Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Climat : le Conseil fédéral à côté de la plaque

graphique
Alliance Sud

Les objectifs publiés en matière de politique climatique de la Suisse à partir de 2031 sont jugés insuffisants par les organisations de défense de l’environnement.

Le Conseil fédéral a publié le 12 septembre ses nouveaux objectifs en matière de protection du climat en Suisse dès 2031. L'Alliance Climatique Suisse et Alliance Sud ont tout de suite réagi par voie de presse pour dénoncer des mesures insuffisantes et incohérentes qui ne permettront pas d’atteindre l’objectif fixé par le peuple, à savoir zéro émission nette de gaz à effet de serre d'ici 2050. En résumé, la feuille de route climatique reposerait trop largement sur des compensations de CO₂ à l’étranger, au détriment d’une réduction effective des émissions en Suisse. 
«En 2017, la Suisse a ratifié l’accord de Paris et, il y a deux ans, le peuple a donné un mandat clair en faveur d’une politique climatique plus efficace, a réagi Georg Klingler, expert climatique chez Greenpeace, dans un communiqué de presse de l’Alliance climatique. Avec les grandes lignes publiées aujourd’hui, le Conseil fédéral méconnaît la gravité de la situation.» De son côté, le WWF estime que les solutions existent déjà : «Les instruments permettant une protection climatique efficace et socialement acceptable sont connus, mais le Conseil fédéral souhaite poursuivre dans la même voie malgré des résultats clairement insuffisants», regrette Patrick Hofstetter, expert climatique.

Vives critiques 
Selon ces derniers, la stratégie fédérale met de côté plusieurs secteurs de l’économie suisse comme l’aviation, l’agriculture et surtout la place financière, qui restent pratiquement exempts de mesures contraignantes. De la même manière, le transport routier, pourtant en retard par rapport à l’Union européenne, ne ferait pas l’objet d’efforts supplémentaires significatifs.
L’autre critique concerne les compensations à l’étranger. «Embellir son propre bilan grâce à des compensations à l'étranger va dans la mauvaise direction, soulève l’Alliance climatique. Au lieu d'accélérer la transformation nationale, le Conseil fédéral continue de miser sur des mesures à l'étranger pour atteindre ses objectifs, dont les coûts pour la Confédération sont estimés de manière trop optimiste et dont l'impact climatique est de toute façon surestimé. De plus, les compensations à l'étranger sont contraires à la loi sur la protection du climat, qui exige que les objectifs de réduction soient atteints « dans la mesure du possible par des réductions d'émissions en Suisse.» Alliance Sud alerte particulièrement sur cette tendance, estimant que le volume de CO₂ compensé à l’étranger passerait de 9 millions de tonnes en 2030 à 13 millions en 2040. « Le Conseil fédéral prévoit de facto d’étendre la compensation de CO₂ dans le Sud global au lieu d’accélérer enfin la décarbonation de notre pays. C’est irresponsable», s’indigne Delia Berner, experte en politique climatique internationale. Par ailleurs, une étude de l’EPFZ montre que seuls 12 % des certificats de compensation entraînent une réduction effective des émissions, ce qui fragilise la crédibilité de cette stratégie. 

Et qui paie tout ça ?
Enfin, les ONG regrettent l’absence d’engagement clair en matière de financement climatique international. Plus de 100 scientifiques suisses ont récemment rappelé que ce soutien est crucial pour les pays pauvres. Alliance Sud demande que la Suisse contribue, dès 2030, à hauteur de 1 % au nouvel objectif mondial de 300 milliards de dollars pour l’adaptation au changement climatique. 
Dans ce contexte, l’Alliance Climatique exige que le projet du Conseil fédéral soit soumis à un véritable «test de réalité» et que la prochaine révision de la loi sur le CO₂ comble l’écart entre les ambitions affichées et les résultats obtenus. «Il faut désormais mettre en œuvre immédiatement les lois existantes en matière de climat (loi sur le CO₂, loi sur la protection du climat, loi sur la protection de l'environnement et loi sur l'énergie) et créer de nouveaux instruments efficaces qui tiennent compte de l'évolution réelle du climat et mettent la Suisse sur la voie de la protection du climat, préviennent les organisations. Cela signifie que la prochaine révision de la loi sur le CO₂ doit combler l'écart croissant entre les objectifs fixés et les résultats obtenus. Chaque année supplémentaire perdue à élaborer des projets de consultation insuffisants nous coûtera très cher.»

Retrouvez le plan directeur complet sur le climat de l’Alliance climatique ici 

Pour aller plus loin

Les Aînées pour le climat ne baissent pas la garde

photo de groupe

Les Aînées pour le climat demandent au Parlement de respecter le verdict de la Cour européenne des droits de l’homme et préviennent qu’elles surveilleront sa mise en œuvre.

Retour à la tourbe

Photo du bâtiment ancien qui abrite la Maison de la Troubière

Récemment inaugurée, la Maison de la Tourbière aux Ponts-de-Martel (NE) raconte, via un espace muséal et un sentier didactique, la riche histoire à la fois humaine et naturelle de ces hauts-marais qui ont failli disparaître du paysage helvétique, à la suite d’une véritable ruée vers cet or noir. Reportage

Mourir de chaud ou quand le travail tue

Photo prétexte d'un ouvrier transpirant sur un chantier.

Les syndicats genevois ont organisé un séminaire sur le changement climatique et la protection de la santé au travail. Une journée qui se fait ainsi l’écho d’un rapport alarmant de l’OIT

La Suisse vit à crédit

Le «Jour du dépassement» intervient toujours plus tôt, et spécialement en Suisse. Début mai, le pays a déjà consommé toutes les ressources naturelles que son territoire peut...