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«Dernière ligne gauche» pour l’initiative 99%

Pierre-Yves Maillard lors de la conférence de presse.
© Thierry Porchet

La semaine dernière, les jeunes socialistes vaudois avaient invité des élus de gauche du canton pour défendre leur initiative qui vise à taxer le revenu du capital. Parmi les intervenants, Pierre-Yves Maillard, conseiller national et président de l’Union syndicale suisse.

En vue des votations du 26 septembre, plusieurs élus de gauche vaudois ont rappelé la justesse de l’initiative des Jeunes socialistes pour une société plus équitable

Dans moins de trois semaines, les citoyens devront se prononcer sur un grand principe: veulent-ils une société plus égalitaire ou non? L’initiative populaire «Alléger les impôts sur les salaires, imposer équitablement le capital» (dite 99%) de la Jeunesse socialiste suisse (JSS) propose justement de taxer un peu plus les ultrariches pour redistribuer cet argent à la collectivité, à la classe moyenne comme aux foyers modestes. Lors d’une conférence de presse organisée par la JS vaudoise la semaine dernière, Pierre-Yves Maillard, conseiller national socialiste et président de l’USS, est revenu sur les critiques des opposants. A commencer par le flou de l’initiative qui fait craindre à la droite des dérives. «C’est l’argument le plus usé. Car ceux qui vont donner les contours de cette redistribution, c’est le Parlement suisse. Il n’y a donc pas à craindre de tomber dans des mesures extrêmes et dérangeantes pour les détenteurs des capitaux, a-t-il asséné, réaliste. Le texte proposé par la Jeunesse socialiste est modéré. Or, les opposants n’hésitent pas à mentir.» Rappelons que seuls les rendements du capital, et non pas les salaires, au-dessus de 100000 francs, seront taxés plus fortement. Soit les dividendes d’un actionnaire ou les bénéfices d’un propriétaire d’immeuble. «Une meilleure répartition des richesses est essentielle pour éviter l’augmentation de tensions sociales. Cette initiative touche seulement le 1% des plus riches de ce pays et peut rapporter 10 à 15 milliards de francs qu’on pourra réinjecter notamment pour diminuer les primes d’assurance maladie. Cela pourrait signifier une baisse de plus d’un tiers des primes, voire de la moitié pour la classe moyenne et les plus précaires. A l’opposé, ceux qui possèdent déjà beaucoup ne se gêne jamais de prendre dans le pot commun!»

Sa collègue au Conseil national, la Verte Léonore Porchet, a donné un exemple frappant: «Douze milliards de francs, c’est la fortune estimée d’un ancien conseiller fédéral, qui a osé demander ses allocations rétroactivement! Pour atteindre cette somme, une infirmière devrait travailler 160000 ans, une caissière 240000 années.» Pour l’élue, l’initiative 99% est une question de justice sociale et aussi d’écologie politique. Selon une enquête de l’ONG Oxfam, 1% des plus riches polluent deux fois plus que la moitié des plus pauvres. Et leurs émissions de gaz à effet de serre ne sont pas en voie de diminuer puisque les jets et les yachts privés se vendent de plus en plus. «Ces vols de luxe sont dix fois plus polluants qu’un vol de ligne classique et 150 fois plus qu’un trajet en train, a signalé Léonore Porchet. Une meilleure répartition des richesses est aussi indispensable pour permettre à tout le monde de s’adapter et de se protéger au mieux des conséquences du réchauffement climatique sur leur santé, leur alimentation, leur environnement…»

Aggravation des inégalités

La pandémie du Covid-19 a encore accentué les inégalités, ont rappelé Anaïs Timofte, présidente du POP Vaud, et Laurie Willommet, conseillère municipale socialiste à Vevey. Alors que ceux qui produisent réellement la richesse de ce pays sont les travailleurs et les travailleuses, 1% des plus riches s’arroge plus de 40% des richesses. Un chiffre en constante hausse. «Face aux offensives néolibérales, dont l’attaque au droit du timbre fait partie, l’initiative 99% est l’une des réponses», a souligné Anaïs Timofte. Pour Laurie Willommet, «cette initiative permet aussi d’œuvrer pour davantage d’égalité entre les femmes et les hommes», notamment par une diminution du coût des crèches grâce à la redistribution de ces milliards dans des secteurs essentiels.

Le conseiller national socialiste et économiste Samuel Bendahan a, quant à lui, tenu à rassurer les petites et moyennes entreprises (PME). «Cette initiative ne va concerner que les PME qui distribuent plus de 100000 francs de dividendes à chacun de ses actionnaires. Soit aucune. Si l’initiative est acceptée, le Parlement ne ciblera dans sa mise en application que les multimilliardaires. 99% veut bien dire ce que ça veut dire: l’initiative est positive pour la majorité et pour toute l’économie du pays.»

«Le problème, comme l’économiste le souligne en aparté, c’est que les gains du capital sont actuellement bien investis contre nous». Soit au travers de publicités, parfois mensongères, contre le texte d’une jeunesse pourtant si inspirée et inspirante.

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