Un livre déroule 50 ans d’histoires du Parti socialiste jurassien

C’est un ouvrage qu’on pourrait associer à un arc tendu dont la première extrémité serait incarnée par Pierre Gassmann et la seconde par Elisabeth Baume-Schneider. Le personnage de départ a les allants d’une figure tutélaire, puisqu’il était là, à Bassecourt, dans une salle du Restaurant du Jura remplie jusqu’à l’invraisemblable en ce 3 mai 1975. C’est dans cet espace convivial, chauffé par près de 200 militants, qu’a vu le jour le Parti socialiste jurassien (PSJ). Et l’enseignant à l’Ecole professionnelle de Delémont, élu depuis 1971 au Conseil national, en a pris la tête en endossant le costume de premier président. A l’autre bout de l’arc, la conseillère fédérale incarne en quelque sorte la victoire du Jura à l’échelle nationale, puisque son élection en décembre 2022 était tout sauf escomptée. Entre ces deux instantanés, voilà cinquante ans de vie et d’histoires de la section du parti de gauche, qu’on retrouve condensés dans un ouvrage collectif fouillé et agile. 

Conçu sous la direction du journaliste, politologue, ancien syndicaliste et ancien élu Jean-Claude Rennwald – lui-même coauteur –, enrichi par les contributions de quatre intervenants, PS jurassien, 50 ans au service de la solidarité part sur les traces d’une histoire politique marquante dans le paysage suisse. On y retrouve, dans cette publication ramassée, une foule de détails, à commencer par ceux qui permettent de planter un premier décor. Celui du PS bernois, présent et actif en terre jurassienne depuis septembre 1919. Au fil des pages, on court vers l’acte fondateur du PSJ et on croise les personnages qui en ont jalonné l’histoire, à travers des portraits courts et sentis. On saisit avec les récits, l’attitude remuante du parti, qui adopte d’entrée une position en claire rupture avec le capitalisme. Les luttes, les élections, les batailles du PSJ (sur le terrain des assurances sociales, des retraites, des relations au travail…) dévoilent les traits d’un acteur antagoniste, campant souvent à rebours des avis exprimés par les citoyens du pays lors des votations. 

D’autres thèmes font l’objet d’analyses approfondies: la question jurassienne, bien évidemment, mais aussi l’émergence des femmes dans la politique du canton, ou encore l’identité du PSJ aujourd’hui, restituée par le témoignage de militants de tout âge et de toute catégorie sociale. Une fresque complète, donc, établie avec rigueur et accompagnée par un solide appareil critique. K 

«PS jurassien, 50 ans au service de la solidarité», Editions de la Rue du Nord, 2025, 143 p.