Venus de toute la Suisse, quelque 400 travailleurs de l’installation électrique ont défilé le 19 mai à Zurich
A l’appel d’Unia et de Syna, quelque 400 électriciens venus de toute la Suisse ont manifesté le samedi 19 mai à Zurich. «Cette mobilisation inédite est à la hauteur des attentes de la profession. Mais pour un week-end prolongé, c’est tout de même un grand succès, résultat du travail conséquent mené dans les régions», juge Aldo Ferrari, vice-président d’Unia et responsable des arts et métiers. «De mémoire de militant, c’est la première fois que des électros convergent de toute la Suisse. C’est une vraie réussite», confirme Pablo Guarino, secrétaire syndical d’Unia Vaud, qui a accompagné une délégation cantonale forte d’une trentaine d’électriciens. Après s’être rassemblés à la gare de Zurich, les manifestants ont défilé jusqu’au siège de l’Union suisse des installateurs-électriciens (USIE) pour déposer une pétition munie de 4474 signatures demandant des améliorations substantielles de leurs conditions de travail et d’embauche dans le cadre du renouvellement de la Convention collective de travail (CCT) de l’installation électrique et de l’installation de télécommunication. De force obligatoire, cette CCT, qui arrive à échéance à la fin de l’année, couvre les métiers de monteur-électricien, électricien de montage et télématicien. Selon les chiffres de 2016, environ 2200 entreprises employant quelque 18000 travailleurs y sont assujetties. Les manifestants étaient attendus par Michael Tschirky, président de l'USIE, Thomas Emch, chef de la représentation patronale aux négociations pour le renouvellement de la CCT, et Simon Hämmerli, directeur de l'USIE, qui ont ouvert leur porte pour discuter durant une demi-heure avec une délégation syndicale. «Les patrons ont eu le courage de venir à notre rencontre», reconnaît le vice-président d’Unia.
Semaine de 44 heures abandonnée
Quelques jours avant cette manifestation, la partie patronale avait renoncé à son projet de faire passer la semaine de travail de 40 à 44 heures. Une décision prise sans doute face à l’ampleur de la mobilisation annoncée. «Dans un délai court, un travailleur sur quatre a signé cette pétition, souligne Aldo Ferrari. Cette première victoire encourageante montre que la mobilisation paie.» Pour le vice-président d’Unia, les employeurs semblent être revenus à de meilleurs sentiments: «Cette profession a fondamentalement besoin d’une revalorisation des salaires et je crois qu’ils l’ont compris.» L’électricité est en effet réputée être le parent pauvre de la construction. Le salaire minimum d’entrée pour un électricien de montage diplômé n’est que de 4050 francs mensuels, alors que la formation dans cette branche est considérée comme étant la plus exigeante des métiers de la construction. Conséquence, «nombre d’apprentis formés partent au bout de quelques années, c’est une véritable hémorragie qui pèse sur la branche», relève Pablo Guarino. Une revalorisation générale des salaires est donc la première revendication des électriciens dans ces négociations conventionnelles. Ils réclament aussi des jours de formation continue supplémentaires pour s’adapter au virage numérique, ainsi que de bénéficier d’une retraite anticipée à l’instar de leurs collègues maçons, plâtriers et peintres. La prochaine séance de négociation aura lieu le 19 juin.