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Silvia Locatelli, une rebelle dotée d'expertise et de talent

Femme poing levé
©Matthias Luggen

Depuis 2021, Silvia Locatelli dirige la région Neuchâtel d'Unia. 

Enfant déjà, la syndicaliste refusait les injustices. Elle n'a jamais renoncé à cette révolte. La candidate à la direction d'Unia évoque ses origines espagnoles et les moments forts de sa carrière syndicale.

L'amour de l'authenticité. C'est peut-être ce qui caractérise le mieux Silvia Locatelli. Lorsqu'elle parle de son engagement syndical, elle le qualifie de «travail authentique, proche des gens». Pour elle, une chose est claire: «Je ne voudrais pas faire un autre métier. J'ai essayé pendant 5 ans au canton.» Lorsque Silvia Locatelli a temporairement quitté Unia, Catherine Laubscher était responsable régionale à Neuchâtel et elle évoque ainsi son départ: «Le jour où Silvia a démissionné, j'ai rayé un mur du garage avec ma voiture, tellement j'étais bouleversée.»

Les parents de Silvia Locatelli ont quitté l'Espagne franquiste pour venir en Suisse. Son père travaillait dans un restaurant, sa mère était femme de chambre dans un hôtel. Ils ont réussi assez rapidement à se libérer de leur statut de saisonniers. Mais leur famille élargie était marquée par des séparations: «Il manquait toujours quelqu'un». Pour la naissance de sa sœur aînée, sa mère est partie en Espagne. Et elle est revenue en Suisse sans bébé. La situation financière de ses parents était précaire, ils ne se sentaient pas en mesure de subvenir aux besoins de deux enfants. «C'était horrible», se souvient-elle. 

Un tempérament rebel
Sa mère avait un emploi à temps plein et s'occupait en plus de toutes les tâches ménagères et familiales. Pour son père, les tâches ménagères étaient inhérentes à la condition féminine. Très tôt, Silvia Locatelli s'est intéressée à la politique. Elle connaissait les noms de tous les conseillers fédéraux. Ses camarades suisses, en revanche, ne les connaissaient pas. Silvia ne comprenait pas pourquoi ceux-ci auraient quand même le droit de voter et d'élire plus tard! Elle ne pouvait accepter l'injustice, ni en tant que femme, ni en tant que migrante. Dans sa «famille traditionnelle et patriarcale», elle était une rebelle. C'est peut-être pour cela que le président régional Christian Weber déclare aujourd'hui: «Elle aurait aussi pu se tourner vers l'extrême gauche. Au lieu de cela, elle a fait de sa révolte une arme très efficace, grâce à son expertise et à son talent.» 

La négociation dans le sang
Après ses études de droit, elle a rejoint Unia Neuchâtel en 2009 en tant que secrétaire industrielle. Au sein de l’organisation, elle ne s'est jamais sentie défavorisée en tant que femme et immigrée. Plus tard, en tant que secrétaire du secteur de la construction, le fait qu'elle soit originaire de la province espagnole de Galice, où presque tout le monde parle portugais, comme beaucoup de travailleurs du bâtiment, l'a aidée. 

Depuis 2021, elle dirige la région Neuchâtel d'Unia en tant que secrétaire régionale. Le président Weber déclare: «Elle est passionnée, mais ne perd pas de vue l'ensemble. Et elle se concentre toujours sur l'essentiel.» Si nécessaire, elle met les bouchées doubles. «Elle a la négociation dans le sang!» En même temps, elle a une capacité impressionnante à écouter et fait preuve de beaucoup de compassion pour la situation des travailleurs et travailleuses. Suzanne Zaslawski, horlogère, la qualifie de «chef d'orchestre». Lorsque la situation est devenue quelque peu tendue pour Zaslawski dans l'entreprise après la grève des femmes de 2023, elle savait que «Silvia ne nous laisserait pas tomber. Elle nous encourage. Je lui fais confiance.» 

Ses moments forts
Les grèves dans le secteur de la construction sont toujours des moments particulièrement forts pour Locatelli. Parce que les gens sont remplis de fierté «de défendre leur cause.» Elle se souvient également de 2014, lorsque Neuchâtel a été le premier canton à introduire le salaire minimum (qui n'est ensuite entré en vigueur qu'en 2017). Les situations sont plus délicates lorsque, à cause d’une communication maladroite sur le terrain on perd la confiance des gens. «Reconstruire cette confiance peut prendre des années.»

Et qu'entend-elle, elle qui est proche des gens? «Beaucoup ressentent une insécurité réelle et matérielle. Cela attise la peur. Cette peur rend à son tour notre travail syndical plus difficile. Et rend beaucoup de gens plus réceptifs aux solutions simplistes à la manière de l'UDC.» Pour elle, il est donc clair que les syndicats doivent défendre systématiquement les intérêts des travailleurs et travailleuses. «Je suis absolument convaincue que nous avons besoin d'un changement social fondamental. Et ce changement viendra des syndicats.»

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