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Les Fribourgeois rejettent le salaire minimum

pancarte salaire minimum
© Olivier Vogelsang

L’initiative de la gauche et des syndicats a été refusée à plus de 53%. Le combat pour des salaires décents continue.

Le 30 novembre, l’initiative «Pour un salaire minimum» qui visait à introduire un salaire minimum obligatoire de 23 francs de l’heure, soit de 4000 francs par mois, dans le canton de fribourg a échoué. 53,54% des électeurs l’ont balayée. L’objectif des partis de gauche et des syndicats, dont Unia, était clair: permettre à tous les salariés de vivre dignement de leur travail, sans recourir aux aides de l’État, ce qui est le cas d’environ 6500 travailleurs pauvres à Fribourg.

Le Conseil d’État et les milieux économiques ont eu gain de cause, mais les initiants ne baissent pas les bras. Dans un communiqué de presse, le comité d’initiative déclare prendre acte et respecter pleinement les résultats. «Ces derniers, relativement serrés, montrent qu’une large part de la population souhaite que l’on agisse sur cette question et attend des réponses concrètes et rapides. Nous appelons nos adversaires à faire preuve de cohérence et à présenter des propositions opérationnelles afin que les travaux puissent se poursuivre dans un esprit constructif.» Les partisans du salaire minimum se disent ouverts à toute solution sérieuse qui permettrait d’améliorer les salaires, et prennent leurs adversaires au mot. «Nous prenons acte des engagements de nos opposants, qui affirment vouloir résoudre la précarité des working poor par la mise en place de conventions collectives de travail (CCT) dans toutes les branches. Dès maintenant, nous mettrons à l’épreuve leur bonne foi, notamment dans le secteur du commerce de détail, où des discussions sont en cours.»

La mobilisation continue, sur le terrain, dans les entreprises, et dans les négociations de CCT, assure le comité. «Ce vote n’est pas une fin, nous restons déterminés à défendre la dignité du travail et à construire un canton où chacune et chacun peut vivre de son salaire. La lutte sociale se poursuit, avec force et conviction.»

Miser sur les conventions collectives

«Il n’a pas manqué grand chose, commente François Clément, secrétaire régional d’Unia Fribourg au lendemain des votations. Il y a quand même une grosse progression sur le sujet, avec 47% de Oui à Fribourg contre moins de 25% lors des votations sur le salaire minimum au niveau fédéral en 2014.»

Pour le responsable syndical, il s’agit de respecter la volonté populaire et d’aller de l’avant dans les négociations conventionnelles. «Les autorités, les employeurs et nous sommes tous d’accord sur le constat qu’il est inacceptable de dépendre de l’aide sociale quand on travaille. Notre solution n’a pas convaincu, donc nous allons passer par la leur, à savoir travailler au niveau des CCT pour obtenir des améliorations. S’ils sont de mauvaise foi, par contre, nous n’hésiterons pas à employer des moyens d’action syndicale.» Il n’y a plus qu’à, donc… MT

Des causes qui avancent

Parmi tous les objets soumis au vote au niveau national et cantonal, on retiendra la claque infligée au service citoyen, refusé à 84%. Autre défaite de taille, celle de l’initiative pour l’avenir, emmenée par la Jeunesse socialiste qui voulait taxer les successions des ultra-riches pour financer la transition écologique. 78% des électeurs suisses n’y sont pas encore prêts. Les initiants dénoncent «une campagne de diffamation sans précédent menée par les plus riches», mais ils ne se démobilisent pas. «Indépendamment du résultat, l'initiative a eu un impact politique important. Le débat sur l’impôt sur les successions et le pouvoir des ultra-riches est de retour au centre des discussions politiques, et il y restera.»

Dans le canton de Vaud, le droit de vote aux étrangers a aussi été écarté, mais Agissons! se félicite de constater que la thématique a fait du chemin. «Le peuple a dit non aujourd’hui, mais moins fortement qu’en 2011. L’évolution est progressive: de plus en plus de personnes reconnaissent la nécessité d’une démocratie ouverte à celles et ceux qui participent au quotidien à la vie du canton. Nous nous rapprochons d’un basculement. Il nous appartient de poursuivre, d’élargir encore la mobilisation et de transformer cet élan en victoire lors de la prochaine occasion.» En attendant, plus de 100 000 résidents de longue durée restent exclus de décisions déterminantes pour leur quotidien. MT

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