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La seconde vague met les soignants à genoux

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© Thierry Porchet

Le 31 octobre déjà, alors que le nombre de contaminations reprenait l’ascenseur à une vitesse folle, le personnel soignant manifestait sur la place Fédérale pour exiger davantage de moyens et le respect des conditions de travail, tant dans les hôpitaux que dans les homes ou les autres secteurs de la santé.

Toutes les unités des hôpitaux, ainsi que les homes et les EMS sont confrontés à une surcharge de travail et au manque de personnel

La seconde vague met les soignants à genoux. Au début de la pandémie, les employés des hôpitaux, des EMS et des homes avaient souffert de l’absence de matériel de protection, ils font face aujourd’hui à une grosse surcharge de travail en raison du manque de personnel résultant d’effectifs insuffisants. Le Syndicat des services publics (SSP) a tiré, la semaine dernière, la sonnette d’alarme dans les cantons de Vaud et de Genève. Le SSP a adressé au Grand Conseil vaudois une pétition munie de 7400 signatures réclamant des embauches. Au bout du lac, le syndicat a aussi saisi les autorités de lettres ouvertes sur la situation difficile dans laquelle se retrouvent les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Comme l’indique le SSP, l’institution a subi des cures d’austérité successives depuis une vingtaine d’années. Dans une pétition déposée fin 2019, le syndicat proposait justement la création de 500 postes aux HUG. Malheureusement, la demande semble toujours déraisonnable à une majorité de députés de la commission des pétitions qui ne jugent pas aujourd’hui utile de la transmettre au Grand Conseil.

«Nous sommes très fatigués»

Ces dernières semaines, le manque d’effectifs ne s’est pas fait sentir qu’aux soins intensifs, mais également dans les autres unités des hôpitaux et, au-delà, dans les EMS et les homes. «Il n’y a plus d’intérimaires, tout le monde est réquisitionné en unité Covid, les collègues qui tombent malades ne sont pas remplacés, nous sommes en permanence deux fois moins que normalement, jusqu’à trois fois moins, c’est très compliqué, cela a un impact sur la qualité des soins et sur notre santé, nous sommes très fatigués», témoigne une infirmière aux soins palliatifs des HUG que nous avons contactée. Spécialisé notamment dans l’accompagnement de fin de vie, le service n’a pas recensé de cas d’infection au Covid, mais a dû restreindre les visites aux malades. «Nous sommes passés de visites illimitées 24 heures sur 24 à une seule visite d’une heure et d’une personne par jour. C’est horrible pour les patients qui communiquent encore et qui veulent voir leurs proches. C’est très dur de demander à une dame de sortir sachant qu’elle ne pourra pas revenir le lendemain et devra laisser son tour de visite à un autre proche», confie la jeune femme. Outre la fatigue physique, le personnel des soins doit assumer les incidences psychologiques de cette crise.

Positifs au boulot

Dans les EMS et les homes, comme nous l’évoquions encore dans notre édition du 18 novembre, le personnel est également à bout de souffle. Les absences sont si nombreuses, le manque de personnel est si criant que des soignants testés positifs mais asymptomatiques sont parfois appelés à poursuivre le travail. Réunis en visioconférence le 1er décembre, la trentaine de participants à la conférence de la branche des soins et de l’accompagnement d’Unia ont convenu que les limites avaient été atteintes et ont adopté une résolution qui invite la Confédération et les Cantons à agir sans tarder. Le syndicat propose la création de pools cantonaux de personnel à répartir selon les besoins, les militaires et les civilistes pouvant être appelés à la rescousse, l’important étant que les soignants infectés ou suspectés de l’être restent en isolement. En outre, Unia appelle les autorités à préparer l’après-Covid: les heures supplémentaires devront être compensées et il faut prévoir une réduction de la charge de travail et de sa durée afin que le personnel soignant et accompagnant puisse se remettre de ses efforts et que le taux d’abandon du métier, déjà très élevé, n’atteigne des sommets. Le syndicat demande à cette fin l’engagement et la formation de personnel supplémentaire, ainsi que des augmentations salariales.

 

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