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Le salaire minimum, une nécessité pour toute la population

Une loupe sur un billet de 100 CHF
© Thierry Porchet

A Fribourg, les électeurs seront prochainement appelés à se prononcer sur un salaire minimum d’environ 4000 francs par mois. Les syndicats et la gauche rappellent les enjeux.

A Fribourg, 6500 salariés gagnent moins de 4000 francs par mois, soit environ 5% des travailleurs du canton. Peut-on encore accepter que des gens se lèvent chaque jour pour aller travailler, souvent dans des conditions pénibles, et ne pas pouvoir vivre dignement de leur salaire ? Voilà la question de société que posent les syndicats, les partis de gauche et d’autres associations, réunis dans une large coalition, à travers leur initiative lancée en 2023. Cette dernière, qui sera soumise au peuple le 20 novembre, propose d’instaurer un minimum de 23 francs de l’heure. «Lancer des initiatives n’est pas un hobby pour nous, mais une nécessité, souligne le socialiste Thomas Gremaud. Contrairement à ce que prétend la droite patronale, le partenariat social n’est pas suffisant et le récent conflit social chez Samvaz montre qu’il y a clairement un souci dans ce canton avec des salaires qui ne permettent pas de vivre dignement. » Et ce dernier d’ajouter que depuis 2021, les prix des loyers n’ont cessé d’augmenter, tout comme l’alimentaire, l’énergie et les primes d’assurance-maladie ont explosé de près de 25% depuis 2021. Des hausses « intenables » quand on gagne moins de 4000 francs.

Corriger les inégalités
«Dans notre pays riche, il n’est pas acceptable que des personnes qui travaillent à temps plein dépendent de l’aide sociale», dénonce Elise Nobs, du Centre gauche, qui ajoute que le salaire minimum est la seule mesure concrète et efficace pour lutter contre la précarisation et le phénomène des working poor, ces travailleurs trop riches pour bénéficier de l’aide sociale, mais pas assez pour boucler leur fin de mois.

De son côté, Julie Salumu, du Syndicat des Services Publics, insiste sur l’importance du salaire minimum comme instrument pour lutter contre inégalités entre femmes et hommes. «Cette votation est une occasion unique pour obtenir plus de justice et d’égalité, car les femmes représentent deux tiers des bas salaires et 80% des familles monoparentales. Ces mêmes femmes qui font pourtant des métiers aussi exigeants qu’indispensables, dans les soins, les pharmacies, la vente, l’hôtellerie-restauration, le nettoyage, la coiffure et l’économie domestique. »

Bon sens
Les initiants ont rappelé les exemples de Neuchâtel, de Genève et du Tessin, où les salaires ont été tirés vers le haut, sans que le taux de chômage explose et où le retour des femmes à l’emploi a été constaté. Sans oublier l’amélioration du pouvoir d’achat qui a stimulé les économies locales. En somme, le salaire minimum est venu corriger une injustice structurelle. «Cette mesure n’est ni un luxe, ni une utopie, mais une nécessité vitale, souligne la Verte Valentine Mauron. Instaurer un salaire juste et décent, on le voit dans les autres cantons, peut être gage de justice sociale et de prospérité économique. »

Pour Anabela Santos, présidente d'Unia Fribourg, vivre décemment de son travail relève du bon sens, pas de l’idéologie.«Les efforts qu’on fournit chaque jour au travail doivent au minimum permettre de payer nos factures et subvenir à nos besoins. Le travail doit nous mener vers l’autonomie financière, pas la pauvreté, sinon, comment convaincre les jeunes de faire des apprentissages et des études. Doit-on vivre de son travail? Le OUI est la seule réponse raisonnable à donner le 30 novembre prochain.»

Dans la rue, syndicalistes et militants de gauche disent recevoir un bon accueil. «Il y a un réel besoin et la population se sent concernée, maintenant, on espère qu’ils seront au rendez-vous aux urnes », conclut Anny Papaux, de Syna. 

Plus d’infos sur https://salaire-minimum-fr.ch/

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