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Des bateaux suisses vont mettre le cap sur Gaza

Conférence de presse de l'association WOFA
© Olivier Vogelsang

A Genève, ce 12 août, devant la presse, Shady Ammane, Samuel Crettenand et Hicham El Ghaoui, de l'association suisse Waves of Freedom, ont parlé de la participation suisse à la flottille humanitaire internationale qui part pour Gaza le 31 août.

L’association Waves of Freedom participe à la nouvelle flottille humanitaire internationale qui part fin août pour l’enclave palestinienne ravagée par la guerre et la famine. Volontaires recherchés.

On se souvient des images des forces israéliennes arraisonnant sans ménagement, début juin, le voilier transportant Greta Thunberg, la députée française Rima Hassan et d’autres activistes cherchant à rallier Gaza. Quelques jours plus tard, la Marche mondiale pour Gaza n’a pas eu plus de succès, empêchée par les autorités égyptiennes d’atteindre son but. Mais tout cela n’a pas découragé les velléités de briser le blocus humanitaire qui étouffe l’enclave palestinienne, où sévit la famine.

Une nouvelle flottille humanitaire internationale, bien plus nombreuse – la Global Sumud Flotilla – s’apprête en effet à lever l’ancre le 31 août de Barcelone, et le 4 septembre de Tunis. Des bateaux battant pavillon suisse en feront partie. L’association Waves of Freedom (WOFA), créée récemment, a levé des fonds pour acheter des voiliers et des bateaux à moteur, et est en train de recruter des volontaires. Son but: acheminer du lait en poudre, dont manquent cruellement les bébés gazaouis, ainsi que des filtres à eau (pour ne pas mélanger le lait avec une eau contaminée). 

Objectif: affréter cinq bateaux
«On ne peut plus rester silencieux et assister à l’horreur sans rien faire», a lancé Shady Ammane, co-fondateur et coordinateur suisse de WOFA, lors d’une conférence de presse à Genève, ce 12 août. «C’est peut-être la première fois dans l’histoire de l’humanité, que des gens meurent de faim alors que des tonnes de nourriture et d’aide médicale se trouvent bloquées à quelques kilomètres de là», ajoute le docteur Hicham El Ghaoui, co-fondateur et président de WOFA. «Ce n’est pas que pour Gaza que nous faisons cela, mais aussi pour nos propres enfants. Je ne veux pas que mes filles grandissent dans un monde où il n’y a plus de justice internationale.» Ce médecin urgentiste à Verbier n’embarquera toutefois pas lui-même sur la flottille: «J’ai été mis sur liste noire par les autorités israéliennes après avoir témoigné de ce que j’ai vu à Gaza, lors d’une mission humanitaire à laquelle j’ai participé.»

Grâce, entre autres, à un don privé de 200 000 francs, WOFA a déjà acquis trois bateaux – dont l’un est baptisé «Heidi» et un autre «Guillaume Tell» – et espère pouvoir en acheter encore deux. Chacun pourra embarquer entre 10 et 15 personnes, et de 1 à 1,5 tonnes de matériel. «Ce n’est pas grand-chose par rapport aux besoins de la population palestinienne, admet Hicham El Ghaoui, mais on veut avant tout briser le blocus. Toute l’aide nécessaire est déjà sur place.»

Le militant pacifiste neuchâtelois Samuel Crettenand, qui était l’un des principaux coordinateurs de la Marche mondiale pour Gaza, souligne l’importance du lait en poudre pour les nourrissons de Gaza: «Sans cela, ils sont condamnés à mort. La famine est telle que les femmes n’ont plus assez de graisse pour les allaiter.» Shady Ammane s’indigne: «Personne ne peut dire qu’un nourrisson n’est pas innocent. Ce qu’il se passe à Gaza est absolument inhumain!» 

La force du nombre
Les bateaux suisses vont se joindre à toute une flottille venue de plus de quarante pays. La Global Sumud Flotilla compte sur le nombre pour parvenir à ses fins et ne pas subir le même sort que le voilier parti en juin. «Des centaines de bateaux vont se diriger vers Gaza, se réjouit Shady Ammane. Nous serons deux ou trois fois plus nombreux que la flotte de l’armée israélienne. Et si on nous empêche malgré cela d’arriver à Gaza, nous ferons tout pour récupérer nos bateaux et leur cargaison, et faire en sorte que celle-ci parvienne à destination par un autre moyen.»

L’activiste climatique Greta Thunberg sera de nouveau du voyage. Dans les médias, elle a assuré que l’actrice américaine Susan Sarandon en serait également, ainsi que l’acteur suédois Gustaf Skarsgård et son confrère irlandais Liam Cunningham. Du côté suisse, WOFA cherche aussi le soutien de personnalités politiques, de sportifs ou d’artistes, invités à devenir les ambassadeurs de la flottille suisse. Et tout en demandant à la Confédération de protéger les participants à la flottille, car ils ne feront qu’appliquer le droit international, l’association n’hésite pas à étriller nos autorités: «Le gouvernement suisse a brillé par son silence depuis deux ans, dénonce Hicham El GhaouiMais la neutralité n’est pas possible face à un génocide. Rester neutre, c’est être complice, ou lâche!»

Les membres de WOFA en sont conscients, la mission est risquée. Mais rien n’est laissé au hasard. Il y aura un médecin sur chaque bateau, un service juridique est prêt à défendre les participants s’ils se font arrêter, et une hotline de soutien psychologique est même mise en place. «Nous avons été formés sur la manière de réagir en cas d’intervention des commandos, confie Shady Ammane. Il faut savoir comment nous protéger les uns les autres.»

Candidats passés au crible
Les participants sont triés sur le volet. «Nous voulons des gens extrêmement stables, on ne recherche pas des héros désireux d’affronter les forces israéliennes, ce qui mettrait tout le monde en danger. Notre seul but, c’est d’atteindre Gaza», précise Shady Ammane. Les volontaires doivent montrer patte blanche, en enregistrant leur carte d’identité sur le site de WOFA. Puis, leurs réseaux sociaux sont passés au crible. «C’est une démarche pacifiste, apolitique et non-violente, insiste Samuel Crettenand. Nous ne tolérons aucun message raciste ou antisémite.»

Sur 600 volontaires suisses qui se sont manifestés dans un premier temps, 267 se sont enregistrés en vue de passer un entretien personnel. Mais dans le monde, ils sont bien plus nombreux: «Près de 18 000 personnes se sont enregistrées, se félicite Samuel Crettenand. Les gouvernements sont démissionnaires, mais leurs citoyens sont debout.» Pour Shady Ammane, il s’agit de la plus importante action jamais organisée historiquement par la société civile. Actuellement, WOFA recherche particulièrement des équipages pour piloter les bateaux, ainsi que des médecins. «Mais on peut aussi nous soutenir sans monter sur les bateaux, en faisant un don à l’association et en relayant notre action autour de soi et sur les réseaux sociaux.»

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