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Haro sur les conditions sanitaires indignes

Banderole avec ouvriers
@Thierry Porchet

Unia est intervenu sur plusieurs chantiers comme ici à Saint-Aubin, dans le canton de Neuchâtel, où il a dénoncé des toilettes impropres à l’usage et l’absence de moyens de levage adaptés.

Des actions coup-de-poing sur plusieurs chantiers ont permis de pointer l’insalubrité des lieux d’aisance et des vestiaires, ainsi que l’absence de monte-charges.

Ce sont des plaies qu’on retrouve régulièrement sur les chantiers de Suisse romande et qu’Unia pointe du doigt depuis un certain temps déjà. Elles touchent en particulier le secteur du second œuvre, avec ses multiples artisans, et elles se rendent visibles dans des lieux précis des sites concernés. On veut parler des lieux d’aisance et des vestiaires, tout d’abord, dont on constate souvent l’insalubrité et la non-adéquation avec les normes fixées par la Loi sur le travail. Dans ce domaine, une fois le gros œuvre parti avec ses infrastructures, les entreprises qui lui succèdent n’apportent pas toujours avec elles l’équipement nécessaire – ou conforme – pour répondre aux besoins et aux nécessités des ouvriers. Toilettes en plastiques modèles Toi Toi où il est impensable d’y passer plus que quelques secondes par météo caniculaire; vestiaires improvisés ou mal conçus, quand ils ne sont pas carrément absents: ces failles se répètent avec une régularité effarante.

Scènes de crime

C’est pourquoi Unia a décidé de mener des actions surprises sur des cibles dans toute la Suisse romande pour réclamer des «Chantiers dignes». Les 2 et 3 juillet, des sites considérés comme problématiques ont reçu la visite de représentants du syndicat. A Saint-Aubin, dans le canton de Neuchâtel, des rubans «scène de crime» et des panneaux de dénonciation en format A3 ont par exemple été posés de manière symbolique dans les lieux incriminés. Les syndicalistes ont également pris des photos et des vidéos, fait des discours sur place, puis dénoncé les infractions auprès de la Direction technique et des Inspectorats cantonaux du travail. Pour Yannick Egger, coresponsable de la direction du secteur des arts et métiers à Unia, «ces actions ont pour but de rendre visibles des problématiques invisibilisées auprès de l’opinion publique et des autorités politiques. Nous le faisons en dévoilant des exemples concrets où les ordonnances spécifiques de la Loi sur le travail ne sont pas respectées.» 

Ces dispositifs légaux sont par ailleurs clairs et très précis. Ils imposent la fourniture et la mise en service, dans les baraquements ou les containers, de toilettes propres, aérées, tempérées et pourvues de chasse d’eau. Le quota de toilettes est lui aussi fixé: une pour vingt ouvrières et ouvriers. Quant au recours au modèle Toi Toi, il est possible uniquement pour les chantiers de courte durée ou de petite envergure. Les lavabos – au minimum un pour cinq travailleurs – doivent fournir de l’eau chaude et froide. En ce qui concerne les vestiaires, l’article 30 de l’Ordonnance sur la loi du travail (OLT 3) stipule qu’ils doivent être propres, dotés de compartiments individuels fermés, chauffés en hiver et tempérés en été, et préserver l’intimité. «Nous estimons qu’aujourd’hui les contrôles sur l’application de ces mesures est insuffisant, ajoute Yannick Egger. Notre campagne vise aussi à alarmer les autorités quant à la nécessité de donner davantage de ressources pour renforcer les inspections.» 

Lancement d’une enquête

L’autre domaine que pointe du doigt Unia, à travers les actions des 2 et 3 juillet, est celui de l’absence répétée de moyens de levage pour les charges lourdes. Ici encore, un article, le 25 de l’OLT 3, donne un cadre précis de ce qui est admis et de ce qui ne l’est pas. Un poids ne doit pas excéder les 25 kg pour les hommes et les 15 kg pour les femmes. Il peut être porté pour un maximum de 30 minutes par jour et sur un trajet de 30 mètres ou l’équivalent d’un étage. Tout cas de figure qui dépasserait ces standards impose la présence d’une grue, d’un monte-charge ou d’autres moyens mécaniques. «Dans ce domaine, les ouvriers du second œuvre sont confrontés à des évolutions importantes, souligne Yannick Egger. C’est le cas des métiers du bois et d’autres encore, qui doivent faire face par exemple à la pose de baies vitrées toujours plus grandes et nombreuses. Cela implique le port de poids considérables, très souvent sans moyens de levage. Cette situation n’est plus acceptable.» 

Pour faire avancer la grande cause des «Chantiers dignes», Unia lance une vaste enquête auprès des ouvriers, qui seront appelés à répondre à trois questions permettant d’évaluer l’hygiène sur les chantiers, la propreté des toilettes et la fréquence du port de charges lourdes. Par ailleurs, les travailleurs et les travailleuses de la branche peuvent signaler des problèmes de manière anonyme en se rendant sur: unia.ch/chantiers-dignes

Une vidéo de Thierry Porchet.

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