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Notre santé est précieuse

La nouvelle a fait l’effet d’un choc dans le pays: 8,7% de hausse des primes maladie en 2024! Les populations des cantons romands sont frappées plus durement encore, avec une augmentation de 9,9% en territoire vaudois, de 9,8% à Neuchâtel, 9,6% à Fribourg, 9,1% à Genève et dans le Jura. Seul le Valais est proche de la moyenne suisse avec un taux de 8,6%. Ces hausses s’ajoutent à toutes celles de ces dernières années. Depuis 1996, date de l’entrée en vigueur de la Loi fédérale sur l’assurance maladie (LAMal), les primes auraient augmenté de 150% environ alors que les salaires n’ont progressé que de 30%…

Chacun le constate: il y a quelque chose qui cloche dans ce système d’assurance. Une LAMal prétendument sociale mais qui fait payer le prix fort aux plus démunis et à tous les salariés et retraités. Un système qui engendre déjà une médecine à deux vitesses, avec des familles ou des personnes à bas revenus renonçant à se faire soigner pour des questions financières. Selon l’Observatoire suisse de la santé, le renoncement aux soins concerne 46,7% des populations les plus désavantagées contre 15,2% dans les ménages sans problèmes socioéconomiques. Dans les familles monoparentales, ce taux est de 42%. L’accès aux soins est problématique non seulement pour les plus précaires, mais également pour les migrants qui ne maîtrisent pas l’une des langues nationales, en raison des difficultés de communiquer avec le médecin.

Il y a quelque chose qui cloche dans la LAMal, et il est temps de tout changer. En cette veille d’élections fédérales, les partis y sont allés de leurs propositions. Certaines qui ne feront qu’accentuer les inégalités et la médecine à deux vitesses. Le PLR porte par exemple en étendard son projet d’assurance maladie M-Budget. Avec des primes basées sur les prestations choisies: moins de prestations = moins de primes. Aujourd’hui déjà, avec des franchises gigantesques, un tel système est à l’œuvre. Pour ne pas débourser, ou n’ayant pas les ressources nécessaires, certains renoncent à des traitements ou à des médicaments. Un choix qui ne peut, à terme, qu’augmenter les coûts de la santé avec des maladies prises en charge bien trop tard. Côté UDC, la conseillère d'Etat zurichoise Natalie Rickli propose ni plus ni moins que de supprimer l’assurance obligatoire de soins! Une hérésie sachant que chaque personne, même celle jouissant d’une santé de fer, aura tôt ou tard besoin de recourir à un médecin. Là encore, les plus riches pourront se le permettre, les autres pas. Pour le parti du Centre, ce sont les prestations qui sont en ligne de mire avec la trompeuse initiative sur le frein aux coûts de la santé. Bien sûr, il n’y a rien à attendre de ce bord-là de l’échiquier politique. Ni du Conseil fédéral où le ministre socialiste n’a pas brillé par une quelconque tentative de briser un système voué à l’échec…

De l’autre côté de l’enceinte parlementaire, la gauche et les Verts réactivent la proposition de caisse maladie unique. Cette dernière a certes été rejetée par deux fois en votation populaire. Mais seule une telle caisse, avec des primes basées sur le revenu, permettrait de créer une véritable assurance sociale et solidaire. Pour cela, un grand coup de balai est nécessaire au sein du Parlement, pour éjecter tous les lobbyistes et tous les élus grassement payés par les assureurs et la pharma. Notre santé est précieuse, ne la laissons pas aux mains des profiteurs!