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La crise industrielle s’expose à Yverdon

Objets exposés.
© Thierry Porchet

L'exposition "On ferme!", à Yverdon, expose entre autres de nombreux articles de renommée mondiale - machines à écrire Hermès, caméras Bolex, tourne-disques Thorens, etc. - produits dans la région à l'âge d'or de l'industrie régionale.

Depuis cinquante ans, la cité du Nord vaudois, qui abritait plusieurs fleurons de l’industrie suisse, a vu la plupart de ses usines délocalisées ou fermées les unes après les autres. Une exposition revient sur ce bouleversement.

Au plus fort des Trente Glorieuses, époque de prospérité économique de l’après-guerre en Suisse, plus de la moitié de la population active d’Yverdon et de Sainte-Croix travaillait dans l’industrie. Des marques de renommée mondiale, comme les machines à écrire Hermès, les caméras Bolex ou les tourne-disques Thorens, étaient alors fabriquées dans la région. Mais cette activité industrielle n’a cessé de décliner depuis la crise pétrolière des années 1970, et Yverdon a dû se réinventer un avenir, notamment en réhabilitant ses bains thermaux.

Cette désindustrialisation – qui s’est poursuivie récemment avec la fermeture en 2021 de l’usine de piles Leclanché, dont la production a été délocalisée en Allemagne et en Pologne – a marqué les esprits et le territoire. Le Musée d’Yverdon et région a décidé de revenir sur ce pan important de l’histoire locale, avec l’exposition «On ferme!»*. Visible jusqu’en janvier 2026, celle-ci raconte l’essor, l’âge d’or puis le déclin de l’activité industrielle régionale, au travers de nombreux objets, témoignages, documents, coupures de presse, archives audiovisuelles, photos, affiches et autres dispositifs interactifs. 

Exposition participative

«L’aspect participatif est essentiel dans ce travail de mémoire collective, explique Corinne Sandoz, conservatrice du Musée d’Yverdon et commissaire de l’exposition. Nous avons voulu comprendre pourquoi ces industries, qui ont fait d’Yverdon une ville florissante, ont fermé les unes après les autres. Mais il s’agissait aussi de raconter comment la fin de ce monde industriel a été perçue par les gens.»

Un appel aux dons d’objets et aux témoignages a été lancé dès 2023. Entre autres, un ancien employé des usines Hermès-Paillard a offert sa collection de plus de 300 machines à écrire, radios, caméras et tourne-disques de toutes époques, dont seule une partie a pu être exposée. Les dons restent d’ailleurs les bienvenus tout le temps que dure l’exposition, et même au-delà, puisqu’ils serviront à constituer une collection pérenne que le musée va s’appliquer à conserver. «L’exposition est prévue pour être évolutive et les nouveaux objets reçus pourront être ajoutés à ceux déjà présentés», précise Corinne Sandoz.

Près de trois siècles d’histoire

En plus des marques susmentionnées, le matériel réuni relate aussi les destins des eaux minérales Arkina, aujourd’hui produites aux Grisons, des cigares Vautier, des radios Paillard, des pâtes Besson, de l’entreprise Céramiques d’Yverdon S.A. et de la teinturerie Ehinger. Cette dernière, fondée en 1714, n’était pas loin de fêter ses trois siècles d’existence, quand elle a été rachetée en 2008 par la société Baechler. L’exposition évoque bien sûr les conséquences sociales des restructurations, délocalisations et fermetures d’usines, de même que la reconversion des friches industrielles

Outre des clichés d’époque, «On ferme!» présente également une partie des enquêtes photographiques plus récentes sur le monde et le patrimoine industriel local, réalisées par Diana B. Kingsbury, Sarah Carp et Thierry Porchet – lequel travaille pour L’Evénement syndical – ainsi que des peintures de l’artiste Sébastien Mettraux. L’exposition a été réalisée en partenariat avec la RTS, la HEIG-VD, la plateforme d’histoire participative notreHistoire.ch, et a bénéficié de recherches effectuées par les étudiants en master d’histoire de l’Université de Neuchâtel.

*Exposition: «On ferme! Mémoires de la crise industrielle», jusqu’au 11 janvier 2026, du mercredi au dimanche, 11h–18h. Musée d’Yverdon et région, place Pestalozzi 11. 

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