Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Tomber de rideau sur une partie du procès contre Eternit

Procès Eternit.
© Claudio Carrer

La décision des juges de la Cour de cassation est une surprise amère pour l’Association des familles et des victimes de l’amiante...

Pour la deuxième fois, la Haute Cour italienne annule la condamnation de Stephan Schmidheiny par les juges d'appel de Turin pour une des victimes de l'usine de Cavagnolo. Un nouveau procès devrait avoir lieu, mais dans un mois, le délit sera prescrit.

Le procès Eternit bis concernant l'usine de Cavagnolo (Turin), dans lequel le magnat suisse Stephan Schmidheiny a été condamné à un an et huit mois de prison pour homicide involontaire d'un ancien ouvrier, n'en finit pas. La condamnation prononcée par la Cour d'appel de Turin en décembre dernier a été étonnamment annulée par la Cour suprême, pour la deuxième fois. «Annulation avec renvoi», c’est la décision prise vendredi 21 mars par les juges de la Cour de cassation. Ce qui signifie formellement la réouverture du procès devant une nouvelle cour d'appel. D’un point de vue pratique, cette décision de justice clôt l'affaire, étant donné que le délit sera prescrit le mois prochain.

Exposé à l’amiante durant 27 ans
Ainsi, Stephan Schmidheiny échappera à toute condamnation pour la mort, en 2008, de Giulio Testore, ancien employé de Saca Eternit à Cavagnolo, usine dont le Suisse avait contrôle de 1976 jusqu'à sa fermeture en 1982. La victime avait été exposée à l'amiante pendant environ 27 ans et avait contractée une forme grave d'asbestose, maladie provoquée par les fibres mortelles respirées dans l'usine. Un fait incontestable, mais que la justice (au-delà des motivations de la Cour de cassation, qui prendra quelques semaines) considère insuffisant pour justifier une condamnation de l'ancien patron d'Eternit, qui, dans ce procès, en appel, avait déjà vu sa peine réduite de 4 ans à 1 an et 8 mois. En première instance, il avait en effet été jugé responsable du décès en 2012 de Rita Rondano, une citoyenne tuée par un mésothéliome pleural (le cancer typique de l'amiante) qui avait subi une double exposition à la fibre tueuse: à la fois environnementale, car elle vivait à moins d'un kilomètre de l'usine, et professionnelle, car elle travaillait comme agricultrice dans des champs contaminés par l'amiante d'Eternit. Mais les juges de la Cour d'appel ont par la suite acquitté l'accusé dans cette affaire.

Près de 400 victimes
Avec la nouvelle annulation décidée par la Cour de cassation, le rideau tombe définitivement sur l'affaire Cavagnolo, mais de nombreuses questions se posent également sur l'issue de la branche la plus importante de l'affaire Eternit bis. Celui des 392 morts d'un mésothéliome, victimes de l'usine de Casale Monferrato (Alexandrie), dans lequel, en première instance, Schmidheiny a été condamné par la Cour d'assises de Novara à 12 ans de prison pour homicide involontaire multiple et aggravé et dont le procès devant la Cour d'appel de Turin est sur le point de s'achever. Le verdict est attendu pour le 17 avril.

Surprise amère
La décision des juges de la Cour de cassation inquiète inévitablement les représentants des victimes de cette importante procédure: «C'est incroyable! Nous sommes amèrement surpris», commente Bruno Pesce de l'Association des familles et des victimes de l'amiante de Casale Monferrato (AFEVA). «Encore un report qui fera tomber le couperet de la prescription, même pour cette victime d'Eternit. L'asbestose est synonyme d'exposition massive à l'amiante, qui, plus elle est prolongée, plus elle accélère l'apparition et l'aggravation de la maladie. C'est ce que démontrent les études et la réalité dans le monde entier», rappelle Bruno Pesce. «Il devrait donc être évident que la période de travail gérée par Schmidheiny a contribué, avec la précédente en Belgique, à déterminer et à aggraver mortellement l'asbestose pour le pauvre Testore. Nous sommes très attristés. Nous n'arrivons vraiment pas à comprendre».

Pour aller plus loin

Amiante: le Tessin sous tension

Dans les ateliers CFF de Bellinzone, lors de la grève historique de 33 jours en 2008 pour sauver les Officine.

Des décès d’anciens travailleurs des ateliers CFF de Bellinzone, le travail sans protection suffisante, et l’attitude de la Suva ont remis les dangers de la substance sur le devant de la scène

«Mêmes patients, même travail, même salaire!»

Manifestation du personnel du secteur paramédical à Lausanne le 5 novembre 2019.

Le personnel du secteur parapublic vaudois de la santé exige une revalorisation salariale et lance un préavis de grève pour le 5 décembre

Très peu de cantons ont joué le jeu

Une auxiliaire de vie aide une dame âgée à se lever.

Face à l’échec de la stratégie fédérale dans la protection des employées actives dans les ménages privés, Unia demande, une nouvelle fois, l’application de la Loi sur le travail

Les mêmes règles pour tous!

Une motion impulsée par Unia a été déposée pour exiger de l’Etat genevois qu’il fasse respecter les mécanismes salariaux dans les EMS