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Le ski sur une mauvaise pente

Je dois bien l'avouer, j'ai été un brin jaloux en voyant sur les réseaux sociaux les photos des veinards qui ont passé les vacances de Noël à la montagne. Neige immaculée et abondante, soleil radieux, de quoi remuer le couteau dans la plaie de ceux restés en plaine, sous le stratus, leurs skis remisés à la cave. Mais il faut bien l'avouer aussi, ces images se font plus rares d'année en année. Réchauffement climatique oblige, le tableau hivernal qui tend à s'imposer dans les stations de ski est plutôt celui de longues traînées blanches de neige artificielle serpentant au milieu d'un tapis d'herbe jaunie. Tout de suite, ça fait moins rêver. Alors, au risque de passer pour un traître à la patrie, osons la question: faire du ski a-t-il encore du sens? La poser vous attire immanquablement les regards suspicieux des inconditionnels du sport national helvétique, qui ne renonceraient pour rien au monde à dévaler les pentes sur leurs lattes, quel qu'en soit le prix à payer.

Or, ce prix, justement, est de plus en plus cher. Au sens propre, déjà. Entre l'équipement, le forfait des remontées mécaniques, le restaurant, etc., il faut de nos jours débourser une fortune pour passer ne serait-ce qu'une journée au ski en famille. C'est en train de devenir un luxe inabordable pour de nombreux ménages écrasés par l'inflation, la hausse continuelle des primes d'assurance maladie et autres joyeusetés. Tout ça pour un plaisir qui n'en est plus vraiment un. Il faut se lever aux aurores pour faire la queue sur la route, faire la queue à la caisse pour acheter son forfait, et au final, passer moins de temps sur les pistes qu'à faire la queue au pied du télésiège, bousculé par des abrutis qui veulent vous dépasser. Puis, encore faire la queue à la buvette d'alpage pour une assiette de spaghettis trop cuits ou de röstis dégoulinants de graisse et, en fin de journée, refaire la queue sur la route.

Et surtout, il y a le prix environnemental. Quand elles ne mettent pas la clé sous la porte par pénurie d'or blanc, la plupart des stations de ski ne survivent que grâce aux canons à neige. Gourmands en eau et en énergie – sans parler de la pollution des additifs chimiques parfois utilisés – ceux-ci sont une absurdité écologique à l'heure où les ressources naturelles sont sous pression. En particulier l'eau, qui se raréfie, même en Suisse. Et pour quel résultat en fin de compte? Une neige dite «de culture» qui colle aux skis et est loin de procurer les sensations de glisse d'une authentique poudreuse. Cela vaut-il encore la peine de défigurer le paysage avec des alignées de pylônes qui ne servent que trois mois par an, et de bétonner la montagne en multipliant les immeubles pour vacanciers? Faut-il encore apprendre à skier aux plus jeunes générations, en sachant que c’est un loisir qu’elles n’auront plus la possibilité ou les moyens de pratiquer à l’âge adulte, parce qu'il n'y aura plus assez de neige ou qu'il faudra aller trop loin pour en trouver? Songez-y au moment de remplir votre bulletin de vote sur l’initiative «Pour une économie responsable respectant les limites planétaires», le 9 février.

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