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Stop aux investissements dans les énergies fossiles!

Manifestation pour le climat d'étudiants à Fribourg.
© Thierry Porchet

Il y a trois ans, les étudiants s’étaient mobilisés à Fribourg pour la préservation du climat. Aujourd’hui, des enseignants lancent une pétition pour décarboner leurs fonds de pension.

A Fribourg, les enseignants du SSP lancent une pétition exigeant la décarbonisation de la caisse de pension du personnel de l’Etat

Depuis le 7 octobre, une pétition demandant à la Caisse de prévoyance du personnel de l’Etat de Fribourg (CPPEF) de prendre de nouvelles mesures pour la sauvegarde du climat a été lancée par des enseignants du Syndicat des services publics (SSP). Le but? Aller vers une décarbonisation de la caisse en remplaçant les investissements dans les énergies fossiles par les énergies renouvelables. Un signal clair est envoyé à travers cette initiative: c’est aux employés de l’Etat et à la population de décider où investir l’argent de leurs cotisations de retraite.

La pétition a été diffusée d’abord dans les différents services publics du canton, mais peut être signée par tout le monde, et ce jusqu’au 31 janvier prochain.

Transparence exigée

Plus précisément, le texte demande la mise en œuvre de quatre mesures concrètes: d’abord, l’exclusion stricte du charbon, du pétrole et du gaz des investissements de la CPPEF d’ici à 2025 et, à l’inverse, l’investissement d’au moins 10% de sa fortune dans les énergies renouvelables pour la même année.

Ensuite, la pétition exige la publication annuelle des placements de la caisse, d’un bilan carbone du parc immobilier et d’un bilan carbone des placements mobiliers. Enfin, elle réclame que soient entreprises des rénovations thermiques et autres mesures d’économie d’énergie afin d’atteindre une réduction d’au moins 50% des émissions carbones du parc immobilier d’ici à 2025.

Peut mieux faire!

Dans un communiqué de presse diffusé le 6 octobre, le SSP se montre critique quant aux engagements pris la veille par la CPPEF en matière de politique de durabilité. Pour le syndicat, les mesures annoncées «manquent cruellement d’ambition». Ce dernier fait référence à l’investissement de 150 millions de francs pour la rénovation thermique du parc immobilier et des maigres objectifs de décarbonisation de ce parc, à savoir –20% d’ici à 2027. «Ces objectifs, pourtant déjà minimalistes, sont inférieurs tant aux objectifs du Canton de Fribourg qu’à ceux que la caisse de pension s’est elle-même fixés (–50% d’ici à 2030)», souligne le SSP. Et d’insister sur le fait que toutes ces promesses sont largement inférieures aux recommandations du GIEC, qui rappelle que les trois prochaines années seront décisives pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. «Le cap fixé par le GIEC doit être notre boussole!»

Pour signer la pétition, aller sur: fribourg.ssp-vpod.ch

Trois questions à Mattéo Ducrest, du SSP Fribourg

Que savons-nous sur la nature des investissements de la Caisse de prévoyance du personnel de l’Etat de Fribourg (CPPEF)?

Nous n’en savons pas grand-chose car il y a un énorme problème de transparence. La caisse ne révèle pas où elle investit son argent. A Neuchâtel par exemple, tous les placements sont publiés de manière publique, ce n’est pas le cas à Fribourg…

Le chiffre de 12,9 millions de francs d’investissements dans le charbon a été lâché par Gilles André, le directeur général de la CPPEF, sur les ondes de Radio Fribourg. La caisse n’a cependant pas souhaité communiquer sur le montant détenu dans le pétrole, nous pensons donc qu’il est beaucoup plus important. Nous allons interpeller ses responsables et la pétition est un bon moyen d’appuyer notre demande. La place financière suisse représente une part majeure des émissions de CO2 et il est temps que cela cesse.

Quelles sont les chances de cette pétition?

Je suis convaincu qu’elle peut contribuer à obtenir des avancées concrètes. Nous travaillons depuis des mois au sein d’un groupe de travail dynamique et les enseignants sont supermotivés à relayer la pétition au sein de leurs établissements respectifs. Par ailleurs, nous avons un large soutien, des partis de gauche, des syndicats et des mouvements écologiques. Je suis très confiant.

Si nous récoltons plusieurs milliers de signatures, le comité de la CPPEF n’aura d’autre choix que d’en tenir compte, car c’est un comité paritaire – la moitié des sièges sont détenus par des représentants des employés qui sont là pour défendre les revendications de leurs collègues. Nous avons également commencé à en parler dans les autres secteurs de la fonction publique et les salariés sont tout à fait prêts à se mobiliser aussi.

Est-ce que cette initiative pourrait faire des petits?

Il le faut. Nous travaillons actuellement à étendre ce genre de démarches aux autres régions romandes du SSP et nous invitons les autres syndicats, comme Unia, à saisir ce levier. L’idéal serait d’agir de manière coordonnée, tous ensemble, pour faire pression simultanément sur plusieurs caisses de pension.


La Grève du climat solidaire

Le 15 octobre, une trentaine de personnes se sont rassemblées sur la place de l’Hôtel-de-Ville de Fribourg à l’appel de la Grève du climat contre les investissements nocifs de la CPPEF. Les militants ont dénoncé la responsabilité «totale» de la place financière suisse dans la crise climatique que nous vivons: «Cela ne peut plus être toléré!»

Après quelques discours, des ateliers ont été animés sur la place en collaboration avec l’association Pan Terra. Au programme, zoom sur les investissements de la CPPEF, sur la campagne «Debt for climate» – qui réclame l’annulation de la dette des pays du Sud –, ainsi que sur le pétrole et l’agroforesterie.

Aller plus loin sur: fribourg.climatestrike.ch et pan-terra.ch

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