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Premier couac avec l’outil anti-canicule genevois

Chantier routier
© Thierry Porchet/Archives

Sur un chantier routier du canton de Genève, les syndicats Unia et SIT ont constaté que les mesures à mettre en place en cas de fortes chaleurs n'étaient pas appliquées. (Image d'archives)

En inspection sur un chantier, les syndicats ont constaté que les critères de l’application MeteoAtWork avaient été changés. Ils demandent des comptes à l’Etat et aux patrons.

Lancée il y a un an par l’Etat de Genève et les partenaires sociaux, l’application MeteoAtWork était présentée comme un outil innovant pour lutter contre les coups de chaleur au travail. Mais les syndicats Unia et SIT, en inspection sur un chantier genevois ce 12 août, ont constaté que les critères déclenchant des mesures à prendre quand la canicule sévit avaient été changés, rendant selon eux l’application inutilisable. 

Comme le relate la Tribune de Genève, des syndicalistes se sont rendus sur un chantier routier à Vessy, afin de s’assurer que les directives édictées en cas de fortes chaleurs par l’Office cantonal de l'inspection et des relations du travail (Ocirt), l’Inspection paritaire des entreprises (IPE) et les partenaires sociaux étaient bien appliquées. Or, à 15 heures, les ouvriers du génie civil, en train de poser du bitume sur la chaussée, n’avaient pas pris la pause réglementaire toutes les 15 minutes, comme le prévoit MeteoAtWork lorsque le mercure atteint les 36 degrés, ce qui était le cas en l’occurrence. En fonction de la température, du type de travail effectué et de l’équipement porté par les travailleurs, l’application indique les différentes mesures à mettre en place, qui peuvent aller, dans les situations les plus extrêmes, jusqu’à l’interruption du travail. 

Ouvriers déboussolés
«Les collègues syndicalistes ont alors ouvert l’application pour vérifier les mesures censées s’appliquer et ils ont remarqué qu’il y avait eu des changements», explique José Sebastiao, responsable du secteur de la construction à Unia Genève, à L’Evénement syndical. Plusieurs sous-catégories de métiers ont été ajoutées, et les différents types de tenues de travail sélectionnables sont passés de trois à une douzaine. Du coup, les travailleurs ont de la peine à configurer les différents critères, et à savoir dans quelle catégorie ils entrent. «Même les chefs d’équipes ne comprennent plus comment utiliser MeteoAtWork», déplore José Sebastiao. 

Selon les syndicats, cela génère un flou, qui permet aux employeurs de ne pas se conformer aux directives. Et ils reprochent à l’Ocirt et aux associations patronales d’avoir modifié l’application dans leur dos, alors qu’une séance tripartite aurait dû avoir lieu préalablement. «L’application est devenue inutile, sauf pour les patrons», dénonce José Sebastiao. 

Contacté par la Tribune de Genève, l’Ocirt affirme que la mise à jour de l’application – dont le but est de permettre son utilisation dans d’autres secteurs que la construction – a été faite en concertation avec les partenaires sociaux, ce que réfute le syndicaliste. «La CGAS (ndlr: Communauté genevoise d'action syndicale) doit très vite demander des explications à l’Etat et au patronat.»

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