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Le 17 mai, les entrepreneurs au pied du mur

Journées de labeur interminables, déplacements partiellement payés, pause matinale non rémunérée, salaires à la traîne: les maçons entendent bien mettre les employeurs au pied du mur, exigeant de meilleures conditions de travail. Ils défendront leurs revendications haut et fort le 17 mai prochain, lors de deux manifestations simultanées, à Lausanne et à Zurich. Avec la claire volonté d’influer sur les discussions qui ont déjà été entamées entre Unia et Syna, d’une part, et la Société suisse des entrepreneurs (SSE), d’autre part, en vue du renouvellement de la Convention nationale de travail du secteur principal de la construction (CN). Cet accord expire à la fin de cette année et doit être renégocié pour les quatre prochaines. L’occasion pour ceux qui bâtissent nos logements, nos routes, nos ponts, pour ceux qui, par tous les temps ou presque, s’échinent sur les chantiers, de se mobiliser pour obtenir des avancées. Ces attentes se justifient pleinement, même si la lutte s’annonce d’ores et déjà coriace, avec des patrons, insatiables, en demandant toujours plus. 

Les maçons ne réclament pourtant pas la lune mais la possibilité d’avoir une vie à côté du travail. En clair, de pouvoir consacrer davantage de temps à leur famille, leurs proches, leurs loisirs. Ils dénoncent des délais irréalistes et la pression subie. Et luttent pour des journées de huit heures et non de neuf, auxquelles s’ajoutent régulièrement une ou deux heures supplémentaires, sans oublier le temps de déplacement. Un temps au demeurant qui n’est indemnisé qu’après la première demi-heure. Comme s’il s’agissait d’une promenade de santé! La pingrerie des entrepreneurs se mesure aussi à leur refus de prendre en charge la pause casse-croûte de la matinée, ces quinze minutes de respiration dans un job particulièrement harassant. Quant aux salaires, ils stagnent depuis dix ans avec pour résultat un pouvoir d’achat des travailleurs qui s’est érodé. Autant dire que l’heure du rattrapage a sonné. De même que la nécessité d’introduire la compensation automatique du renchérissement au coût de la vie. Rien d’exagéré. Depuis une décennie, le secteur de la construction se frotte les mains, fort d’un chiffre d’affaires qui a bondi de 19,4%. Parallèlement, les effectifs ont diminué de 1,5%. Les employés bossent davantage tout en étant moins nombreux. Avec les risques que cette situation implique. Rappelons-le: chaque année, près d’un ouvrier de la construction sur six est victime d’un accident. 

La SSE aurait tout intérêt à entrer en matière sur les revendications des salariés et à redonner un peu de lustre à une profession de plus en plus boudée. Non seulement les apprentis ne se bousculent pas au portillon, mais un tiers d’entre eux interrompent leur formation en cours de route. Quant aux employés de la branche, ils sont un sur deux à ranger prématurément la truelle et à se tourner vers d’autres professions. Conséquences: une pénurie de main-d’œuvre qui ne cesse de s’aggraver. D’ici à 2030 – demain, quoi – il manquera un maçon sur cinq. Dix ans plus tard, la proportion sera d’un sur trois. Un argument supplémentaire pour les travailleurs motivés à construire un rapport de force, afin de bâtir un avenir meilleur. 

Les maçons ne réclament pas la lune mais la possibilité d’avoir une vie à côté du travail. En clair, de pouvoir aussi consacrer du temps à leur famille, leurs proches, leurs loisirs.
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