de protection.

Comment les salariés peuvent-ils contribuer à faire évoluer leurs entreprises, la société?

La responsabilité d'atteindre les objectifs climatiques incombe aux entreprises. Celles-ci seraient toutefois bien avisées d'impliquer les employés – car, en fin de compte, c'est chez eux que se trouve le savoir-faire pour les processus et les produits. Lors des négociations sur la CCT-MEM, nous avons essayé d'ancrer des droits de participation plus forts sur les questions climatiques et environnementales, malheureusement sans succès jusqu'à présent. Il faut certainement poursuivre cette piste.

Qu’attend Unia de l’Etat et du patronat?

En résumé: priorité absolue à la protection des travailleurs et des travailleuses; mesures de protection du climat financées et conçues de manière socialement équitable dans tous les domaines; bonnes conditions de travail dans l'économie verte. Concrètement, cela signifie par exemple que, dans la construction, les délais finaux doivent être repoussés en cas de conditions météorologiques extrêmes; que les mécanismes de financement pour la protection du climat doivent être progressifs; que toutes les entreprises doivent mettre en œuvre des mesures de protection du climat et y associer les travailleurs. Il est important que les emplois verts soient de bons emplois! Pour réussir le tournant climatique et énergétique, nous dépendons par exemple fortement des techniciens du bâtiment et des électriciens. Mais, dans ces branches, les conditions de travail et les salaires sont tellement à la traîne que nous manquons tout simplement de personnel qualifié. Il faut donc un coup de pouce massif pour améliorer les conditions dans ces secteurs! Les subventions pour les mesures de protection du climat, qui sont versées par le biais de différents fonds, doivent parvenir à ceux qui font le gros du travail de la transition énergétique.

Le mouvement Renovate Switzerland demande des fonds importants pour accélérer la rénovation des bâtiments et notamment former davantage de personnes. Le syndicat peut-il aussi faire pression en ce sens? 

Comme déjà dit, la formation est essentielle, mais les conditions de travail le sont tout autant. Dans les campagnes en cours pour améliorer les CCT de l'électricité et de la technique du bâtiment, c'est un élément central. Les travailleurs qui font avancer le tournant énergétique méritent mieux! C'est pourquoi deux grandes manifestations, fortes et combattives, sont importantes ces prochaines semaines: celle pour le climat le 30 septembre à Berne et celle pour les arts et métiers le 7 octobre à Zurich. K

* Informations complémentaires sur: manif-climat.ch

** unia.ch/fr/monde-du-travail

 

 

Grève mondiale du Climat

Le vendredi 15 septembre sera marqué par une nouvelle grève mondiale du climat. Des actions sont prévues dans plusieurs villes suisse-alémaniques (Baden, Bâle, Berne, Lucerne, Saint-Gall, Zurich) et à Neuchâtel où un pique-nique canadien, une discussion sur la place économique neuchâteloise et une action symbolique sont prévus dès midi au Jardin anglais.

Plus d’informations sur:

climatestrike.ch/fr/events

fridaysforfuture.org/september15

 

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