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L'inégalité salariale se porte bien, un peu moins bien

Dix ans après l'introduction de la Loi sur l'égalité, les entreprises ne la prennent toujours pas au sérieux

A la façon d'un Nicolas Hulot qui a demandé aux candidats à la présidentielle française de s'engager à sauver la planète, l'Union syndicale suisse rappelle aux partis l'importance qu'elle accorde à l'égalité salariale entre les sexes. Car 2007 est une année d'élections, en Suisse aussi...

En conférence de presse, le 23 janvier à Berne, l'Union syndicale suisse a fait le point sur 10 ans de Loi sur l'égalité. «Malgré les progrès accomplis, l'inégalité persistante des salaires entre femmes et hommes reste une réalité économique. L'élimination de cette injustice fondamentale reste une priorité politique et doit représenter une des principales questions qui seront débattues lors de cette année électorale, a lancé d'emblée Paul Rechsteiner qui a rappelé que ce n'est qu'en 1981 qu'il fut possible d'imposer le principe d'égalité et qu'il faudra attendre 1996 pour qu'une loi soit adoptée. Une loi qui a permis que 270 cas de discrimination salariale soient traités par les tribunaux, la majorité d'entre eux ayant donné raison aux femmes. L'exemple le plus marquant étant, pour l'heure, celui de ces Zurichoises travaillant dans le secteur public de la santé qui se sont partagé 280 millions de salaire dus et qui ont bénéficié de hausses de salaire pour quelque 70 millions de francs par an. Mais l'arbre ne doit pas cacher la forêt et beaucoup reste à entreprendre. En 2004, l'écart de salaire entre hommes et femmes était encore en Suisse, pays à la traîne, de 19,7%, contre 21,3% quatre ans plus tôt.

Les autorités doivent s'investir!
«Que le droit à «un salaire égal pour un travail de valeur équivalente» soit une obligation légale semble largement méconnu, a rapporté Catherine Laubscher-Paratte du syndicat Unia. «Manor et Carrefour ont par exemple argumenté que la différence de salaire entre les sexes était dans leur branche «moins dramatique» que dans d'autres. Ils estiment qu'atteindre l'égalité salariale complète est un «processus [à mener] sur le moyen à long terme». Mais ce qui est peccadille pour les patrons représente beaucoup pour les salariées. Ainsi dans le commerce de détail, c'est plus d'un milliard par an que les employeurs épargnent sur le dos des femmes en ne respectant pas la loi. 610 francs par mois sur le salaire d'une vendeuse qualifiée employée à plein temps, 300000 francs au terme de sa vie professionnelle.
Pour la syndicaliste Unia, il est donc absolument nécessaire que le législateur et les autorités contribuent plus activement à l'application de la loi: «L'égalité des salaires ne doit pas être laissée au bon vouloir des employeurs.»

Des mesures concrètes
Pour sa part, Nathalie Imboden a rappelé que l'USS a lancé l'an passé sa campagne «Augmenter les salaires - cap sur l'égalité!» et que les premiers succès sont perceptibles dans quelques entreprises qui ont accordé aux femmes des augmentations supérieures à celles octroyées aux hommes, réduisant ainsi l'inégalité. D'autres sociétés ont recouru à Logib, un instrument qui permet de vérifier si l'égalité des salaires est acquise.
La secrétaire de l'USS a aussi décrit les mesures qui doivent être prises pour réaliser enfin l'égalité: un renforcement du droit, des mesures contraignantes en matière de transparence dans toutes les entreprises employant plus de 50 salariés, l'engagement d'inspecteurs des salaires et la tenue d'une conférence nationale sur le sujet sous l'égide de la Confédération, du monde de la science et des partenaires sociaux.
L'USS s'est enfin félicitée que le Parlement fédéral ait décidé de se pencher le 8 mars prochain, Journée de la femme, sur l'ensemble des interventions parlementaires déposées sur l'égalité des sexes et restées jusqu'ici sans réponse. Une journée qui permettra de comparer la volonté des différents partis politiques à changer les choses.

SB



Quelques exemples...

Vente: 7'320 francs de moins par an
Dans le commerce de détail, un secteur comptant 66,9% de main-d'œuvre féminine, l'écart inexplicable entre salaires féminins et salaires masculins a diminué de 13,6% à 12,7% entre 2002 et 2004. En d'autres termes, une vendeuse dont le profil d'exigence, l'âge, l'ancienneté, la position hiérarchique et l'activité sont les mêmes que ceux de son collègue masculin, gagne 7'320 francs de moins que lui par an.

Santé: 5'640 francs à l'as
Les professions du secteur de la santé publique occupent 80,1% de femmes. Dans ces métiers aussi une travailleuse ayant le profil d'exigence, l'âge, l'ancienneté, la position hiérarchique et l'activité de ses collègues masculins, plutôt rares, touche 6,9% de moins qu'eux. Ainsi lorsqu'une assistante sociale de 40 ans, avec 10 ans d'ancienneté, sans fonction de cadre gagne 6'260 francs, son collègue masculin empoche 6'730 francs, 5'640 francs de plus sur l'année, presque le 13e.

Immobilier: 6'000 francs de perd
Dans l'immobilier, un peu plus de la moitié des salariés sont des salariées... qui gagnent en moyenne 27,1% de moins que leurs collègues masculins, notamment parce que les hommes son souvent des chefs. Pour un profil identique, l'écart salarial reste néanmoins de 9,1%. Il s'est même creusé de 0,8% depuis 2002. Quand une employée de commerce de 40 ans avec 10 ans d'ancienneté doit se contenter de 5'230 francs, le type d'à côté reçoit 500 francs de plus, sans raison.

Industrie électrique: le pompon!
Les femmes représentent 28,4% du personnel occupé dans la fabrication d'appareils électriques. Pour le même profil, elles gagnent plus de 10'000 francs de moins que les hommes par an. Toujours à 40 ans et dix ans passés à trimer, une femme reçoit 4'730 francs, soit 15,5% de moins que le mâle qui touche 5'590 francs.

L'ES/USS