Ecrire, un rêve devenu réalité
L’auteure Christine Pompéï a récemment publié le tome 26 des "Enquêtes de Maëlys" et prépare déjà la suite. Un succès auquel elle n’avait jamais osé songer
Il y a des destins tout tracés. D’autres réservent de belles surprises. C’est le cas de Christine Pompéï, autrice jeunesse franco-suisse qui vient de publier Le fantôme du lac Noir, le 26e opus des Enquêtes de Maëlys. En 2023, elle fêtera les 10 ans de cette série à succès qui frôle le million d’exemplaires vendus. Au total – car Christine Pompéï s’est penchée sur d’autres projets, comme la série Annélia et les animaux ou Mes p’tits contes – la jeune cinquantenaire a écrit pas moins d’une soixantaine d’ouvrages destinés aux enfants cette dernière décennie.
Ce n’était pourtant pas son plan de carrière de départ. Née en région parisienne, Christine Pompéï passe son enfance dans la campagne bretonne. Passionnée d’allemand, elle étudie la langue et devient traductrice spécialisée dans la finance. «Je suis arrivée en Suisse à 27 ans, par amour. J’ai travaillé alors comme traductrice pour UBS jusqu’en 2004, date à laquelle est née ma première fille, Maëlys.» Annélia viendra compléter la famille deux ans plus tard.
Celle qui a toujours aimé les livres, y trouvant une source d’évasion, partage cette passion avec ses filles. «Quand je suis devenue maman, je me suis mise à leur lire plein d’histoires. Et quand mon aînée a eu 8 ans, la lecture s’est avérée très difficile pour elle à cause d’une dyslexie. Elle n’arrivait pas à lire un livre en entier. J’ai donc écrit une histoire en la mettant au cœur d’une énigme à Lausanne, la ville où nous habitions, avec son vrai copain Lucien.» C’est ainsi qu’est née L’énigme de la Cathédrale de Lausanne.
Talent reconnu
Christine Pompéï avait toujours secrètement rêvé d’écrire, mais cela lui paraissait inaccessible. «J’étais une petite fille réservée qui n’avait pas vraiment confiance en elle mais avec une imagination débordante. Je passais mes journées dehors, au contact de la nature, à m’inventer des histoires.» Adulte, quand elle saute le pas, jamais elle n’aurait osé imaginer rencontrer autant de succès. «J’ai envoyé le roman à plusieurs éditeurs et j’ai essuyé de nombreux refus. On me disait que c’était trop localisé. Mais Auzou m’a fait confiance.» Le bouche à oreille a ensuite fait son travail. On lui demande d’écrire une seconde histoire et les romans se sont enchaînés pour devenir rapidement une série. «C’est une très belle aventure que nous avons vécue en famille, mes filles et moi. Le personnage d’Annélia a rejoint les enquêtes et nous allions vraiment dans les endroits dans lesquels ont lieu les énigmes.»
Aujourd’hui, ses filles ont 18 et 16 ans, mais elles sont toujours partie prenante du processus. «Elles ont grandi avec, et encore maintenant, je leur demande leur avis. D’ailleurs, le dernier livre a été inspiré de nos vacances au lac Noir. Je ne me lasse pas, au contraire, écrire me replonge dans leur petite enfance et cela me fait du bien, même si je suis un peu nostalgique…»
Faire bouger les lignes
Si l’écriture est passionnelle, elle a aussi une dimension militante. Féministe, Christine Pompéï tient à déconstruire les préjugés dans ses livres. «Maëlys est très forte, elle n’a peur de rien, alors que Lucien est un peu trouillard. Je veux montrer à mes jeunes lecteurs et lectrices, qui ont entre 7 et 11 ans, qu’on a toutes et tous nos heures de gloire et nos moments de faiblesse, fille ou garçon.»
Elle milite aussi pour la promotion de la lecture et de l’écriture. «Je vais beaucoup dans les classes de primaire, j’organise des ateliers. Mon but en tant qu’auteure, c’est de leur transmettre le goût pour la lecture, leur montrer que c’est un moyen d’élargir leurs horizons, de s’évader, mais aussi de traverser certains moments plus durs de la vie. C’est également une invitation à découvrir le patrimoine suisse, en se rendant sur les sites que je décris.»
Foisonnante d’idées
Les projets ne manquent pas. Christine Pompéï est déjà en train d’écrire le tome 27 des Enquêtes de Maëlys, qui se plongera dans l’univers de la musique classique. Autre grande nouvelle, la série, adaptée en dessin animé, sera diffusée sur la RTS en décembre, pour Noël. Sans oublier la radio, évidemment. Car depuis mars 2020, on retrouve ses histoires dans l’émission Brouhaha sur La Première. «Je suis aussi employée à la RTS depuis quelques années. Au moment du confinement, les écoles ont fermé, les ateliers étaient annulés et on m’a demandé d’écrire une histoire par jour. Cela devait être passager, mais au vu du nombre d’auditeurs et d’auditrices, on a continué et c’est devenu un rendez-vous hebdomadaire.» Une façon de donner vie à ses histoires. «Quand j’invente une histoire, je la vois et j’imagine des bruits autour. Et quand je l’entends à la radio, habillée par les sons, j’ai l’impression de la redécouvrir.»
La famille comme pilier
Aujourd’hui, elle aimerait bien écrire pour les plus grands. «Pourquoi pas une série pour les ados…» Ses passions: la cuisine, le cinéma et… lire évidemment! «Chaque semaine on va à la bibliothèque, et on prend de tout! Je n’ai pas un genre de préférence.» Impossible pour notre écrivaine de s’endormir le soir sans avoir bouquiné avant. «Pour l’insomniaque que je suis, c’est aussi mon rituel nocturne…» Sur sa table de chevet récemment, une BD de Jean-Paul Eid, Le petit astronaute, qu’elle a trouvée poétique et touchante, et Paris-Briançon, le dernier roman de Philippe Besson, dur et plein d’humanité. Son moteur? Sa famille, qu’elle a décidé d’élargir en parrainant un mineur non accompagné. «Ces ados réfugiés se sentent souvent seuls. On leur offre un peu de notre temps deux à trois fois par mois, pour nous ce n’est pas grand-chose et le lien qui se crée est très fort. Ce sont des moments d’ouverture sur le monde et de partage précieux.»
Références:
Le fantôme du lac Noir, 2022, Editions Auzou.
Brouhaha, tous les mercredis à 16h30 sur La Première. Podcasts à retrouver sur: rts.ch
En savoir plus sur le parrainage de MNA sur: plateforme-asile.ch