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Sous pression, Richemont renonce à baisser les salaires

Syndicaliste d'Unia devant les locaux.
© Alejo Patino/Unia

La pression d’Unia a payé. Richemont a renoncé la semaine dernière à son intention de ne plus compenser la baisse de salaire pour ses collaborateurs en réduction de l’horaire de travail (RHT)

La direction entendait tailler dans les primes annuelles et supprimer le complément à la RHT

La pression d’Unia a payé. Richemont a renoncé la semaine dernière à son intention de ne plus compenser la baisse de salaire pour ses collaborateurs en réduction de l’horaire de travail (RHT). Peu de jours avant, le groupe spécialisé dans l’industrie du luxe avait aussi abandonné son idée de réduire de 25% au moins les primes annuelles de ses quelque 35000 employés dans le monde.

Dans le courant du mois d’avril, on apprenait que Richemont augmentait la rémunération de ses hauts dirigeants de 35%, le montant destiné au comité exécutif passant de 30 à 41 millions de francs. Quelques semaines après, la direction annonçait une réduction d’au moins 25% des primes annuelles. «Celles-ci font partie du système de rémunération des collaborateurs de Richemont. Une personne qui, par exemple, gagne 4500 francs brut par mois a pu recevoir l’an dernier 2000 francs de prime. Le personnel compte là-dessus, ce n’est pas de l’argent de poche», indique le responsable de l’horlogerie chez Unia, Raphaël Thiémard. «Pour un certain nombre de personnes, la baisse des primes se montait à 50% et plus», assure un salarié d’une manufacture genevoise du groupe. Dans la foulée, Richemont décidait de ne plus compenser les pertes de salaire dues à la RHT. Jusque-là, le groupe complétait le chômage partiel pour assurer un salaire de 94%, mais, à partir du 1er juin, les heures en RHT n’auraient plus été payées qu’à 80%.

«On s’est sentis trahis et arnaqués»

«Une situation totalement intolérable où le groupe décidait, d’un côté, de claquer 10 millions pour augmenter des gens qui n’en avaient pas besoin et, de l’autre, grattait sur tous les salaires des employés, y compris celles et ceux qui gagnent le minimum vital!» s’indigne Raphaël Thiémard. «Nous avons discuté longuement entre les collègues et trouvé cela injuste, on s’est sentis trahis et arnaqués. Ce n’est pas les petits qui doivent payer pour que les plus gros s’en mettent un peu plus dans les poches. Nous, on n’aura jamais 35% d’augmentation sur nos bas salaires», témoigne le travailleur genevois. La colère n’était pas confinée aux frontières helvétiques. Le 5 juin, à Turin, un atelier de joaillerie de Cartier employant 240 personnes débrayait durant une journée. Face à l’indignation et à la pression, la direction rétropédalait le 8 juin sur la question des primes. Restait pour les 8000 salariés du groupe en Suisse le problème de la RHT.

Unia avait préparé une pétition exigeant le maintien des 94% et s’apprêtait à la lancer. «Le lundi 15 juin, nous avons informé l’ensemble des entreprises Richemont que nous allions tracter et, le mardi à la première heure, nous avons reçu un courriel nous annonçant que le groupe faisait machine arrière», se félicite Alejo Patino, secrétaire syndical d’Unia Genève, qui explique cette réussite par la mobilisation du personnel. «De nombreux employés ont contacté le syndicat et permis de donner mandat à Unia de revendiquer la prise en charge des 14%. Les travailleurs sont contents du résultat. Nous avons été remerciés. Les délégués syndicaux ne sont pas peu fiers.»

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