Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Récolter des milliards pour la transition écologique et sociale

riches
© Olivier Vogelsang

L’initiative veut taxer les riches. Elle propose d’instaurer un impôt fédéral de 50% sur les grandes fortunes, à partir de 50 millions de francs, afin de financer massivement la lutte contre le réchauffement climatique.
 

L’initiative «pour l’avenir» sera soumise au vote le 30 novembre prochain. L’Union syndicale suisse se montre un peu frileuse. Enjeux.

Imposer une taxe sur les héritages des ultrariches afin de financer des mesures de protection du climat socialement équitables et de réduire les inégalités de richesses, tel est l’objectif de l’initiative «pour l’avenir». Le peuple devra trancher le 30 novembre prochain. 
Pour bref rappel, le texte propose d’instaurer un impôt fédéral de 50% sur la part des successions et donations dépassant 50 millions de francs, afin de financer massivement la lutte contre le réchauffement climatique. Les recettes seraient intégralement affectées à la transition écologique notamment dans le domaine du logement, du travail ainsi que des services publics.

L’alliance a tenu une conférence de presse début novembre. «Avec leurs milliards, les ultrariches détruisent le climat et la démocratie. Nous devons prendre l’argent là où il est, chez les plus riches. Avec ces milliards, nous pourrons financer la transition sociale et écologique de la société», estime Julien Berthod, vice-président de la Jeunesse socialiste suisse, à l’origine de cet objet.
Six milliards de francs par an pourraient être récoltés. «La majorité bourgeoise a échoué face à la crise climatique, constate Lisa Mazzone, présidente des Vert-e-s suisses. Nous avons désormais besoin de toute urgence d'investissements importants, financés de manière socialement équitable, afin de faire avancer la protection du climat!» 

Les travailleurs en première ligne
Pour avoir un impact réel et durable, les militants appellent à opérer un virage à 180° dans la politique climatique. «Les moyens financiers mobilisés ne sont pas suffisants pour réduire les émissions, atteindre l'objectif de l'accord de Paris et permettre l'adaptation au changement climatique. Cela doit changer maintenant», souligne Irmi Seidl, professeure titulaire et économiste à l'Université de Zurich.
Pour Christian Dandrès, président du SSP suisse et conseiller national PS, cette votation est déterminante pour les travailleuses et les travailleurs. «La crise climatique est un enjeu syndical parce que ses conséquences frappent au quotidien les salariés. Nombre d’entre eux sont exposés à un environnement dégradé et aux risques de catastrophes naturelles.»

Démocratie menacée
Les initiants appellent à voter en faveur de cet objet dans le but de protéger notre démocratie, démontrant que les inégalités croissantes en matière de richesses alimentent les crises les plus graves de notre époque. Dans un sondage réalisé par la SRG et gfs.bern, les 74% des personnes interrogées considèrent que l'influence des milliardaires sur la politique et la société constitue le plus grand danger. «Le pouvoir économique se traduit par un pouvoir politique, au détriment de la majorité. Il s'agit là d'une atteinte aux fondements démocratiques de la Suisse», soulève David Roth, vice-président et conseiller national du PS suisse.

Soutiens à gauche
L’initiative est soutenue par le Parti socialiste, les Verts mais aussi d’autres partis de gauche, ainsi que des associations de protection de l’environnement et d’aide au développement. 
A Genève, une quinzaine d’organisations ont récemment lancé un appel à un sursaut populaire pour défendre une politique climatique à la fois ambitieuse et équitable. Parmi elles, des partis de gauche, mais aussi la Communauté genevoise d’action syndicale. «Depuis plusieurs mois, les ultrariches et leurs relais politiques mènent une contre-campagne agressive, dénoncent-ils. Dès mars 2025, alors même que la date de la votation n’était pas encore connue, des affiches alarmistes ont envahi les gares suisses, truffées de désinformation et de caricatures. Si la droite et les lobbys économiques se mobilisent avec autant de moyens, c’est bien parce que l’initiative vise juste et remet en cause leurs privilèges.»

Syndicats partagés
De son côté, l’Union syndicale suisse (USS) laisse la liberté de vote sur cette initiative. Unia fait de même. Si l’USS convient qu’une meilleure répartition des richesses et une transformation écologique et sociale de l'économie sont souhaitables d’un point de vue syndical, elle se demande quand même si l'initiative peut atteindre ces objectifs et s’interroge sur les conséquences sur les salaires et l'emploi en Suisse. «Si la Suisse introduisait l’impôt demandé, il y aurait des changements de comportement chez les personnes fortunées», projette la faîtière syndicale, qui souligne que la Suisse serait le pays européen avec la plus grosse charge fiscale pour les personnes fortunées. «On peut imaginer un départ des riches vers l'étranger, avec ou sans délocalisation de parties de l'entreprise, mais aussi moins d'investissements dans les entreprises en Suisse, car les entreprises seraient privées de liquidités par le biais de l'impôt sur les successions.»
Malgré la «sympathie» éprouvée par l’USS pour les objectifs centraux de cette initiative, elle ne néglige pas les «risques» et préfère se prononcer en faveur d'un contre-projet à l'initiative de la Jeunesse socialiste. «Au Parlement, il y a eu des propositions en ce sens, visant à imposer les remises à des taux moins élevés. Lors de la session d'été, le Conseil des Etats votera sur un impôt sur les successions avec un taux de 5% et une franchise de 5 millions de francs. L'USS soutient ce contre-projet.» 

Pour aller plus loin

«Une initiative contre la protection des salaires»

Débarquement de frontaliers.

Unia s’oppose fermement à l’«initiative pour la durabilité» de l'UDC, qui est selon le syndicat une attaque massive contre les salaires et les conditions de travail en Suisse.

A Neuchâtel, faire barrage à la droite réactionnaire lors des élections cantonales

Dès en bois avec le mot "vote"

L’Union syndicale cantonale neuchâteloise (USCN) appelle à soutenir les partis de gauche lors du renouvellement du Grand Conseil et du Conseil d’Etat le 23 mars.

Pour une place financière durable

La place financière suisse génère au moins 18 fois le total des émissions de gaz à effet de serre domestiques de la Suisse. Des banques, des assurances et des caisses de pension...

Comptes 2024

illustration