Les femmes enceintes au bénéfice du chômage sont toujours pénalisées
On estime à 500 le nombre de victimes en Suisse qui subissent chaque année une double coupe dans les prestations sociales.
La commission du Conseil des Etats refuse de protéger cette catégorie lorsqu’elle est en incapacité de travail ou qu’elle arrive en fin de droit.
On peut être dans l’attente d’un heureux événement et passer un très mauvais moment lorsqu’on est femme et qu’on est au bénéfice des prestations du chômage. C’est un scénario que connaissent chaque année des centaines de personnes en Suisse, qui doivent faire face aux mécanismes pernicieux permettant de les exclure de ce droit fondamental. Il en est ainsi pour celles qui se retrouvent en incapacité de travail pour des raisons médicales. Dans ce cas, l’assurance chômage ne donne accès qu’à 30 indemnités journalières, même dans le cas où les personnes concernées ont cotisé durant de longues années. De fait, cela pousse vers une possible situation de détresse cette catégorie fragilisée sur le marché du travail. Il en est également ainsi pour toutes celles qui arrivent en fin de droit avant d’avoir accouché. Pour elles, la peine est double: il y a d’une part la perte des indemnités chômage, mais également l’impossibilité de percevoir les allocations de maternité.
Sur le front social, le cadre réglementaire en question provoque des dégâts considérables: on estime à 500 le nombre de victimes qui subissent chaque année la double amputation dans leurs budgets. Pourtant, la commission du Conseil des Etats n’a pas jugé utile de prendre en compte les arguments permettant de corriger le tir. A la majorité de ses membres – plutôt âgés et pour la plupart de sexe masculin – l’entité de la Chambre haute a refusé de donner davantage de protection à ces citoyennes. Ce qui a fait réagir l’Union syndicale suisse (USS). Dans un communiqué daté du 15 août, l’organisation souligne que «selon les chiffres de l’administration, prolonger le droit aux indemnités journalières pour les femmes enceintes coûterait à peine 0,12% des dépenses totales de l’assurance-chômage – une somme négligeable pour le budget de l’assurance sociale, mais décisive pour les femmes concernées.» L’USS se tourne désormais vers le Conseil des Etats et lui demande de «corriger cette décision sommaire et injuste» et de «faire un pas important vers davantage d’égalité.»