«Manifester pacifiquement est un droit humain fondamental»
Le 18 septembre, à Lausanne, près de 2000 manifestants, dont des personnes âgées et des enfants, se sont retrouvés coincés au centre-ville par les forces de l’ordre. Les personnes à la tête du cortège, ainsi que des journalistes et des photographes, ont essuyé des jets d’eau et des gaz lacrymogènes tirés par la police.
Amnesty International Suisse se dit préoccupée par la réaction des autorités lors des manifestations pro-israélienne et pro-palestinienne du 18 septembre à Lausanne.
La police lausannoise est de nouveau pointée du doigt. Après avoir fait les gros titres cet été pour des faits de racisme, de discrimination ou encore pour des cas de violences policières, les forces de l’ordre font encore couler de l’encre. En cause, la tenue de deux manifestations pacifiques dans la capitale vaudoise le 18 septembre, l’une pro-israélienne et l’autre pro-palestinienne. Alors que la première a été déplacée à Ouchy, la seconde a été activement bloquée au centre-ville, notamment par l’usage de la force, à savoir canons à eau, gaz lacrymogènes ou encore matraques, afin d’empêcher que les contre-manifestants se rapprochent de la manifestation pro-israélienne.
Dans un communiqué de presse publié le lendemain, Amnesty International Suisse exprime sa vive préoccupation face aux interventions policières. «Manifester pacifiquement est un droit humain fondamental garanti par la Constitution et les traités internationaux de droits humains, en particulier par la Cour européenne des droits de l’homme, souligne Anita Goh, responsable de campagne à Amnesty Suisse. Toute autorité publique est tenue de le protéger, de le respecter et de contribuer à sa réalisation.»
L’ONG rappelle que le recours à la force est strictement encadré et ne peut être utilisé qu’en dernier recours, dans le respect des principes de nécessité, proportionnalité et non-discrimination. «Les images relayées par les médias suggèrent que ces principes n’ont pas été respectés», estime-t-elle.
Pour une égalité de traitement
Par ailleurs, Amnesty International dénonce les discours des autorités qui assimilent les manifestations non autorisées à des actes illégaux ou interdits. «Une manifestation est présumée pacifique tant que les autorités ne démontrent pas le contraire, reprend Anita Goh. Le droit de réunion pacifique ne peut être restreint sur la base de suppositions ou de craintes infondées. Le caractère “illégal” d’une manifestation pacifique, en vertu du droit national, n’a pas d’impact sur l’obligation des autorités à la protéger et à la faciliter.»
L’organisation ajoute que les contre-manifestations pacifiques doivent pouvoir se tenir à portée de vue et d’ouïe de la manifestation qu’elles visent à critiquer. «Les autorités ne doivent pas donner la priorité à un rassemblement au détriment d’un autre, mais chercher des solutions équitables et transparentes permettant à chacun de faire entendre sa voix», conclut Anita Goh.