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Multinationales: sur le dos des peuples et des travailleurs

Depuis leur apparition, les multinationales ont pratiqué des politiques allant à l’encontre des intérêts du peuple et de l’environnement. C’est ce qui ressort de l’étude menée par Olivier Petitjean et Ivan du Roy.

Dirigée par deux journalistes, Olivier Petitjean et Ivan du Roy, cette enquête a été réalisée grâce à la collaboration d’une cinquantaine de chercheurs et de militants. Qu’on consomme leurs produits, qu’on admire leurs marques ou qu’on dénonce leurs pratiques, les multinationales sont partout dans nos vies, d’où cette affirmation des auteurs: «L’histoire des multinationales est donc notre histoire.» L’ouvrage passe en revue plus d’une centaine de multinationales, ce qui nous contraints à des choix.

Lafarge: de Suez au crime contre l’humanité
Lafarge, actuel leader mondial du ciment et l’un des plus gros émetteurs de CO2, reçoit en 1864 une commande phénoménale, la construction du canal de Suez. Bien plus tard, en 2024, Lafarge (absorbée par Holcim en 2021) est la première entreprise mise en examen pour complicité de crime contre l’humanité. Elle est accusée d’avoir versé, entre 2012 et 2014, des sommes d’argent à des groupes islamistes terroristes afin de poursuivre l’activité de sa cimenterie en Syrie. La procédure n’est pas terminée.

Nestlé: dictatures et scandale laitier
Numéro un mondial de l’agroalimentaire, Nestlé a eu des comportements douteux dans son histoire. Après 1945, l’entreprise de Vevey est parvenue à étendre sa présence à la quasi-totalité des pays du monde. Selon les auteurs, elle a essuyé des critiques sévères pour sa présence dans des pays à régime autoritaire, comme le Chili de Pinochet ou le Vietnam communiste, ainsi qu’à des boycotts retentissants, notamment à la suite du scandale de la promotion de lait en poudre aux populations pauvres d’Afrique dans les années 1970.

VW: complicités avec les nazis
L’industrie automobile est bien présente parmi les multinationales. En 2003, lorsqu’elle cesse la production de Coccinelles, Volkswagen (VW) en a construit 21 millions. Cette performance ne doit pas faire oublier que VW a eu des fréquentations particulières. En 1945, Ferdinand Porsche, patron de l’entreprise, est invité par les autorités françaises à visiter des usines Renault. Il est arrêté et emprisonné durant vingt mois pour ses activités au service du parti nazi, auquel il avait adhéré en 1937. Mais VW ne s’arrête pas en si bon chemin. En 1964, un coup d’Etat survient au Brésil, les grèves sont interdites, les syndicats réprimés et les salaires diminuent fortement. Il s’avère alors que Friedrich Schultz-Wenk, président de la filiale brésilienne de VW, a été membre du parti nazi!

Toyota ou le juste-à-temps
Premier constructeur mondial avec plus de 11 millions de véhicules vendus en 2023, Toyota occupe cette position dominante en raison de son modèle productif du «juste-à-temps» ou flux tendus. Celui-ci permet à la firme japonaise de réaliser des gains de productivité et de flexibilité qui lui donnent un avantage conséquent sur ses concurrents, grâce à des ouvriers responsables de plusieurs machines à la fois, aux compétences diversifiées et affectés à plusieurs postes, et de réduire les temps de maintenance et des stocks. Une bonne partie des voitures Toyota sont produites dans d’autres pays. La firme a profité de l’élargissement de l’Union européenne pour s’implanter dans les pays d’Europe centrale et orientale, où les salaires sont nettement plus bas.

Et les syndicats?
Face à ces puissantes entreprises, que font les syndicats? «Malgré quelques succès initiaux, notent les auteurs, les premières grèves transnationales ne débouchent que rarement sur des formes pérennes de dialogue social», notamment parce que les syndicats ont de la peine à parler d’une seule voix, contrairement aux employeurs. Le premier accord-cadre international est conclu entre l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation (UITA) et le groupe français BSN-Gervais Danone, dont le PDG, Antoine Riboud, s’engage pour une directive européenne sur l’emploi. Celle-ci ne verra le jour qu’en 1994.

 «Multinationales. Une histoire du monde contemporain», sous la direction d’Olivier Petitjean et Ivan du Roy, éditions La Découverte, 2025, 858 pages.

 

 

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