Tous acteurs de demain
Du champ à l’assiette, environ un tiers d’aliments comestibles est perdu ou gaspillé. 330 kilos par habitant et par an sont gâchés! Un problème empoigné par Berne qui a annoncé, la semaine passée, le lancement d’un plan d’action visant à lutter contre la perte de denrées. Et impliquant le concours des entreprises et des pouvoirs publics pour réduire ces montagnes de faux déchets. Alors que les ménages doivent aussi faire clairement leur part. Les secteurs de la restauration, de la distribution, de l’industrie de transformation, de l’agriculture sont appelés par exemple à améliorer la durée de conservation de certains produits, à offrir davantage d’invendus aux associations caritatives, à optimiser les emballages ou encore à mieux planifier les cultures. La Confédération, les cantons et communes doivent de leur côté soutenir la portée des initiatives de l’économie. Mais rien à ce stade de contraignant. Le gouvernement mise d’abord sur des mesures volontaires, au risque de perdre du temps. Et non sans préciser dans la foulée l’impact du système alimentaire sur l’environnement: il représente 28% de l’empreinte totale de la Suisse, dont un quart provient de pertes de denrées évitables. Une honte dans le contexte de crise climatique rappelée la semaine passée à notre bon souvenir avec la publication du dernier volet du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Et cela alors que la guerre en Ukraine vient encore ternir le tableau, amplifiant les problèmes d’approvisionnement dans le monde. Et rebattant dangereusement les cartes d’une transition énergétique pourtant impérative.
Une nouvelle fois, les scientifiques ont souligné l’urgence d’agir. Selon leurs dires, il nous reste trois petites années pour entamer une réduction des gaz à effet de serre. A défaut, l’objectif de limiter la hausse des températures à 1,5 °C, comme prévu dans l’Accord de Paris de 2015, ne pourra être atteint. L’infernal emballement gagnera rapidement les 3 °C et plus. Avec, à la clé, un cortège annoncé de drames qui se traduiront par une multiplication d’événements extrêmes entre incendies, sècheresses, tempêtes, inondations, etc., secouant déjà épisodiquement le Terre. L’heure n’est plus aux tergiversations. Aux promesses creuses. Au greenwashing qui ne trompe personne. Aux mauvaises excuses. Aux faux-fuyants. Mais à la mise en œuvre de solutions connues. Au recours à des moyens existants. Le GIEC les présente d’ailleurs comme la bonne nouvelle dans sa publication. Le développement du solaire et de l’éolien, l’assainissement énergétique des bâtiments, l’usage élargi des transports publics et des véhicules électriques, la limitation de la consommation de viande – non pas un sacrifice, un geste santé aussi – sont autant de leviers à notre portée pour limiter le réchauffement climatique. Tous les acteurs sont appelés à s’emparer de la thématique. Les politiques bien évidemment, la finance qui, par ses investissements coupables, jouent un rôle majeur dans la poursuite du recours aux énergies fossiles, l’économie, figée sur la notion d’une augmentation des profits à tout prix, mais aussi, clairement, l’ensemble des citoyens. Chacun est invité à tendre vers davantage de sobriété. A faire sienne la formule «moins de biens, plus de liens». A limiter sa consommation et à lutter contre le gaspillage. Bref, à devenir réellement un protagoniste de lendemains qui chanteront... ou non. La société pourrait déjà franchir un premier pas en privilégiant la réduction du temps de travail comme le réclamait samedi passé la Grève pour l’avenir. Un projet propre à restreindre la pollution, à favoriser l’emploi pour tous, et contribuant à freiner une croissance aveugle qui ne rime pas avec bien-être...