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La santé n’est pas un privilège, c’est un droit

Chaque automne, c’est la même histoire. Le froid et la grisaille sont de retour, les parapluies reprennent du service. Et comme si cela ne suffisait pas à nous plomber le moral, c’est également la saison des hausses de primes d’assurance maladie. Un rituel aussi inéluctable que le départ des oiseaux migrateurs vers des cieux plus cléments. On a beau savoir à l’avance à quel moment la piqûre va survenir, ça fait toujours aussi mal quand on nous enfonce l’aiguille dans le bras. Et chaque automne, c’est la même litanie. Tout le monde râle, chacun rejette la faute sur les autres: les caisses maladie, les médecins, les hôpitaux, la pharma, les cantons, le Conseil fédéral, le Parlement. Mais au final, rien ne change et ce sont une fois de plus les assurés qui trinquent. Loin de moi, qui n’ai rien d’un expert ès coûts de la santé, l’idée de prétendre avoir la solution qui résoudra tout d’un coup de baguette magique. La problématique est complexe.

Pourtant, un constat s’impose. Introduite en 1996, la LAMal a rendu obligatoire le fait d’être assuré contre la maladie. C’était là un indéniable progrès social, mais le problème, c’est qu’on a confié le soin de gérer cette assurance au secteur privé, en pensant que la concurrence ferait baisser les prix. Seulement voilà, ça ne fonctionne manifestement pas dans le domaine de la santé. Au contraire. En trente ans, le montant de la prime moyenne d’assurance de base a triplé. Pour les ménages déjà écrasés par l’inflation, c’est devenu l’une des charges fixes les plus lourdes, avec le loyer et les impôts. Le résultat, c’est que de plus en plus de personnes renoncent à se faire soigner, pour des raisons financières. Or, c’est justement ce que le législateur voulait éviter en créant la LAMal. Et aujourd’hui, il se retrouve pieds et poings liés par les caisses maladie, qui cultivent une opacité totale sur les coûts de la santé.

Alors on fait quoi? On considère ça comme une fatalité et on fait le poing dans sa poche ad vitam æternam? Après des échecs successifs dans les urnes au niveau national, l’idée d’une caisse publique ou d’un frein à l’explosion des primes rebondit dans les cantons. Les Tessinois viennent d’accepter de limiter celles-ci à 10% du revenu, et une initiative similaire a été lancée en Valais. De son côté, l’Etat de Genève planche sur un projet de caisse publique, porté – il faut le souligner – par un magistrat de droite, Pierre Maudet. Mais peut-être que ces réformes restent trop cosmétiques, et que le temps est venu d’un vrai changement de paradigme. Cela pourrait sonner comme une hérésie dans la très libérale Suisse, mais pourquoi l’assurance maladie de base ne serait-elle pas financée par le biais des impôts ou des cotisations salariales, comme pour les assurances sociales? Pourquoi le principe de solidarité entre hauts et bas revenus ne s’appliquerait-il pas aussi en matière de santé? Certes, ça n’est pas forcément la panacée, quand on voit par exemple la France et son trou abyssal de la Sécu. Mais il faut arrêter de voir la santé comme une affaire purement privée. Ce ne doit être ni un business, ni un privilège. C’est un droit. 

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