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Des magasins de bricolage deviennent des fours l’été

Bâtiment de Jumbo à Meyrin.
© Thierry Porchet

Les ventilateurs installés dans le magasin Jumbo de Meyrin, entre tôle et baies vitrées, sont largement insuffisants en période de canicule.

Au Jumbo de Meyrin, dans le canton de Genève, le mercure tutoie les 30 °C durant les épisodes de canicule faute de climatisation

Il n’y a pas que les travailleurs en plein air qui souffrent des grandes chaleurs. De nombreux salariés sont actifs dans des bâtiments mal isolés et non climatisés qui deviennent des fours l’été. C’est le cas de beaucoup de magasins de bricolage, construits en général tout en tôle, avec de grandes baies vitrées et une immense verrière pour exposer les articles de jardinage.

Ainsi, à l’intérieur du Jumbo de Meyrin, dans le canton de Genève, le mercure se rapproche des 30 °C durant les épisodes de canicule. «C’est inadmissible de travailler dans cette chaleur», confie un membre du personnel. Frappées par le soleil de l’après-midi, les caisses du secteur jardin sont particulièrement exposées. «Il fait très chaud et, avec le réfléchissement de la lumière, on ne voit plus l’écran de la caisse.» Cette fournaise fait aussi rouspéter les clients. «Faudrait penser à allumer la climatisation pendant les jours de grand chaud, même vos employés se plaignent de la chaleur dans le magasin», peut-on lire dans un commentaire publié sur internet. Contacté, le directeur, Alain Pierre, précise que, si le magasin n’est pas climatisé, il est tout de même ventilé. Mais il reconnaît qu’il peut faire très chaud dans son établissement pendant les canicules. Quant aux caisses de l’entrée jardin, le problème ne se pose plus, selon lui, des mesures ayant été prises. «Mettre un parasol derrière les caisses, ça ne suffit pas», conteste notre source dans le personnel. La solution serait-elle d’installer des rideaux ou des stores? Le gérant ne veut pas nous répondre.

Inhumain...

En 2021, la reprise des quarante points de vente Jumbo par le groupe Coop, jusqu’ici dans les mains des frères Maus, propriétaires de Manor, avait suscité un peu d’espoir auprès des employés. «Coop n’a rien fait, c’est inhumain et inadmissible», lâche notre interlocuteur auprès du personnel. A la direction du groupe bâlois, on renvoie au service de presse de la filiale.

Une partie de nos questions restent, là aussi, sans réponse. Porte-parole de Jumbo, Daniel Hofmann assure que, «pendant les périodes de canicule, des ventilateurs sont installés aux caisses, à l’information à la clientèle, aux points de conseil et répartis sur la surface de vente». Les collaborateurs peuvent porter des bermudas et travailler avec une gourde sur la surface de vente, «qu’ils peuvent remplir gratuitement d’eau potable réfrigérée à une fontaine à eau dans les locaux du personnel». Les employés «s’entraident en se relayant plus souvent afin de permettre des pauses supplémentaires. Ces pauses sont considérées comme du temps de travail. En cas de besoin, les collaborateurs peuvent quitter la surface de vente à tout moment et se rendre dans les locaux du personnel pour se rafraîchir.» Cela vaut donc pour les rayons, mais pas pour les caisses, qu’on ne peut abandonner sans l’accord du chef. En dehors de la pause de midi, une caissière de Jumbo n’a le droit qu’à une seule pause d’un quart d’heure, le matin ou l’après-midi, au choix.

Au MParc La Praille, chez le concurrent Do it + Garden de Migros, le bâtiment climatisé offre une température agréable. S’il fait plus chaud dans la serre, des toiles tendues adoucissent la force des rayons et rendent l’atmosphère supportable.

Mise en œuvre d’un protocole

Si la plupart des grandes surfaces disposent de la clim, encore faut-il qu’elle fonctionne correctement. «L’année passée, le système de climatisation d’Aligro Genève est tombé en panne durant plusieurs jours, la chaleur était insupportable et rien n’a été fait pour les employés», explique Gahla Dörig, secrétaire syndicale d’Unia Genève. Autre problème, comme on l’a vu, celui de travailler devant une vitre ensoleillée. «Dans les petits magasins, il n'y a pas forcément de climatisation. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de normes. Le Canton de Genève demande aux entreprises d’élaborer des plans canicule, mais ça s’arrête là. Il n’y a souvent pas d’eau fraîche à disposition, les vendeuses doivent trouver des tactiques, par exemple glisser leur bouteille d’eau dans un frigo. Il n’y a pas forcément d’habit d’été prévu. Dans certains magasins, l’uniforme est assez épais avec un port de pantalon obligatoire, ce qui n’est pas agréable lorsqu’il fait chaud.»

Le syndicat revendique la mise à disposition d’eau fraîche et d’un uniforme d’été léger, ainsi que l’organisation de pauses supplémentaires. «Un tract est distribué en ce moment, l’idée est de faire remonter des informations, de tirer un bilan et de demander à l’Office cantonal de l'inspection et des relations du travail la mise en œuvre d’un protocole pour les entreprises.»

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