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Des rayons Coop aux assemblées, un engagement à revendre

Sylvie Trudu pose sur un banc.
© Olivier Vogelsang

Sylvie Trudu s’est sensibilisée aux enjeux de la politique à l’école primaire déjà, grâce à une maîtresse qui gérait la classe comme un Conseil municipal.

Pause-café militante avec Sylvie Trudu, retraitée et activiste syndicale.

Il y a des figures qu’on rencontre pour la première fois et dont il suffit d’une dizaine de minutes de conversation pour avoir l’impression de les avoir côtoyées et connues durant des décennies. Sylvie Trudu appartient résolument à cette catégorie de personnes. Retraitée à l’énergie débordante, activiste chez Unia, cette ancienne vendeuse nous accueille au siège du syndicat de Morges, ville où sa vie se déploie depuis toujours. Le tourbillon d’idées et de mots qui accompagnent les premiers échanges installe un climat amical: le tutoiement est de mise, imposé avec naturel et sans dérogation possible, «parce qu’ici, tout le monde se tutoie, hein!». S’ouvre dans la foulée et sans transition une fenêtre sur sa vie personnelle, à travers un pendentif aux formes de la Sardaigne que notre hôte a mis à son cou et qu’elle nous montre, sourire en coin. L’île de son époux – lui aussi membre du syndicat – est une terre que l’activiste porte dans son cœur, une patrie de rechange qu’elle foule régulièrement et dont elle suit avec constance l’actualité politique. 

Trop chère pour l’employeur

Mais l’essentiel de son existence s’est joué et se joue bien ailleurs. A Morges donc. Ici, Sylvie Trudu a connu une vie active longue et exigeante: durant trois décennies, elle a été vendeuse chez Coop. Elle y est entrée en tant qu’apprentie dans un lointain 1975, avec une charge spécifique: «Je gérais les rayons des surgelés et ceux des produits frais et de la boulangerie.» Trente ans plus tard, cette histoire-là s’est très mal terminée. «Un jour, on m’a convoquée et on m’a dit que c’en était fini pour moi. Assez vite, j’ai compris que je coûtais trop cher à l’entreprise.» Comme par réflexe, parce que la vendeuse a du caractère et qu’elle a l’habitude de se battre, elle se lance dans un bras de fer avec l’employeur. Elle contacte le secrétaire syndical chargé de la branche, se renseigne sur ses droits et décide d’aller jusqu’au Tribunal des prud’hommes. «Unia ne m’a pas lâchée dans cette affaire, il a mis à disposition une assistance juridique, mais pour finir, j’ai été déboutée.»

Le tempérament combatif a peut-être joué un rôle prépondérant dans cette affaire, mais l’intéressée n’évoque pas pour autant cette hypothèse. Toujours est-il que Sylvie Trudu aime dire ce qu’elle pense et elle fait ce qu’elle dit. «A l’époque de mon apprentissage, je ne pouvais pas être syndiquée, de part mon statut professionnel. Par la suite, j’ai intégré rapidement une organisation.» Ce fut, dans un premier temps, la Fédération du commerce, des transports et de l’alimentation (FCTA), «une structure presque familiale, où tout le monde se connaissait», puis Unia, «d’une tout autre dimension, où j’ai fait la connaissance de beaucoup d’autres personnes». Sans jamais s’emparer du statut de déléguée, l’activiste a travaillé d’arrache-pied pour sensibiliser les collègues à leurs droits, pour instaurer un dialogue avec eux, avec les gérants et la hiérarchie. Un engagement constant, auquel elle n’a jamais mis un terme, bien que plus active dans la branche. 

Dimanches et caisses automatiques

Présente à quasi toutes les assemblées et les réunions du secteur tertiaire du canton de Vaud, Sylvie Trudu trouve là (et ailleurs encore), des causes qui l’enflamment. Ce fut le cas avec la votation AVS 21 ou, plus récemment, lors de la campagne victorieuse de la 13e rente AVS. Et plus près encore de ses préoccupations? Il y a l’ouverture des magasins le dimanche, thématique qui a le pouvoir de survolter notre interlocutrice. «Ça recommence! La droite ne veut pas respecter la volonté du peuple, c’est absurde. Il y a eu Zurich qui a relancé le débat, et maintenant Genève s’y remet aussi. Le dimanche, c’est pour les familles. Je ne comprends pas le besoin qu’on pourrait avoir de faire ses courses le jour de repos. Il y a six autres jours pour ça.» Il y a enfin un autre point brûlant dans l’esprit de l’activiste, celui des caisses automatiques. L’ancienne vendeuse y est farouchement opposée; plusieurs de ses anciennes collègues ont perdu leur emploi à la suite de l’introduction de ces machines automatisées. «J’en parle autant que possible autour de moi pour faire savoir que les caissières ont aussi un rôle social important, qu’elles sont parfois les seules personnes à qui le client parle de toute la journée.»

Sylvie Trudu a encore une autre histoire, parmi celles qui traversent son quotidien: elle a trait à l’engagement politique. Elue socialiste au Conseil communal de Morges, elle y a enchaîné les législatures et elle espère atteindre un quatrième mandat lors des prochaines élections. Cet autre goût de l’engagement remonte à loin. «A l’âge de 10 ans, j’ai eu une maîtresse qui nous a transmis l’importance de la politique. Elle gérait notre classe comme un conseil communal, avec des tâches diverses allant de la distribution des cahiers au nettoyage, de la commande du matériel à d’autres fonctions, toutes reparties par rotation. Ça a été une expérience formatrice.» Bien du temps plus tard, elle garde une trace indélébile de cette histoire: «J’aime m’occuper du monde à proximité, avec ses tracas multiples et ses très nombreuses satisfactions.»

Une vidéo de Olivier Vogelsang.

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