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Pour une meilleure vie dans l’hôtellerie-restauration

Personnes assises à une table lors d'une conférence de presse.
© Tom Ulrich

L’organisation professionnelle Hotel & Gastro Union (HGU), avec les syndicats Unia et Syna, demandent notamment des augmentations de salaires et une réduction du temps de travail dans l'hôtellerie-restauration.

Alors que la convention collective nationale de la branche doit être renégociée, les syndicats ont fait part de leurs revendications. Plus de 250 000 personnes sont concernées.

Après le bras de fer pour le renouvellement de la Convention nationale de la construction, c’est au tour de la branche de l’hôtellerie-restauration d’entamer des discussions. La convention collective nationale de travail (CCNT) doit en effet être renégociée après six ans. Plus de 250 000 salariées et salariés de la restauration, de l’hôtellerie et de la livraison de repas sont concernés dans tout le pays.

Le 10 novembre, à Berne, l’organisation professionnelle Hotel & Gastro Union (HGU), avec les syndicats Unia et Syna, ont présenté leurs revendications lors d’une conférence de presse. Au programme, notamment: des augmentations de salaires, une meilleure prise en compte de l’expérience et du niveau de formation, une réduction du temps de travail pour mieux concilier vie professionnelle et vie privée, ou encore des jours de congé consécutifs et planifiables.

Des métiers mal payés

En préambule, Esther Lüscher, présidente de Hotel & Gastro Union, rappelle que les négociations ont été bloquées pendant six ans par GastroSuisse, l’association des employeurs de la branche, à cause de divergences sur les salaires minimums. Ce n’est que récemment que le patronat a changé d’avis. «C’est un signal fort et une opportunité de travailler à nouveau ensemble sur les défis de l’hôtellerie-restauration. Notre approche est partenariale et constructive. Nous voulons renforcer les entreprises, fidéliser le personnel et attirer de nouveaux talents.» Elle admet que cela représente un certain coût pour les employeurs, mais estime qu’au final, tout le monde sera gagnant.

Vice-présidente d’Unia, Véronique Polito souligne que dans l’hôtellerie-restauration, les salaires sont largement inférieurs à la moyenne, le plus bas étant d’environ 3700 francs, alors que le salaire médian des employés sans fonction de cadre est de 4335 francs. «Et cela dans une branche où les conditions de travail sont difficiles, ajoute la syndicaliste. Des horaires irréguliers et des missions de travail à court terme font partie du quotidien de nombreux employés. On travaille souvent le soir et le week-end, ce qui complique la conciliation entre vie professionnelle et vie privée.»

Les syndicats demandent donc la compensation automatique du renchérissement annuel pour tous, ainsi que l’augmentation réelle des salaires minimums de 100 francs chaque année (soit 500 francs pour la période de 2028 à 2032). Ils souhaitent par ailleurs introduire des suppléments de rémunération en fonction des années d’expérience et du niveau de formation. «L’objectif est que les titulaires d’un CFC ou d’un diplôme équivalent gagnent au moins 5000 francs», indique Véronique Polito. 

Le droit à un vrai temps de repos

Le cahier de revendications comprend aussi la réduction du temps de travail qui, selon le type d’établissement, se situe aujourd’hui entre 42 et 45 heures hebdomadaires. «Réduire le temps de travail, c’est investir dans la santé, la productivité et l’attractivité des emplois», considère Roger Lang, responsable droit, politique sociale et campagnes pour Hotel & Gastro Union. Les plannings de travail devraient en outre être communiqués au moins quatre semaines à l’avance et comprendre des jours de congés consécutifs, ainsi que des week-ends libres. «Cela doit devenir une réalité dans la nouvelle CCNT, et surtout une obligation, estime Guido Schluep, responsable de la branche hôtellerie-restauration chez Syna. Ce n’est pas un luxe. Sans cela, ce travail engendre du stress, de l’épuisement, des problèmes de santé et un fort taux de rotation du personnel.» 

Parmi les autres revendications, citons un supplément de salaire pour le travail du soir, de nuit, du week-end et des jours fériés, l’allongement du congé maternité avec maintien intégral du salaire, une meilleure reconnaissance des diplômes étrangers et l’intégration des apprentis dans le champ d’application de la CCNT.

«Je ne peux pas continuer ainsi»

Tout cela afin de renforcer l’attractivité de la branche. Jessika Engel, qui est salariée dans la restauration, témoigne de la pénibilité du métier: «Du vendredi au dimanche, parfois jusqu’au lundi, je ne vois pas ma fille de 5 ans, parce que je travaille et qu’elle doit être gardée. Il y a deux ans, je n’ai pas pu assister aux funérailles de mon grand-père, car on exigeait que je sois au travail.» Et de déplorer les plannings faits sans consulter le personnel en amont, ce qui engendre stress et frustration, ainsi que les horaires coupés, qui morcellent la journée et ne laissent pas le temps de rentrer chez soi. «J’aime mon métier mais si rien ne change je ne pourrai pas continuer ainsi.»

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