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Dernière chance d’endiguer la pollution plastique

Manifestants sur la place des Nations à Genève.
© Thierry Porchet

Sur la place des Nations, à Genève, plus de 200 personnes ont participé à un happening organisé par Greenpeace, #BreakFreeFromPlastic et la Fondation Gallifrey, avec le soutien de nombreuses autres ONG.

A Genève, 180 Etats sont réunis pendant dix jours pour tenter de négocier un traité sur les déchets en plastique. Des ONG ont mené une action appelant à des mesures fortes.

A la place des Nations, à Genève, une réplique du Penseur de Rodin trône sur une montagne de déchets en plastique. L’installation symbolise la perplexité de l’humanité devant cette pollution exponentielle. Juste à côté, plus de deux cent personnes sont venues participer à un happening organisé par Greenpeace, #BreakFreeFromPlastic et la Fondation Gallifrey, avec le soutien de nombreuses autres ONG. L’action a lieu à la veille de l’ouverture du dernier cycle de négociations pour un traité international sur les plastiques, qui se tiennent du 5 au 14 août au Palais des Nations. 

Les manifestants et les manifestantes brandissent une pancarte géante avec ce texte: «Cut plastic production: don’t fuel our destruction. Strong treaty now!» (En français: «Réduisez la production de plastique: n’alimentez pas notre destruction. Un traité fort maintenant!»). L’enjeu de ces négociations n’est pas seulement de limiter les impacts sanitaires et environnementaux du plastique – une matière fabriquée à base de produits pétroliers, et qui finit dans la nature, dans les cours d’eau, dans les océans et, en microparticules, dans nos estomacs – mais surtout de lutter contre le problème à la source. Autrement dit, de réduire drastiquement la production de plastique. 

Blocage des Etats pétroliers

Une centaine de pays réunis au sein d’une coalition partagent cet objectif, mais ils font face au blocage des Etats producteurs de pétrole. «Lors des précédentes négociations, les lobbyistes de l’industrie des combustibles fossiles et pétrochimiques étaient présents en plus grand nombre que les représentants des Etats membres, dont ils ont infiltré certaines délégations, déplore Laurianne Trimoulla, responsable communication et projets pour la Fondation Gallifrey. C’est comme si on invitait les fabricants d’armes à des négociations de paix…»

Mais pour elle, ces discussions qui ont eu lieu en Corée du Sud en fin d’année dernière, et n’ont pas permis d’aboutir à l’adoption d’un traité, ne représentent toutefois pas un échec. «Il valait mieux ne pas avoir de traité qu’adopter un mauvais texte qui aurait été en vigueur pour des décennies. Aujourd’hui, avec des négociations qui vont s’étaler sur dix jours et non sept, la Suisse et l’ONU veulent vraiment se donner les moyens d’aboutir à un texte juridiquement contraignant et incluant un objectif de réduction de la production de plastique. En cinquante ans, les quantités de plastique produites sur terre ont été multipliées par 400, alors que la population mondiale a seulement un peu plus que doublé.»

Genève étant une importante plaque tournante du négoce de matières premières, en particulier de pétrole brut, Laurianne Trimoulla craint que les lobbyistes ne soient venus encore plus nombreux qu’en Corée du Sud. D’où la mobilisation cruciale de la société civile. «Le marché mondial du plastique pèse plus de 5000 milliards de francs suisses. Cependant, on sent une forte volonté que ces négociations aboutissent à Genève, qui est candidate pour accueillir le secrétariat du futur traité.»

Mettre fin à l’ère du plastique

Joëlle Hérin, experte en consommation et économie circulaire chez Greenpeace Suisse, considère également que le cycle de négociation en Corée du Sud n’était pas un échec: «C’était la première fois que plus de cent pays se sont exprimés fortement pour un traité ambitieux. Avant, on entendait surtout la voix de ceux qui bloquent.» Elle compte sur la Suisse, en tant que pays hôte des négociations, pour maintenir fermement l'ambition du futur traité international. «Avec une industrie qui s'apprête à générer trois fois plus de plastiques d'ici 2050, le traité serait voué à l'échec sans un objectif mondial de réduction de la production de plastique. Il faut notamment éliminer les emballages à usage unique. Nous devons mettre fin à l'ère du plastique pour protéger notre santé, la biodiversité et le climat.»

«Excluez les lobbyistes!»

Au troisième jour des négociations, des militants de Greenpeace ont accroché une bannière à l'entrée du Palais des Nations, à Genève, et peint en noir l’accès pour symboliser une traînée de pétrole. Cela afin de dénoncer l'influence des grandes entreprise pétrolières, qui veulent empêcher les pays de s'entendre sur une réduction de la production de plastique comme élément central du nouveau traité international contre cette pollution. Lors des précédentes négociations au Canada et en Corée du Sud, plus de 200 lobbyistes de l'industrie pétrochimique étaient présents. «Chaque session attire davantage de lobbyistes du pétrole et du gaz, indique dans un communiqué Joëlle Hérin, experte en consommation et économie circulaire chez Greenpeace Suisse. Nous appelons l'ONU à les exclure. Les gouvernements ne doivent pas laisser une poignée d'entreprises du secteur des énergies fossiles passer outre l'appel de la société civile, qui réclame un accord fort pour réduire la production de plastique.» Une lettre réclamant cette exclusion a été envoyée à la direction du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE). AG

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