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CCNT: les salaires augmenteront un peu en 2023

Mauro Moretto.
© Thierry Porchet

Après de vifs débats, les déléguées et les délégués de la conférence de branche de l’hôtellerie-restauration d’Unia, tenue le 30 mai à Berne, ont accepté à une voix près le résultat des négociations, tout en déplorant l’absence d’augmentation pour le personnel sans formation. Coresponsable du tertiaire d’Unia, Mauro Moretto, demande aussi que les salaires minimums cantonaux soient respectés là où ils existent.

La Convention collective nationale de travail de l’hôtellerie-restauration est prolongée d’une année. Une augmentation des salaires est prévue, mais pour Unia ce n’est pas suffisant

Les parties contractantes de la Convention collective nationale de travail de l’hôtellerie-restauration (CCNT) se sont accordées sur une compensation du renchérissement pour tous les employés du secteur en 2023. Celle-ci sera fixée sur la base des prévisions de septembre 2022. Les partenaires sociaux – Unia, Syna, Hotel & Gastro Union, GastroSuisse, HotellerieSuisse et Swiss Catering Association SCA – se sont aussi entendus sur une augmentation supplémentaire des salaires minimums, de 10, 20 et 40 francs selon le degré de formation, indique leur communiqué commun du 8 juin dernier. Aucune augmentation au-delà du renchérissement n’est par contre accordée pour les personnes sans formation. Ce point controversé a soulevé de nombreuses discussions lors de la conférence de branche d’Unia le 30 mai. «Les délégués ont accepté les résultats des négociations à la plus petite des majorités, soit à une voix près», explique Mauro Moretto. Le coresponsable du secteur tertiaire d’Unia tempère: «Vu la volatilité actuelle, le fait d’avoir obtenu le renchérissement pour toutes les travailleuses et les travailleurs de l’hôtellerie-restauration n’est pas banal. Il s’agira de montants assez importants d’au moins 75 francs par mois, fois 13, selon les prévisions actuelles. Reste qu’au vu de la situation très concrète de manque de personnel, les personnes sans formation auraient aussi mérité une augmentation supplémentaire.» Actuellement, le salaire minimum de la CCNT est de 3477 francs brut (fois 13) pour des horaires variant selon la taille des établissements entre 42 et 45 heures hebdomadaires.

Force obligatoire prolongée

Les délégués d’Unia attendent des associations patronales qu’elles reprennent les discussions pour le renouvellement de la CCNT et abordent enfin les nombreux problèmes de la branche. «Depuis trois ans, GastroSuisse bloque les négociations, car elle exige que, dans les cantons où des salaires minimums existent, la CCNT prime. Ce que nous ne pouvons pas accepter», souligne Mauro Moretto. Pour l’heure, la convention est ainsi renouvelée d’année en année, sans changement, hormis les négociations salariales. La déclaration de force obligatoire arrivant à échéance à fin 2022, les partenaires sociaux ont réussi à se mettre d’accord pour sa prolongation d’une année. Une demande sera déposée au SECO.

Unia veut que les revendications des employés soient entendues. Dans ce sens, le syndicat continue de recueillir des signatures sur le manifeste «Nous voulons une vie digne!» lancé le 6 avril 2022, lors d’une journée d’action nationale, par les employés de l'hôtellerie-restauration. La pétition présente 11 revendications pour de meilleures conditions de travail: amélioration des salaires et augmentation des salaires minimums; prise en compte de l’expérience professionnelle; fin du travail sur appel; plannings de travail communiqués trois semaines à l’avance et consultation écrite en cas de modifications; paiement de toutes les heures prévues; droit à la déconnexion; paiement du temps nécessaire pour se changer; mise à disposition des outils de travail, y compris le matériel de protection; répartition transparente et équitable des pourboires; formation des responsables du personnel et mesures contre toute forme de harcèlement; plus de contrôles pour garantir le respect des conditions de travail.

Autant de mesures qui auraient aussi pour effet de valoriser la banche et lutter contre le manque de main-d’œuvre qualifiée qui frappe particulièrement le domaine à la suite de la pandémie, révélatrice qu’une autre vie est possible.

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