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La lutte des maçons a démarré

Manifestation des maçons à Bellinzone.
© Francesco Bonsaver

Lundi 17 octobre, les maçons de tout le Tessin ont envahi les rues de Bellinzone, ouvrant ainsi la vague de protestation pour la défense de la Convention nationale du secteur principal de la construction et pour améliorer leurs conditions de travail.

Lundi, 2500 maçons défilaient à Bellinzone pour défendre leurs conditions de travail. La vague de protestation va s’étendre dans tout le pays. En Suisse romande, deux jours de grève sont prévus si les entrepreneurs ne reviennent pas sur leurs attaques contre la Convention nationale du secteur principal de la construction. Le point

Le bras de fer se précise entre la Société suisse des entrepreneurs (SSE) et les travailleurs de la construction. Selon un communiqué commun des syndicats Unia et Syna, sur les 20000 maçons qui ont participé à un vote organisé dans toute la Suisse relatif à des mesures de luttes, plus de 92% se sont dit prêts à poser les outils. Soit plus d’un ouvrier sur quatre.

Une première journée de mobilisation a eu lieu ce lundi 17 octobre au Tessin, où plus de 2500 travailleurs se sont retrouvés à Bellinzone pour une assemblée suivie d’une grande manifestation. Ce jour-là, 80% des chantiers du canton étaient à l’arrêt. En Suisse romande, à la suite de consultations organisées lors d’assemblées générales, les participants se sont prononcés en faveur d’un arrêt des chantiers les 7 et 8 novembre dans les cantons de Vaud, Genève, Neuchâtel et Fribourg. Dans le Jura, ils ont annoncé rejoindre le mouvement le 7 novembre. Une protestation de vaste ampleur visant à contrer les attaques patronales. «Dans le cadre de négociations actuelles sur le renouvellement de la Convention nationale, les entrepreneurs veulent notamment supprimer les dispositions en vigueur sur le temps de travail pour qu’à l’avenir, des journées de travail de 12 heures et des semaines de 58 heures deviennent la normalité, mettant en danger la santé des maçons et sacrifiant leur vie sociale et familiale. Les travailleurs ne se laisseront pas faire», affirme Nico Lutz, responsable du secteur construction d’Unia. La volonté patronale est jugée particulièrement inacceptable alors qu’aujourd’hui déjà, les journées peuvent s’étirer sur une durée de 11 heures en comptant les déplacements. «C’est trop, il ne faudrait pas dépasser les 10 heures avec les trajets... Et on voudrait encore pouvoir les prolonger. Les chefs pourraient ainsi à l’avenir ordonner à court terme quand il faut travailler et combien de temps... Une possibilité qui serait saisie le plus souvent en été, en pleine canicule...» La colère est d’autant plus grande que les patrons lient leur exigence de flexibilité à une augmentation des salaires réclamée par les syndicats.

Troc inadmissible

«Les maçons devraient troquer leur santé et leur vie privée contre une augmentation salariale à laquelle ils ont de toute façon droit en raison du renchérissement. Ils n’acceptent pas un tel marché», insiste le syndicaliste détaillant la hausse revendiquée: 3,3% pour compenser le coût de la vie et 1% de majoration des rémunérations. «Nous réclamons une augmentation générale mensuelle fixe de 260 francs au total.» Les employés se battent aussi pour la fin du travail gratuit. «Aujourd’hui, les 30 premières minutes de temps de déplacement par jour de l’entreprise au chantier ne sont pas payées, alors qu’on doit de plus en plus souvent effectuer des trajets pour rejoindre le lieu des travaux. Sur l’année, cela fait plus de deux semaines de temps de travail non rémunéré. C’est illégal.» Pour les syndicats, l’attitude de la SSE aggrave la pénurie de personnel qualifié dans le secteur. Et Nico Lutz d’illustrer: «Le maçon doit quitter son domicile avant que ses enfants ne soient levés. Il rentre quand ils se couchent. Il faut changer la manière de travailler et adapter les salaires.» Unia et Syna soulignent que le nombre d’apprentis a diminué de moitié au cours de ces dix dernières années et qu’un salarié du domaine sur deux quitte tôt ou tard le métier. «D’autres détériorations renforceraient encore ce véritable exode dans la branche.» Une prochaine ronde de négociations entre les partenaires sociaux aura lieu le 21 octobre. A voir si les lignes bougeront...

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