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Les salaires minimums dans les shops vont augmenter

Shop de station-service de nuit.
© Thierry Porchet

La Convention collective de travail (CCT) des shops de stations-services couvre quelque 11000 travailleurs d’environ 1300 pompes à essence avec point de vente.

Bonne nouvelle pour le personnel des shops des stations-services: les salaires minimums vont augmenter au cours de ces trois prochaines années. Une hausse qui atteindra, en 2024, un total de 130 francs de plus par mois. D’autres avancées ont été inscrites dans la Convention collective de travail de la branche qui vient d’être renouvelée

Bonne nouvelle pour les salariés des shops: leurs salaires minimums vont augmenter ces trois prochaines années. C’est le résultat obtenu par les syndicats à l’occasion du renouvellement de la Convention collective de travail (CCT) des shops de stations-services. Cette CCT bénéficie depuis 2018 à quelque 11000 travailleurs d’environ 1300 pompes à essence avec point de vente. Sa première reconduction était prévue en 2020, mais le Covid a un peu perturbé le calendrier. «Entamées en janvier 2020, les discussions ont été suspendues après trois séances lorsque la pandémie a éclaté, explique Anne Rubin, responsable du commerce de détail pour Unia. Tandis que la plupart des shops étaient affectés par un recul assez marqué du chiffre d’affaires, nous avons décidé de prolonger d’une année la déclaration de force obligatoire de la CCT afin d’éviter de courir le risque d’un vide conventionnel. Nous avons repris les rencontres en janvier 2021 alors que les résultats n’étaient toujours pas très bons et, après des négociations difficiles, nous sommes finalement arrivés à améliorer la CCT sur plusieurs points. Nous avons réussi à obtenir des augmentations salariales en période Covid, ce qui n’était pas évident et pouvons être satisfaits du résultat.»

130 francs de plus par mois

Concrètement, tous les salaires minimums des trois catégories de rémunération vont être revalorisés de 130 francs par mois d’ici à 2024, soit 50 francs en 2022, 40 francs en 2023 et 2024. Les salaires des employés non qualifiés vont ainsi passer de 3700 à 3830 francs, pendant que les collaborateurs ayant effectué un apprentissage de deux ou trois ans verront leur traitement passer, respectivement, de 4000 à 4130 francs ou de 4100 à 4230 francs. Ces barèmes sont toutefois situés 100 francs en-dessous dans six cantons, dont le Jura et le Valais en Suisse romande. A noter que tous les CFC sont pris en considération et que la reconnaissance des diplômes étrangers a aussi été améliorée.

Les représentants syndicaux sont aussi parvenus à introduire une nouvelle catégorie salariale: à partir de la troisième année de service, les employés sans qualification toucheront 20 francs de plus par mois. «Cette nouvelle catégorie constitue un grand pas dans la mesure où la branche compte beaucoup de personnes non qualifiées, il s’agit souvent d’un premier job pour les jeunes, les migrants ou encore les femmes reprenant une activité après une interruption de carrière. Nous voulions autant que possible rapprocher le salaire de ces employés de ceux ayant réalisé un apprentissage de deux ans. Il ne s’agit pas de dévaloriser les formations, mais de mieux reconnaître les compétences acquises et nous avons ouvert une brèche», souligne Anne Rubin.

Dix week-ends assurés par an

Une autre avancée va réjouir les travailleurs: les syndicats ont décroché deux jours de congé complets et consécutifs deux fois par mois, contre une fois aujourd’hui, et dix week-ends par an. «C’était une revendication importante, nombre d’employés se plaignaient régulièrement de n’avoir jamais le droit à un week-end. C’est un problème qui concerne tout le commerce de détail, nous n’avons que les CCT de Neuchâtel et de Lausanne qui assurent un samedi de congé par mois ou au moins dix samedis par année. Ailleurs, ce n’est pas un droit garanti. La CCT des shops montre donc l’exemple sur le plan national», se félicite la responsable syndicale.

En matière de conciliation entre vie familiale et travail, les employeurs n’ont accordé qu’une légère amélioration du congé maternité à seize semaines dès la troisième année de service, au lieu de la quatrième. «Nous nous sommes battus pour avoir plus, sans succès», assure la syndicaliste. Le congé paternité sera, lui, payé à 100% durant dix jours ouvrables.

Au niveau de la formation continue, les employés auront désormais le droit à deux jours payés par an pour une formation professionnelle externe. «Par exemple un cours de langue, sur Excel ou de développement personnel. Ces deux jours s’ajoutent à deux autres jours pour les formations données par la commission paritaire. Cela va nous permettre de développer ces cours», indique encore Anne Rubin.

En ce qui concerne les pauses, le nouveau libellé est plus explicite et exige la possibilité de s’asseoir si le poste de travail ne peut être quitté. Le lieu d’activité devra figurer sur le contrat de travail, les éventuels déplacements entre plusieurs shops seront considérés comme du temps de travail. Les déductions pour les différences de caisse ne seront possibles qu’en cas d’intention avérée ou de négligence grave, les prélèvements collectifs et forfaitaires ne sont pas autorisés. La vidéosurveillance est mieux réglementée afin de protéger les employés. Remarquons enfin, pour terminer ce tour d’horizon, que ceux-ci devront être formés aux questions de sécurité, en particulier pour le travail du soir.

Pour bénéficier des week-ends et des autres améliorations, le personnel des shops devra toutefois attendre que le nouveau texte soit déclaré de force obligatoire par le Secrétariat d’Etat à l’économie. Unia espère que cette décision interviendra au début 2022. En attendant, l’actuelle CCT reste en vigueur.

«Construire un lien de confiance avec les salariés des shops est primordial»

Les shops des stations-services et leurs salariés, Pietro Agnello les connaît bien. Depuis février, ce secrétaire syndical d’Unia Vaud visite régulièrement tous les shops de son canton. «Je discute avec les salariés et leur présente Unia, précise le syndicaliste. En règle générale, les employés des shops n’ont pas encore saisi l’utilité sociale du syndicat. J’essaie de leur expliquer que notre but est de les aider à obtenir de meilleures conditions de travail et d’engagement, et je les invite à adhérer et à participer. De mon côté, en leur parlant, je peux comprendre toutes les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Construire un lien de confiance me semble primordial. A force de passer, les salariés me connaissent et peuvent s’adresser à moi. J’ai fait une adhésion à Aigle et, même si c’est au bout du canton, je trouve important que cette personne puisse me voir régulièrement pour discuter. Il me paraît indispensable, en outre, de cultiver une certaine convivialité avec les membres.» Le secrétaire syndical a déjà enregistré plus d’une quinzaine de nouveaux membres, mais, comme il le souligne, «encore trop de travailleurs ont peur d’adhérer par crainte d’être mal vu de leur employeur et de leurs collègues». Une autre difficulté est d’organiser des réunions en raison des horaires étendus débutant à 6h le matin pour se terminer le soir à 22h et de l’absence d’un jour de congé fixe. Il a tout de même réussi à réunir des salariés fin juin.

Unia va maintenait faire connaître au personnel les améliorations apportées à la CCT et poursuivre le recrutement. L’idée est de constituer des groupes de membres dans les régions et un comité national.

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