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«C’est une entreprise de démolition de la Convention»

Manifestation de maçons.
© Olivier Vogelsang

En vue du renouvellement de la Convention nationale de la construction, 10 000 maçons ont manifesté le 17 mai dernier à Lausanne (photo) et à Zurich afin de revendiquer de meilleures conditions de travail.

Le premier round de négociations en vue du renouvellement de la Convention nationale de la construction a débouché sur des demandes inacceptables de la part patronale, dénoncent Unia et Syna.

«C’est n’importe quoi. Les exigences des patrons sont catastrophiques dans une branche déjà mise à rude épreuve.» Responsable du secteur construction et membre du comité directeur d’Unia, Nico Lutz réagit à la suite du premier round de négociations mené le 7 juillet au côté de Syna avec la Société suisse des entrepreneurs (SSE). Rappelons que ces pourparlers sont conduits dans le cadre du renouvellement de la Convention nationale (CN) de la construction qui arrivera à échéance en fin d’année. «On peut comparer la position des patrons à une entreprise de démolition de la CN. Un accord qui ne se baserait plus que sur la Loi sur le travail», s’offusque le responsable d’Unia, évoquant le dumping salarial et l’allongement du temps de travail réclamé par la SSE. Alors que les revendications des syndicats portent elles au contraire sur la nécessité d’adapter les horaires à la vie de famille – «huit heures de travail pénible, c’est suffisant!» – et de meilleures conditions salariales. Dans ce sens, ils exigent la fin des temps de déplacements non payés – ceux-ci ne sont pas indemnisés les 30 premières minutes –  la pause du matin payée et une hausse des rémunérations afin de garantir le pouvoir d’achat des maçons. A des années lumières de la volonté de la SSE.

Plus de travail pour moins de salaire
Selon le communiqué de presse des syndicats, cette dernière exige en effet des journées de travail plus longues pour moins de salaire. Avec une durée de l’activité hebdomadaire pouvant aller jusqu’à 50 heures sans supplément. «Du travail sur appel et en fonction des besoins à court terme de l’entreprise», commentent  Unia et Syna. La semaine de 6 jours est aussi à l’ordre du jour, visant à faire du samedi un jour de travail normal avec un salaire réduit de 25% par rapport à aujourd’hui. Les organisations de travailleurs notent encore que les heures supplémentaires pourraient doubler, soit 250 heures, et ce avec moins de compensation. Nico Lutz insiste aussi sur la volonté de la SSE de n’indexer que les salaires minimums et ce en se limitant uniquement à la hausse du coût de la vie. Ainsi que des suppressions sans compensation des rémunérations minimums pour les travailleurs qualifiés. L’ajustement salarial actuel pour les ouvriers au bénéfice de plusieurs années d’expérience passerait également à l’as. 

Dur conflit social en perspective
Dans ce contexte, Unia et Syna préviennent que les maçons s’opposeront à toute détérioration de leurs conditions de travail. «Si la SSE maintient ses revendications radicales et n’est pas disposée à négocier des horaires de travail favorables à la famille, le secteur de la construction se dirigera vers un dur conflit social.» 

Ils rappellent dans la foulée que le domaine est confronté à une crise de personnel profonde avec un maçon qualifié sur deux qui quitte le métier avant l’heure. «Dans moins de quinze ans, il manquera un ouvrier sur trois pour effectuer le travail.» Pour les syndicats, cet exode s’explique par les dures conditions prévalant dans la branche, entre des journées de travail interminables, une pression croissante, la récurrence des heures supplémentaires, etc. «Les entreprises construisent de plus en plus, de plus en plus vite et avec moins de personnel. Les maçons en paient le prix de leur vie familiale et de leur santé.» Et de souligner encore que chaque année un travailleur de la construction sur six est victime d’un accident. Un risque 40 fois plus élevé que pour les banquiers...

Le prochain round de négociations aura lieu le 28 août.

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