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Dix-neuf lettres pour fêter les 20 ans d’Unia

Groupe avec drapeaux Unia fêtant la création du syndicat.
© Thierry Porchet

Le syndicat Unia a été créé le 16 octobre 2004, lors d’un congrès historique organisé à Bâle, réunissant sous une même bannière les syndicats SIB, FTMH rejoints par la FCTA.

Le syndicat publie un ouvrage qui retrace, sous la forme d’un abécédaire, les grands moments de son histoire.

Il y a mille manières d’évoquer l’existence d’une institution comme Unia, de faire ressurgir les débats et les luttes portés année après année sur la place publique, de célébrer ses victoires et de se souvenir aussi de ses quelques revers. Alors que le plus grand syndicat de Suisse entre définitivement dans l’âge adulte – 20 petites bougies sur son gâteau – rien n’est sans doute plus approprié que la publication d’un ouvrage spécialement consacré à l’événement. Celui que fait paraître ces jours-ci l’organisation affiche des formes opulentes et des contenus généreux. On y entre un peu comme si on se faufilait dans un millefeuille. Organisé sur le mode d’abécédaire, «Unia: 20 ans de force» offre aux lectrices et aux lecteurs une double expérience. En le feuilletant, on pourra renouer avec un passé parfois éloigné, on repensera sans doute avec un zeste de nostalgie aux luttes et aux mobilisations remarquables qui ont parsemé les annales syndicales. Mais on sera en même temps solidement ancré au présent et à l’avenir proches, à travers l’évocation des problématiques actuelles relatives au monde du travail et, plus largement, aux enjeux liés à la justice sociale. 

Les défis des années 1990

Unia se dévoile et se célèbre en plus de 300 pages! On a affaire à un beau pavé, donc, avec son éditorial – «Un hommage à nous toutes et tous» – signé par la présidente Vania Alleva. Et sa longue introduction historique, qui rafraîchit les mémoires et renvoie aux premiers pas du syndicat et à tout ce qui a précédé cette naissance. Voilà alors, dans ces lignes et ces photos, la résurgence d’une époque, celle des années 1990, marquée par des mutations et des crises, des interrogations profondes et des scénarios politiques et économiques qui ouvrent à tous les possibles. Le secteur industriel en Suisse perd de sa puissance tandis que celui des services connaît une ascension fulgurante, et ce en même temps que la doctrine néolibérale se répand partout de manière capillaire. Face à un contexte en mouvement, le monde syndical doit répondre à de nouveaux défis. Ainsi, naît en 1992 le Syndicat industrie et bâtiment (SIB), un «syndicat pour temps difficiles», dira son président Vasco Pedrina. Quatre ans plus tard, face à la menace d’un démantèlement généralisé de l’Etat social, les deux organisations les plus puissantes du pays, SIB et FTMH, donnent vie à ce qu’on a dénommé «petit Unia». C’était en 1996, la brèche pour la création d’un seul grand syndicat était ouverte. 

Ce projet, à peine croyable entre rivaux et parfois ennemis, se concrétisera le 16 octobre 2004, lors d’un congrès historique qui se tiendra à Bâle: le SIB et la FTMH, rejoints par la FCTA, abandonnent leurs acronymes respectifs et se placent sous un seul drapeau. Paul Rechsteiner, alors président de l’USS, aura une phrase qui résumera avec humour la portée de l’affaire: «Beaucoup croyaient davantage à une réconciliation des catholiques et des protestants qu’à une fusion de la FTMH et du SIB!»

Des figures admirables

Dans la foulée, suivent dix-neuf lettres, de A comme Alleva – un récit biographique d’une «seconda» qui a vécu dans sa peau la xénophobie ambiante des années 1970 – à Z comme Zivag, l’identité et l’action d’Unia se teignent d’un rouge vif. Ici avec la grande grève sur le chantier du tunnel du Baregg, qui a permis d’obtenir la retraite à 60 ans pour la branche de la construction; là avec l’éclosion de la lutte féministe. Plus loin dans ce combat pour les horaires et les jours d’ouverture des commerces ou encore pour la régulation de l’économie de plateformes. Autant de hauts faits auxquels viennent se greffer de multiples questions cruciales telles que le dérèglement climatique, les problématiques liées aux migrations ou encore les rapports avec l’Europe. Dans les plis de cet éventail, on croise encore des figures étonnantes ou admirables du fait de leur engagement têtu pour le droit des travailleuses et des travailleurs. Ce sont des portraits d’activistes et de secrétaires syndicaux. Et chacun, avec sa trajectoire, dit en filigrane l’importance d’un syndicat, il rappelle sa raison d’être, qui est primordiale pour la bonne marche de la démocratie.

«Unia: 20 ans de force», conception et rédaction: Marie-Josée Kuhn, 306 p. Disponible ici

Une vidéo de Virginie Zimmerli.

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