Premier du genre, le salaire minimum neuchâtelois est entré en vigueur il y a quinze mois. Est-il respecté? Le point
Quinze mois après son entrée en vigueur, le salaire minimum neuchâtelois est-il bien appliqué? Arcinfo a mené au début du mois sa petite enquête et conclu que le premier salaire minimum cantonal de Suisse est «encore transgressé». Selon le quotidien cantonal, des chauffeurs de taxi, des coiffeuses ou des serveuses de restaurant ne bénéficient toujours pas de la mesure votée par le peuple en 2011.
«Ce n’est pas une surprise. Même dans les branches conventionnées, des employeurs ne respectent pas les minima salariaux», tempère David Taillard, responsable du secteur tertiaire d’Unia Neuchâtel et membre de la Commission tripartite chargée de l’observation du marché du travail. Présidée par l’ancien conseiller d’Etat Jean Studer, celle-ci a été désignée par le gouvernement pour l’appuyer dans la mise en œuvre du salaire minimum. «On reste attentif lors des contrôles paritaires que le salaire minimum soit respecté et, lorsque ça ne joue pas, nous devons dénoncer le cas au Ministère public et demandons à l’employeur de se mettre en conformité. Il y a des tricheurs, c’est un mal qui existe depuis toujours, à nous de les débusquer», explique le secrétaire syndical, qui préside, par ailleurs, l’Union syndicale neuchâteloise. «Quant aux taxis, c’est un problème qui dure depuis des années. De nombreuses déductions sont opérées sur les fiches de paie des chauffeurs, qui, au final, ne touchent qu’un salaire de misère. Nous étudions ce dossier, mais nous avons nombre de difficultés à régler et cela prend du temps.»
D’autres acteurs veillent à l’application du salaire minimum, comme les commissions paritaires, le Service de l’emploi, au travers de l’Office des relations et des conditions de travail, ou encore les caisses de chômage. «Si le salaire minimum n’a pas été payé, la caisse de chômage Unia incite les salariés à réclamer leur dû avec l’appui de leur syndicat», indique David Taillard. Les travailleurs peuvent obtenir le versement de leur manque à gagner jusqu’à cinq années en arrière.
Il ne faut toutefois pas attendre de perdre son emploi pour agir! «Il y a des centaines d’entreprises dans le canton et on ne peut pas les contrôler toutes. Il est donc important de dénoncer les abus, que les personnes concernées prennent contact avec les syndicats ou le Service de l’emploi, insiste le secrétaire syndical. Nous pouvons en principe garantir l’anonymat de la démarche.»
La Commission tripartite présentera un rapport sur le salaire minimum au mois de janvier, on en saura plus à ce moment-là.