«Je peux désormais regarder les autres dans les yeux»
L’opération Papyrus n’aurait pas été possible sans l’engagement du Collectif de soutien aux sans-papiers composé d’associations et de syndicats dont Unia. Ces associations et ces syndicats ont organisé une vingtaine de séances d’information et assuré plus de 2230 heures de conseils. Ils ont déposé 1264 dossiers représentant 1931 personnes, soit les deux tiers des demandes. Le conseiller d’Etat Mauro Poggia a salué le «travail immense» effectué, qui a allégé «considérablement» la tâche de l’administration. Les syndicats sont, en outre, intervenus pour obtenir les arriérés de salaires dus.
Dans un communiqué, le collectif a tiré un bilan «très positif» de Papyrus. En premier lieu au nom des concernés. «Les personnes régularisées peuvent désormais construire leur avenir à Genève sereinement», s’est félicitée Marianne Halle du Centre de contact Suisses-immigrés et représentante du collectif assistant à la conférence de presse. «Une dame m’a dit sa satisfaction de pouvoir conclure un abonnement de téléphone. Plus important, ces personnes sont libres d’entreprendre des formations, l’une d’elles a ainsi commencé des études de médecine. La possibilité leur est désormais ouverte de retourner au pays pour revoir leur famille. Elles peuvent conclure un bail et contacter la police lorsqu’elles sont victimes d’un délit. “Maintenant je peux regarder les autres dans les yeuxˮ, m’a dit une femme.»
Parmi les éléments positifs, le collectif cite la procédure simplifiée, la possibilité de se passer du soutien de l’employeur ou encore la prise de conscience de ces derniers dans l’économie domestique quant à leurs obligations. «Avec la publicité autour de l’opération, de très nombreuses personnes nous ont contactés et ça nous a aussi permis de faire la lumière sur diverses formes d’abus dont elles étaient victimes et de leur venir en aide.»
Les associations et les syndicats regrettent de ne pas avoir pu engager la procédure Papyrus pour certaines personnes parfois bien intégrées en raison des critères stricts, excluant par exemple le domaine de l’asile, et d’avoir dû déconseiller de poser des demandes. «On a vu des avocats qui ont exploité cette détresse et ont déposé des dossiers en exposant les personnes à un risque de renvoi», a déploré Marianne Halle. Les refus étant assortis d’une décision d’expulsion.
La problématique n’est pas refermée, quelque 10000 sans-papiers vivraient à Genève, et le collectif plaide pour le maintien du dispositif, en espérant que cette expérience donne confiance à d’autres cantons pour faire sortir de la clandestinité ces travailleurs et leurs familles.