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«L’aide sociale est un droit»

Remise de la pétition à la Chancellerie pour l'Alliance. Une banderole "Pas de renvois pour cause de pauvreté".
© Aleksandra Zdravković/PS Suisse

L’Alliance «La pauvreté n’est pas un crime», dont Unia est partie prenante, a remis sa pétition le 8 juin aux Chambres fédérales.

L’Alliance «La pauvreté n’est pas un crime» a déposé une pétition en soutien à son initiative du même nom. Le but? Garantir aux étrangers l’accès à l’aide sociale sans qu’ils risquent d’être expulsés

A l’heure où nous mettions sous presse, lundi, le Conseil des Etats devait se prononcer définitivement sur l’initiative parlementaire «La pauvreté n’est pas un crime», de la socialiste Samira Marti. Un texte qui souhaite corriger la loi pour garantir aux étrangers qu’après dix ans de séjour régulier en Suisse, le recours à l’aide sociale ne pourra pas avoir de conséquences sur leur droit de séjour. Sur le papier, l’aide sociale est légalement accessible à tous en Suisse, mais dans les faits, les personnes sans passeport suisse qui y font appel risquent l’expulsion de notre pays. Par conséquent, nombre d’entre elles n’osent pas recourir aux aides de peur d’être renvoyées, et plongent dans la précarité.

Afin d’appuyer son initiative, l’Alliance «La pauvreté n’est pas un crime», dont Unia est partie prenante, a lancé une pétition du même nom. Forte de 16914 signatures, elle a été remise le 8 juin aux Chambres fédérales.

Absurdité du système

«Dans un pays riche comme la Suisse, le thème de la pauvreté peut sembler lointain, a exposé la conseillère nationale Samira Marti en ouverture de la conférence de presse. Pourtant, selon l’OFS, ce sont environ 745000 personnes, dont plus de 130000 enfants, qui sont touchées par la pauvreté.»

Pour son confrère Benjamin Roduit, conseiller national centriste et président d’ARTIAS (Association romande et tessinoise des institutions d’action sociale), l’obligation d’intégration culturelle conditionnée par la loi met les personnes étrangères dans une situation kafkaïenne: «Soit on fait valoir son droit à être financièrement soutenu et on prend le risque de devoir quitter la Suisse, soit on vit dans la pauvreté pour préserver son permis de séjour ou d’établissement. En faisant dépendre le droit de séjour en Suisse d’un non-recours à l’aide sociale, la Confédération vide en grande partie de sa substance ce droit constitutionnel pour les personnes qui sont pourtant intégrées depuis plus de dix ans, avec le risque de conduire à une paupérisation et à une exclusion une part non négligeable de la population étrangère, résultat bien éloigné de la volonté affichée dans la loi d’encourager son intégration.»

Contacté, Hilmi Gashi, responsable de la migration chez Unia, réitère que l’aide sociale est un droit. «On doit pouvoir la demander sans peur de représailles, d’autant que les migrants, eux aussi, contribuent à l’économie suisse de par leur travail et leurs cotisations. En y renonçant, ils s’excluent de la société et de la solidarité sociale.»

Le pilier de la formation

Pour l’Alliance, une politique d’intégration ne peut pas être un succès sans que soit prise en compte la formation. «Toute personne vivant en Suisse, étrangère ou non, a besoin d’une formation professionnelle», estime Christoph Eymann, ancien conseiller national et président de la CSIAS (Conférence suisse des institutions d'action sociale). «Ce n’est qu’ainsi que le plus grand nombre de personnes possible disposera d’une base permettant d’assurer leur propre existence et celle de la famille.» Et de conclure: «Afin que les enfants et les jeunes de familles issues de l'immigration trouvent eux aussi leur chemin vers un avenir professionnel et une sécurité existentielle, l'aide sociale doit pouvoir continuer à assumer sa fonction de filet inférieur de la sécurité sociale.»

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